Accueil
Le quotidien du droit en ligne
-A+A
Article

Affaire Bettencourt : le juge, les journalistes et la relaxe

Le 23 mars, la cour d’appel de Bordeaux a confirmé la relaxe de l’ancienne juge de Nanterre, Isabelle Prévost-Desprez, jugée pour violation du secret de l’instruction dans l’affaire Bettencourt

par Marine Babonneaule 5 avril 2017

Dernier soubresaut de l’affaire Bettencourt. Et plongée dans les relations réelles et fantasmées entre presse, justice et politique. Le 9 septembre 2010, l’avocat de Liliane Bettencourt Georges Kiejman dépose une plainte pour violation du secret professionnel. Dans son viseur : le juge Isabelle Prévost-Desprez, dont il est sûr qu’elle a non seulement transmis à des journalistes du Monde la date d’une perquisition au domicile de la milliardaire mais également des extraits de procès-verbaux d’auditions, étant en charge d’une partie du dossier. L’avocat « s’étonne », notamment, « que ces journalistes aient été en mesure de rédiger un article rendant compte d’une perquisition en train de se dérouler et de faire état d’une audition […] recueillie, la veille, par des enquêteurs saisis par Mme Prévost-Desprez ». Georges Kiejman est d’autant plus sûr de son fait que le juge et Jacques Follorou du Monde ont commis un livre ensemble, intitulé « Un juge à abattre », publié en mai 2010. Pour lui, la magistrate n’a qu’une obsession, la mise en cause de Nicolas Sarkozy, et tous les moyens sont bons pour y parvenir. 

Le 26 octobre, une information judiciaire contre X est ouverte. L’enquête ne barguigne pas. Enquêteur et greffiers sont entendus. Une perquisition est menée chez Isabelle Prévost-Desprez, ses comptes bancaires épluchés. Ses téléphones professionnels et personnels sont scrutés. Et là… « Les recherches menées sur la ligne téléphonique personnelle de la magistrate mettaient en évidence, à l’époque des faits, de très nombreux contacts avec des journalistes ». C’est peu dire. Entre juillet et septembre 2010, pas moins de 120 appels et SMS échangés entre Isabelle Prévost-Desprez et des journalistes du Monde, Libération, Le Parisien, l’AFP, L’Express, Paris Match, TF1, Marianne, Europe 1, Elle, etc. Un expert fouille également un ancien téléphone « pour en extraire les données » en tapant des mots-clés. « Perquisition », « Claire Thiboult » [la comptable de Mme Bettencourt, entendue, ndlr], « Le Monde ». La retranscription exhaustive des mails et des SMS de la magistrate est consignée dans un document de 1 000 pages, précise l’arrêt. Il en ressort surtout un échange de SMS avec le président de l’USM de l’époque, Christophe Régnard, au cours duquel elle se plaint de l’attitude du parquet de Nanterre – alors dirigé par Philippe Courroye avec qui les relations sont exécrables – qui refuse de lui transmettre les enregistrements clandestins réalisés au domicile de Liliane Bettencourt. À nouveau, elle contacte Régnard, elle a besoin d’aide, de soutien. Elle sait que Le Canard enchaîné va...

Il vous reste 75% à lire.

Vous êtes abonné(e) ou disposez de codes d'accès :