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Le directeur de l’École nationale de la magistrature répond vertement à Me Dupond-Moretti

par Marine Babonneaule 13 septembre 2017

Olivier Leurent n’a de toute évidence pas apprécié certains propos de l’avocat Éric Dupond-Moretti, lors de l’émission « Le monde en face », diffusé le 6 septembre dernier sur France 5. L’avocat, qui aime défier les juges, a proposé – comme il l’a déjà fait maintes fois – la suppression de l’École nationale de la magistrature (ENM).

Dans une longue lettre en date du 12 septembre, adressée à l’avocat et publiée sur le site de l’école, Olivier Leurent écrit notamment : « Vous estimez que seul un avocat ayant au moins dix années d’exercice pourrait devenir un bon magistrat car le sens de l’humain ne s’apprendrait pas dans une école et que la France est le seul pays au monde à avoir recours à une école telle que l’ENM pour former les juges et les procureurs. Je vous sais trop attaché au principe du contradictoire et à la recherche pour vous contenter d’un jugement aussi expéditif, aussi peu motivé et fondé sur une méconnaissance manifestement totale de la pédagogie mise en œuvre à l’ENM ».

Cette « mise en cause » est, selon le magistrat, « indigne de l’idéal de justice que nous partageons ». Si des « comportements individuels défaillants » sont possibles dans toutes les professions, il « faut les dénoncer fermement ». Mais, tacle Olivier Leurent, « a-t-on déjà proposé la suppression des centres de formation des avocats au prétexte que certains d’entre eux auraient un comportement contraire aux principes régissant votre profession ? A-t-on déjà proposé d’interdire l’exercice de la profession d’avocat aux jeunes étudiants tout juste sortis de l’université au prétexte que le sens de l’humain ne s’apprend pas ou alors doit-on en déduire que défendre n’exige aucune qualité humaine ? ».

Les propos de l’avocat « attisent encore des tensions » entre les deux professions dont les relations ne sont pas forcément toujours très bonnes. Des tensions qui « préjudicient toujours aux justiciables et finalement la qualité de la justice », déplore Olivier Leurent qui invite Éric Dupond-Moretti à débattre de tout cela à Bordeaux afin de « confronter » des « préjugés qui me paraissent caricaturaux ». C’est dit. En attente d’une réponse.