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Portrait

Florence Schmidt-Pariset : « La 23e chambre, c’est elle »

par Julien Mucchiellile 29 juillet 2016

Florence Schmidt-Pariset vient de quitter la présidence de la 23e chambre, celle des comparutions immédiates, après quatre ans d’un joug sans pareil. Incarnation du contentieux pénal d’urgence à Paris, la magistrate est autant reconnue pour ses qualités professionnelles, que critiquée, surtout par les avocats, pour son attitude houleuse à l’audience.

Il suffit de pousser la porte, c’est de l’autre côté de la justice. Très loin de la Cour de cassation, en dessous de la chambre de la presse et en face de celle du terrorisme, la 23e chambre correctionnelle veille tard, chaque soir, pour finir de purger la petite délinquance. C’est toujours très animé. Au centre du tribunal, la présidente Florence Schmidt-Pariset, 63 ans, houspille avec une énergie constante un prévenu, Jonathan, interpellé avec un kilo de cannabis à la gare du Nord :

– Vous êtes suffisamment idiot pour sauter le tripode alors que vous transportez une telle quantité ?

– En fait, je ne savais pas ce qu’il y avait dans le sac, et puis quand je m’en suis rendu compte j’ai sauté le tripode exprès pour me faire arrêter.

– Bon ! C’est le tribunal des flagrants délires ici ! Et vous deviez toucher combien ?

– Rien du tout, madame.

– Vous êtes encore plus bête que ce qu’on pouvait imaginer !

Les spectateurs sont étonnés par la liberté de ton. Certains jouissent du sale quart d’heure mérité par ce multirécidiviste (20 condamnations), d’autres ont de la peine pour ce jeune paumé rudoyé par la magistrate. Qu’elle indigne, agace ou ravisse, toujours elle ébranle. Cette voix tonitruante a rythmé quatre ans durant les audiences de l’une des chambres qui condamne le plus de personnes en France. Le 11 juillet dernier, après avoir placé un schizophrène sous contrôle judiciaire, elle a livré son dernier écho dans les enluminures de la chambre des comparutions immédiates. « Il est 22 heures, le tribunal remercie le service d’ordre. » Elle sera remplacée par Isabelle Goanvic.

Dire que Mme Schmidt-Pariset fut une présidente « clivante » est un euphémisme. « Elle est très cash, elle ne mâche pas ses mots. Elle engueule les prévenus, c’est parfois une pré sanction », analyse Me Emmanuelle Hauser-Phélizon, qui dirige le bureau pénal depuis sept ans. Me Christian Peltier, habitué de la 23e et désormais référent, se souvient du témoignage d’un de ses clients : « Mme Schmidt-Pariset était au sommet de sa forme, il en a gardé un souvenir cauchemardesque, il disait "j’ouvrais la bouche je pouvais pas finir une phrase" ». « Est-ce pour les faire réagir ? Elle pouvait donner l’impression qu’elle s’en prenait à chaque prévenu dans le box », relève Me Clémence Cottineau, 4e secrétaire de la Conférence. « Elle était hyper violente avec les prévenus, avait un manque total de retenue », estime quant à elle Me Margot Pugliese, 1re secrétaire. « Elle est très bien Mme Schmidt, elle fait ce qu’il faut », dit aussi un interprète en langue arabe qui vit mal de voir ses compatriotes défiler dans le box.

« Moi, trois fois par semaine, je fais Wagner ! »

Florence Schmidt-Pariset reconnaît : « Il y a sûrement des méthodes différentes, l’erreur est humaine. C’est vrai que quand vous voyez pour la 50e fois les mêmes explications, il peut arriver de s’énerver. » Elle revendique un style franc et direct : « je ne cherche pas à être trop dans le politiquement correct. Je crois que l’audience, c’est un temps un peu fort de prise de conscience par la personne. » Si la justice n’est pas un jeu, la dimension théâtrale lui importe : « Je trouve que l’audience doit être vivante, les gens qui sont dans la salle doivent assister à quelque chose d’intéressant. Des gens me disent "on vient à vos audiences parce que c’est vivant, vous mettez les point sur les « i », vous essayez de faire parler les gens, et puis quelquefois, c’est un peu rigolo, et c’est ce qu’on cherche". C’est la justice à la Daumier » Tenir l’audience trois fois par semaine, de 13h30 à 22 heures ou minuit requiert une certaine vigueur : « Une audience c’est épuisant, encore plus épuisant que le théâtre ! C’est aussi long qu’un opéra de Wagner. Moi, trois fois par semaine, je fais Wagner ! »

Alors, quelle est la « méthode Schmidt-Pariset » ? « J’essaie que l’audience soit un peu un dialogue. Difficile ? Ça dépend des gens. Vous avez le gars qui cherche à vous couper la parole tout le temps donc on lui dit "là monsieur, vous exercez le droit au silence". Il y a ceux qui n’entendent pas. On fait toujours un petit récit avant, parce que si on laisse la personne tout raconter, on ne s’en sort plus. Il faut se focaliser sur l’infraction, sur les faits. La personne jugée peut avoir tendance à partir dans des digressions, il faut à la fois la laisser s’exprimer et conduire les débats, donc canaliser, mettre en évidence les contradictions éventuelles dans ses réponses. »

Chaque matin, la section P12 du parquet (traitement des infractions en temps réel) audience une quinzaine de dossiers dans chacune des deux chambres qui juge des prévenus selon la procédure de la comparution immédiate, les chambres 23/1 et 23/2. Mme Schmidt-Pariset présidait la première les lundi, mercredi et jeudi, Mme Françoise Quilès les mardi et vendredi. Dans l’autre chambre, Brigitte Marchais officie les mêmes jours que Mme Schmidt-Pariset, et Edmond Brunaud les deux autres jours (il vient toutefois de quitter ses fonctions, remplacé par Richard Samas-Santafé). Alors qu’elle participait à la formation Campus sur les comparutions immédiates, organisée par le barreau de Paris, Florence Schmidt-Pariset explique : « On arrive le matin pour prendre connaissance des affaires, on a environ 1h30 pour préparer 15 dossiers. » Mme Marchais souligne une « transformation du contentieux » : « Les dossiers peuvent être de plus en plus lourds, parfois jusqu’à 300 cotes, cela relève de la gageure de les connaître parfaitement. Et nous avons du mal à faire comprendre au parquet que certains dossiers ne devraient pas être jugés en comparution immédiate », déplore-t-elle. Renvoyer le dossier à l’instruction est exceptionnel – cinq fois en quatre ans pour La présidente de la 23/1. Il faut donc assumer la charge de travail immense et chaque jour renouvelée.

« Quand on parle de justice expéditive, cela veut dire également réparation rapide »

Christian Peltier en convient : « C’est l’urgence permanente, impossible de prendre de l’avance. Quand on arrive le matin, on ne connaît pas les dossiers, le soir ils sont terminés. » Alors l’audience doit être parfaitement réglée, chaque dossier ne pas dépasser le temps que son examen mérite : « si on sait qu’il y a un ou deux gros dossiers derrière, on va essayer de garder du temps pour ceux-là. Si le dossier est simple : une fois qu’on a planté le décors, qu’on a rappelé l’infraction et que la personne a dit qu’elle reconnaissait, on passe à la personnalité », explique Florence Schmidt-Pariset. Puis le réquisitoire et la plaidoirie, souvent concis. Cela fait des procès qui ne dépassent parfois pas 20 minutes. « Est-ce que sur certains dossiers, il faut y passer trois heures ? Vol par ruse reconnu, pas de violence, téléphone restitué. » Un contentieux simple et répétitif, une présidente rodée, l’urgente nécessité de les juger tous, ces prévenus qui encombrent le box, ces éléments donnent l’apparence d’une justice « à la chaîne », « d’abattage », où l’efficacité prime sur l’humanité.

Pour Florence Schmidt-Pariset, c’est juste une impression. « Quand je suis arrivée, je me suis dit que la 23e c’est quelque chose de formidable. Les infractions sont toutes récentes, on peut parler à la personne de ce qu’elle a vécu elle-même en tant qu’auteur de cette infraction. Et même si beaucoup de gens critiquent cette justice-là, je pense qu’on peut en faire quelque chose de totalement crédible. Les droits de la défense sont respectés, il y a l’enquête sociale obligatoire, toujours un interprète disponible. On a plus d’éléments que dans les audiences de convocation par officier de police judiciaire (COPJ, ndlr). » Elle évoque comme un avantage cette « espèce d’enchaînement pénal et judiciaire » qui permet de rapprocher dans le temps le moment de la commission de l’infraction et la réponse pénale et sociale. Elle insiste sur l’aspect facultatif de l’immédiateté de la comparution : le délai pour préparer la défense est de droit. « Bon, c’est rare qu’ils le demandent. Mais ils veulent connaître leur sort », pense-t-elle. « C’est tellement proche de l’infraction, que la personne a finalement envie aussi que l’étape suivante se produise. J’ai été devant la police, devant le juge, j’ai envie de savoir ce qu’il va se passer pour moi. Ça fait partie aussi de ce fil de la vie, plutôt que d’avoir une convocation. Là, ils arrivent, téléportés au tribunal » La plupart, utilement renseignés par leur avocat, préfèrent renoncer à ce temps pour éviter d’attendre la prochaine audience en détention. « Mais imaginez que, sur une audience, tous les prévenus demandent le renvoi. Ça paralyserait le système des comparutions immédiates !» Et puis la magistrate pense aux victimes : « Quand on parle de justice expéditive, cela veut dire également réparation rapide. »

Une carrière variée et atypique

Florence Schmidt-Pariset incarne tellement la 23e chambre que l’on peine à croire qu’elle eut d’autres fonctions. Pourtant, sa ou plutôt ses carrières furent riches et variées. Elle commence dans l’éducation nationale, professeur d’anglais agrégé qui enseigne au lycée et en classe préparatoire dans plusieurs établissements de région parisienne. Ce métier la lasse, alors elle reprend ses études : Science Po Paris, puis les concours. L’ENA et l’ENM. Elle échoue au premier, c’est donc au sein de la magistrature que Florence Schmidt-Pariset débute sa nouvelle carrière. Le 1er janvier 1990, la voilà juge d’instance au tribunal de Péronne – depuis liquidé par la réforme de la carte judiciaire. « Comme nous étions en sous-effectif, j’occupais aussi le poste de juge d’instruction. » Deux pour quatre postes. Avec pour seule collègue la présidente du tribunal, Hélène Tapsoba-Château. « Je me souviens de quelqu’un qui savait très bien s’adapter à ce qu’on lui demandait, qui travaillait beaucoup », témoigne la magistrate qui est venue de Douai pour assister au pot de départ de son ancienne collègue.

Le 1er janvier 1991, arrive le « petit méchant juge », future star de l’antiterrorisme qui se voit confier son premier poste – déjà à l’instruction – par Mme Schmidt-Pariset. « J’ai connu Marc Trévidic tout petit », raconte-t-elle, amusée. De 1992 à 1994, elle est juge d’instance à Chartres. Puis elle est affectée à la direction des affaires civiles eu sceau (DACS) à la Chancellerie, avant d’aller au service international où elle s’occupe de commerce électronique et de cybercriminalité. Elle rejoint ensuite le cabinet du Premier ministre Lionel Jospin, qu’elle quitte comme tout le monde le 21 avril 2002. Elle file alors à la Commission européenne, où elle participe à la mise en place du mandat d’arrêt européen. Entre temps, elle passe le concours de l’Office européen de lutte contre la fraude (OLAF). « J’aurais dû devenir fonctionnaire européen, mais j’ai fait une grosse bêtise. » Celle de revenir à Paris, d’officier pendant quatorze mois au tribunal d’instance du 2e arrondissement, avant d’être appelée, en 2006, à l’École nationale de la magistrature, où il lui fut demandé de créer le département des langues. En 2008, la nouvelle direction purge le personnel de l’ENM, et Florence-Schmidt Pariset se retrouve assesseur à la 10e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, la chambre du « service général ». Elle en aurait bien pris la présidence, mais un magistrat mieux placé lui a ravi la place. « On m’a alors proposé la 23e chambre. »

Elle est donc devenue la 23e chambre : « La 23e chambre, c’est elle », assure Christian Peltier. Elle est, pour les jeunes avocats qui n’ont connu personne d’autre à ce poste, l’épouvantail des comparutions immédiates. « Ma première audience de comparution immédiate était avec elle. J’étais avec un confrère plus âgé qui m’a dit, "tu vas voir, c’est un personnage" », raconte Noémie Coutrot-Cieslinski, 3e secrétaire de la Conférence (promotion 2014). L’atmosphère que son attitude insuffle a donné un caractère particulier à ses audiences : « Ça n’a rien à voir avec la 23/2, où il n’y a pas cette électricité. Mme Schmidt-Pariset stimule la défense, elle nous pousse dans nos retranchements. J’y ai vécu mes moments d’audience parmi les plus forts, les plus physiques. En la côtoyant, j’ai vraiment l’impression d’avoir vécu un truc de la vie de palais », poursuit l’avocate qui, comme tous les secrétaires de la Conférence, assurait au moins une permanence par mois pendant l’année de son mandat. Son attitude ? « Elle est dure, je me demande parfois pourquoi elle est comme ça. Et puis je me dis que c’est sa façon à elle de gérer son hôpital de campagne », conclue-t-elle dans une très parlante métaphore.

« Je crois que tout le monde deviendrait fou à faire ça »

Me Cottineau note ce qu’elle considère comme l’apparence d’un manque d’impartialité : « Quand un président fait le rapport des faits, ça doit être neutre. Or avec Florence Schmidt-Pariset, on avait l’impression qu’ils étaient déjà condamnés. » Le spectateur pétri de principes tels que Justice must not only be done it must also be seen to be done, sur l’apparence d’une justice équitablement rendue, pourrait être étonné du style parfois lapidaire en vigueur pendant quatre ans. « Quelques fois, on se disait qu’elle partait du postulat que ce que disait le prévenu était faux. Elle n’apportait pas de crédit à ce que disent les prévenus. Ils sont en position difficile et peuvent très mal vivre que quelqu’un les houspille. » C’est l’effet pervers de la lassitude, de l’agacement qui peut gagner la magistrate devant les atermoiements rébarbatifs des prévenus. « Je peux essayer de comprendre que, quand le 2 juillet elle revoit un prévenu qui a comparu le 15 juin, ça peut énerver », continue Me Cottineau. « Les prévenus trouvent une explication pour chaque preuve qu’on apporte, qui est une coïncidence cocasse. Au bout de quinze dossiers comme ça, trois fois par semaine et après six mois, on en a marre, on a l’impression que tous les prévenus se foutent de sa tronche. Alors qu’ils ne se moquent pas, ils sont en panique totale ! », analyse Christian Peltier. Il ajoute : « Quatre ans, c’est trop long. On ne devrait pas présider une telle chambre aussi longtemps. Moi, je l’ai vu s’abîmer. » Margot Pugliese abonde : « Je crois que tout le monde deviendrait fou à faire ça. Elle n’est pas plus sévère qu’une autre, mais en revanche elle n’a plus du tout de filtre, elle n’est plus capable de combattre ses préjugés. »

« Elle sait écouter, c’est une excellente professionnelle »

S’habituer est un péril dont Florence Schmidt-Pariset a conscience : « Je peux m’énerver un peu, ça a dû arriver dans quelques audiences, c’est vrai. » En revanche, elle assume totalement ses interrogatoires abrupts. « Je ne compte pas les mandats de dépôts en me frottant les mains. Mais il y a quand même des gens à qui il faut faire comprendre que leur acte est grave, qu’on va les écarter de la société, car c’est intolérable ces violences totalement gratuites, totalement préméditées, répétées, notamment en état de récidive. Que ça mérite la prison. Quelqu’un qui a 35 condamnations, qui recommence, qui n’a pas d’adresse, qui est SDF ou étranger : que faire d’autre ? » S’il est parfois difficile pour un avocat de la défense de reconnaître la justice dans une peine de prison ferme infligée en quinze minutes, la plupart ne la trouve pas injuste. Il paraît même qu’on « tape » moins fort en 23/1 qu’en 23/2. « Qu’est-ce qu’on préfère : un président courtois qui plante un couteau dans le dos, ou un président cash mais qui décide d’une peine juste ? », demande Emmanuelle Hauser-Phélizon. C’est peut-être une question de caractère, mais l’avocate apprécie le « langage un peu carré » de la magistrate, et surtout ses qualités professionnelles : « Elle sait écouter, c’est une excellente professionnelle, je pense qu’elle connaît très bien son métier et ne prend pas ses décisions à la légère. » Les jeunes déplorent son attitude ? « Il fallait voir ce que c’était avant. Il y a une quinzaine d’années, on pouvait assister à des scènes étonnantes. Je me souviens d’un délibéré, à 2 heures du matin : 7 minutes pour 7 décisions. »

Florence Schmidt-Pariset n’a pas que des mots durs pour les prévenus. Pour les avocats aussi, qui par moment peuvent essuyer son ton sarcastique : « Chez les avocats, il y a le meilleur et il y a le pire. Quand le prévenu nie l’évidence, il faut que l’avocat arrive à faire comprendre à son client que le tribunal va arriver à une conclusion qui n’est pas la sienne, et insister sur la personnalité. » La plaidoirie de relaxe « contre toute évidence, c’est juste ridicule, à ce moment autant faire des audiences sans avocats. Qu’est-ce qu’on était bien pendant la grève des avocats ! », précisant qu’elle brocarde les défenses « contre-productives » et les spécialistes des « nullités nulles soulevées à 22 heures ». Attention, « je ne veux pas dire que la défense est inutile ! », précise la magistrate.

« Avec des présidents pareils, pourquoi le procureur se fatiguerait ? »

Et l’accusation ? Lorsqu’on sonde le parquet, c’est l’éloge permanent. Florence Schmidt-Pariset ne cache pas avoir eu d’excellents rapports avec P12. Et P12, assurément, regrettera Florence Schmidt-Pariset. Un procureur a cette analyse à propos de sa collègue du siège : « Elle est constante dans le choix des peines, elle connaît parfaitement ses dossiers dans les plus petits détails, très sensible et investie dans son métier qu’elle prend très à cœur. » Son rudoiement chronique des prévenus ? « Elle les fait réagir et les malmène parfois un peu mais principalement pour leur faire comprendre ce qu’ils ont fait. » Et puis, il relativise : « président de comparutions immédiates, c’est un des postes les plus difficiles, il faut travailler dans l’urgence, supporter certains mensonges particulièrement éhontés, la misère sociale, la violence, et même si la lassitude l’a parfois gagnée, je crois qu’elle n’a jamais perdu la foi et toujours cherché a prendre les décisions les plus justes, entre nécessité de la sanction, protection des victimes, et réinsertion des prévenus. » Florence Schmidt-Pariset a des mots comparables pour certains procureurs, mais regrette que certains soient trop passifs : « Le procureur, c’est le garant de l’ordre public, le représentant de la loi et le protecteur des libertés publiques. C’est un rôle complexe et essentiel. Dans une audience, s’il ne joue pas ce rôle, c’est moi qui dois le faire. Et après on va dire que la grand-mère est méchante, mais moi ça m’agace ! » Me Peltier valide ce diagnostic et ajoute : « avec des présidents pareils, pourquoi le procureur se fatiguerait ? C’est rarissime qu’on voit un procureur engueuler un prévenu, alors qu’il serait dans son rôle. Je comprends qu’ils l’aiment bien à P12, elle fait leur boulot ! »

Une deuxième carrière au parquet ? Florence Schmidt-Pariset n’exclue pas d’intégrer la « réserve judiciaire », d’où elle pourrait être appelée sous les drapeaux des tribunaux. Il y a bien une autre option, pour occuper sa retraite. L’autre côté du prétoire, tentation offerte après un délai de cinq ans.

– Moi je suis prête à aller m’inscrire au barreau et à aller plaider aux comparutions immédiates

– Vous le feriez ?

– Oui. Ça m’amuserait.

Florence Pariset

Florence Pariset est magistrate.