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Ivan Jablonka, Laëtitia ou la fin des hommes

L’écrivain et historien Ivan Jablonka étudie, dans un brillant essai, le terrible assassinat de Laëtitia Perrais en janvier 2011.

par Thibault de Ravel d’Esclaponle 20 septembre 2016

Explorant les liens entre histoire, actualité et sciences sociales, l’auteur s’intéresse au déroulement de l’enquête, au traitement médiatique exceptionnel dont elle a fait l’objet et aux conséquences politiques s’ensuivant. Surtout, il brosse un portrait poignant de la jeune victime, dont le parcours de vie fut très difficile.

En prenant pour objet d’étude l’assassinat de la jeune Laëtitia Perrais, dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, l’écrivain et historien Ivan Jablonka n’a pas choisi un champ de recherche facile. Exceptionnel dans l’effroi qu’il suscite, dans les moyens policiers mis en œuvre et dans les conséquences politiques qu’il a générées, l’événement n’est pas simple à approcher. Il faut se défaire des a priori politiques, il faut se départir de la surface médiatique et, à cette fin, la méthode retenue par le chercheur est excellente. Elle est puissante et donne à réfléchir. Longtemps après la lecture de l’ouvrage d’Ivan Jablonka, le souvenir de la jeune Laëtitia plane encore.

Le projet historique et mémoriel de l’écrivain, pour reprendre ses propres mots, est simple. D’emblée, il le précise : « je voudrais montrer qu’un fait divers peut être analysé comme un objet d’histoire. Un fait divers n’est jamais un simple “fait”, et il n’a rien de “divers” » (p. 8). Pas seulement dans son ampleur, mais aussi dans ses tenants et ses aboutissants, l’affaire Laëtitia renseigne sur « un certain état de la société », sur sa santé. Elle revêt un...

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