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Jérôme Cahuzac et « la mécanique épouvantable »

Hier, le tribunal correctionnel s’est penché sur les personnalités des prévenus  poursuivis pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale. Ils auraient dissimulé au fisc français des comptes en Suisse, à Singapour et à l’Île de Man.

par Marine Babonneaule 14 septembre 2016

Il faut écouter Jérôme Cahuzac avec attention. Depuis le début du procès, sa manière de s’exprimer tranche avec celle de son ancienne épouse et celle des banquiers suisses. La circonvolution est si parfaite qu’elle en devient presque hypnotisante. Et si l’ancien ministre du budget ajoute dans ce détour oral une révélation, il faut quelques instants pour s’assurer d’avoir bien entendu. Hier après-midi, Jérôme Cahuzac a surpris, une fois de plus et dans un flot de paroles, la chambre des Criées.

Après la révélation par Mediapart, le 4 décembre 2012, de l’existence de son compte caché en Suisse, il dément le jour-même. « C’est ma première erreur », dit-il. Il est ministre, en charge du vote de trois projets de lois « essentiels », il veut « sauver » sa vie et son travail qu’il estime avoir bien fait. « Je voulais contribuer à ma place de toute ma force au redressement économique et financier de mon pays (…) Ce n’est pas un hasard si je travaillais tant ». Et ce travail, « cette tension », « cette volonté » vont l’aider « à tenir » pendant les semaines qui vont suivre. Il parle depuis quelques minutes déjà. Et ajoute : « Mercredi 5 décembre est une journée difficile à raconter. On ne retiendra que cette minute à l’Assemblée nationale où je démens (…) Toute ma vie parlementaire se résume à cela, ma vie tout court se résume à cela (…) Il me faut l’accepter mais c’est très douloureux (…) Ces images tournent en boucle jusqu’à la nausée, j’y vois une forme d’injustice mais je l’accepte. Pourquoi j’ai fait cela ? J’ai cru que je le pouvais mais...

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