Il faut se féliciter de ce que la question de l’enseignement en anglais au sein des universités françaises ait pu enfin être soulevée. Certains y ont vu une manœuvre politique destinée à détourner les yeux de l’ensemble du projet de loi débattu. Il était effectivement prévisible que le particularisme extrême du traitement de la question de la langue dans notre pays, conduisît nombre de nos concitoyens à y voir un chiffon rouge vers lequel se ruer, au risque d’ignorer le reste.
Nous préférons pour notre part y voir un courage hors norme de la part de la ministre de l’éducation, un courage toutefois insuffisant, car les modalités de l’enseignement en anglais telles que proposées sont d’une exceptionnelle modestie. Il eut été bien préférable, quitte à affronter un torrent de critiques, d’en finir une fois pour toute avec notre frilosité coutumière.
A notre sens, comme s’agissant du débat sur l’instauration des facultés de criminologie (Cario, Villerbu, Herzog-Evans, La criminologie à l’Université. Mythes et réalités, L’Harmattan, 2012), il est avant tout ici question de peurs, de postures, d’idéologie détachée du réel et de conservatisme, lesquels maintiennent, comme d’habitude, la France dans une ignorance et un isolationnisme qui conduit ce pays dans la direction exactement opposée de celle qui est l’objectif principal des opposants, c’est-à-dire conserver la prétendue grandeur indiscutable de la France.
Examinons les critiques. La première qui a fusé, sans surprise, tel un réflexe pavlovien, a été que la langue française, cela ne se discute semble-t-il point, étant en danger, il conviendrait de la préserver. En danger ? Face à qui ? Où se trouve le plan concerté pour la détruire ? Où sont les armées ou décideurs diaboliques aiguisant leurs couteaux ? L’aveuglément collectif est ici tel que personne ne voit l’éléphant dans la pièce, c’est-à-dire qu’il y a là une théorie du complot parmi d’autres ni plus ni moins fondée que celles qui pullulent sur internet.
Le lecteur aura compris notre propre point de vue : personne n’a en projet de détruire la langue française ; ce n’est là que fantasme et peur collective irrationnelle. Ce qui se passe en revanche est que la langue française finira immanquablement par devenir une langue comme les autres, une langue parlée par sa population et celles des quelques autres pays francophones. Pour l’heure, elle n’est maintenue sur d’autres continents qu’à coups de perfusion financière et humaine. Pour quelles raisons d’ailleurs la France s’acharne-t-elle à vouloir imposer la présence du français sous d’autres latitudes que la nôtre ? Quelle est cette étrange forme de colonialisme suranné mêlée d’arrogante croyance en sa supériorité ? Quel objectif est poursuivi finalement dans le for intérieur collectif ? Clairement il y a non pas une peur de la disparition de la langue française – nous y reviendrons – laquelle est totalement absurde, mais une désolation passéiste pour la perte de l’hégémonie colonialiste de la France et de sa grandeur auto-proclamée au travers de sa langue.
Ce que nous refusons collectivement de voir est que l’influence se conquiert non pas à force de jérémiades et de regret du passé, mais par le fait de donner réellement à voir la grandeur dont nous nous autorisons à affirmer qu’elle existerait a priori. En clair, la grandeur, l’influence se conquièrent et ne sauraient être définitivement acquises : il faut aller les chercher « avec les dents » et les maintenir dans le temps de la même manière.
C’est là précisément que les défenseurs de la langue française portent une terrible responsabilité. Leur protectionnisme pleurnichard nous isole du reste du monde et contribue précisément à cette perte d’influence qui les attriste tant. Prenons, car ce sont ceux que nous connaissons, les domaines du droit et de la criminologie. Notre refus butté de lire et de parler en anglais nous conduit à déserter, à quelques exceptions près, les conférences internationales, les journaux scientifiques à diffusion authentiquement européenne et mondiale, tout comme les lieux d’élaboration de nouvelles normes (par ex. au Conseil de l’Europe) ou de nouvelles pratiques (par ex. les réseaux travaillant en Europe sur la probation). Tandis que nous nous lamentons, les hollandais et flamands, qui auraient plus de raisons que nous de craindre pour leur langue, sont partout dans lesdites conférences, revues et réseaux car, pragmatiquement, ils acceptent de parler et écrire en anglais – ce qui ne les empêche pas, signalons-le au passage, de souvent savoir s’exprimer et travailler en français et en allemand.
Ce refus nous conduit également à avoir une production scientifique d’une valeur souvent très limitée et qui dont l’intérêt éventuel se réduit en tout état de cause à l’hexagone. Notre opposition de principe envers l’anglais nous conduit à ignorer la littérature internationale et à ne nous citer que nous-mêmes, entre français ou, dans le meilleur des cas, entre francophones. Pourtant, et en particulier en criminologie, l’essentiel de ce qui compte, de ce qui vaut, de ce qui a été démontré, l’a été en langue anglaise. Notre ignorance bornée du reste du monde – qui n’a pas nos états d’âme – nous conduit trop souvent à une production totalement déconnectée de cette masse de connaissance. Comment osons-nous publier sur des sujets déjà abordés ailleurs sans structurer nos travaux en tenant compte de ce que d’autres ont déjà fait ? Comment espérer que, dans ces conditions, nous soyons pris au sérieux ailleurs que sur notre sol ?
La lecture des thèses conduit trop souvent au même constat : absence totale de littérature étrangère citée alors même que cette dernière a déjà traité de manière souvent approfondie du sujet en cause ou mention de quelques rares références anciennes et dépassées. Plus généralement c’est l’ensemble de nos étudiants qui n’a pas accès à cette littérature, faute d’avoir maintenu depuis le lycée un niveau acceptable au moins en lecture de l’anglais. Ce ne sont point les quelques dizaines d’heures d’anglais général qui leur sont dispensées dans nos UFR qui le leur permettront ; elles suffisent à peine à éviter de voir leurs connaissances régresser. J’enseigne la criminologie en Master I et II et je ne sais plus à quel saint me vouer pour faire accéder mes étudiants à l’énorme et remarquable production scientifique produite en mon domaine. Le résultat est que même à ce niveau d’étude (4e et 5e année), ils ne pourront au mieux accéder qu’à ce que je leur en aurai résumé dans les quelques dizaines d’heures de cours qui me sont allouées. L’on objectera que les étudiants français sont trop mauvais en anglais pour suivre des cours dans cette langue ; je rétorque qu’ils sont précisément trop mauvais en anglais faute de cours dans cette langue.
Pendant ce temps Science po. et les écoles de commerce, elles, n’ont pas d’état d’âme et ont les yeux tournés vers le reste du monde. Ils offrent à leurs étudiants ce que nos universités refusent de leur accorder. Ces universités, pour leur part, se contentent de se laisser mourir dans l’isolement, le repliement et le retard scientifique.
Ce que j’évoque ici dépasse donc très largement la question de l’accès d’étudiants étrangers à nos amphithéâtres – même si cette question méritait d’être posée. Beaucoup d’étrangers rêveraient de venir en France, pays associé dans leur esprit à la culture et à l’art de vivre. Ils découvriraient d’ailleurs un attrait peu connu de la France : ses droits d’inscription frisant le ridicule comparé au reste du monde occidental. Un étudiant anglais paye 9000 livres sterling par année, contre 450 euros pour un français. Si nos universités devenaient bilingues et scientifiquement attractives il ne faut pas le moindre doute que nous verrions de très nombreux étudiants anglophones et d’ailleurs du reste de l’Europe, voire du monde, défiler chez nous pour en bénéficier. Pour l’heure, les plus malins vont en Hollande ou Scandinavie. Cependant, il faudrait que notre réputation scientifique nous précède. Les étudiants ne se déterminent point uniquement au regard de l’art de vivre. Ils viennent chercher des diplômes de qualité et entendre des scientifiques connus. Or nos chercheurs – du moins en sciences humaines – ne parviennent quasiment jamais à égaler la réputation de leurs collègues étrangers, faute précisément de se rendre visibles à l’extérieur, faute, une fois de plus, de publications régulières en anglais.
Hélas, l’impact de ce honteux isolationnisme va bien au-delà de l’Université et du monde académique. Il porte aussi sur ce qui est disponible, de manière concrète, dans mon domaine, pour prévenir et combattre le crime et sa récidive. Les travaux scientifiques abondent en ce domaine et l’on a désormais des connaissances très précises en la matière. Faute toutefois, d’être vraiment maîtrisées par nos chercheurs et nos praticiens, ces connaissances sont invisibles pour les pouvoirs publics et, de ce fait, n’éclairent en rien les politiques publiques ou les pratiques professionnelles. Ceci permet aux décideurs de continuer à régir par voie d’idéologie de droite puis de gauche et ainsi de suite, sans jamais être confronté aux résultats. Dans notre domaine, cela conduit aussi à croire que les réformes législatives ont en soi un impact criminologique, comme le montre actuellement la navrante chimère de la peine de probation (Herzog-Evans, « Récidive et surpopulation: pas de baguette magique juridique », AJ pénal mars 2013, p. 136 et « Conférence de consensus: trop de droit; pas assez d’envergure institutionnelle et scientifique », D. 2013, chron. 720 ).
De la même manière, la France est lamentablement absente des nombreux réseaux internationaux où la langue de travail est l’anglais, ces réseaux qui feront l’Europe de demain et qui promeuvent l’échange de bonnes pratiques, la connaissance de l’autre et la collaboration. De la même manière et pour la même raison, nous n’obtenons que rarement des financements européens pour des recherches intra-européennes. Tandis que, tels Astérix, nous restons à bouder sur notre bout de Bretagne, hollandais, anglais, belges, roumains, bulgares, lithuaniens, croates et hongrois sont partout.
Précisément, la seconde critique faite au projet dit « anglais à l’université » doit tout à Astérix et n’a strictement rien à voir avec ledit projet. Qu’à cela ne tienne, ce hors sujet est brandi comme une évidente objection. Elle consiste cette fois à craindre non plus seulement que le français soit menacé parce que les français se mettraient à parler anglais ; elle consiste à affirmer qu’il serait en tant que langue colonisé de l’intérieur par l’anglais. Nous en connaissons tous les manifestations dérisoires et même grotesques consistant à patiemment remplacer chaque mot d’origine anglaise désignant des inventions pourtant anglophones par un mot français inventé pour l’occasion. C’est ainsi que l’on a créé de toutes pièces le mot courriel pour remplacer l’email, un mot, c’est très amusant, qu’en dehors des administrations et par obligation légale, personne n’utilise. C’est que la méthode perd de vue l’essentiel : c’est la population qui fait la langue. Dans d’autres domaines ce remplacement artificiel frise l’injure. Comme lorsque l’on insiste pour utiliser le mot « désistement » au lieu de « desistance », anglais, alors que le français connait pourtant la désistance et que nous avons été durablement absents de ce champ de recherche et venons à peine de le découvrir. Il serait plus élégant et infiniment plus utile de reprendre le mot tel qu’il a été créé par ses fondateurs et développeurs et se mettre au travail pour produire des travaux empiriques sur la désistance.
Au-delà de ces postures artificielles et dérisoires, cette crainte d’être phagocyté par la langue anglaise est historiquement risible. Qu’est-ce donc que l’anglais sinon que de l’angle, des langues saxonnes, du scandinave et surtout, pour une bonne part, du latin et du normand ? En clair nous avons peur d’être colonisés par une langue que nous n’avons point eu d’état d’âme à coloniser nous-mêmes ! L’histoire du mot « barbecue » est à cet égard topique autant qu’hilarante : de la barbe à la queue, en français, devenu barbecue en anglais pour être réexporté vers la France au grand dam des défenseurs de la langue française ! Au demeurant, dans le calme rendu enfin possible du fait de la création de l’Union européenne, nous sommes à l’abri de la batardisation de notre langue par un envahisseur venu d’ailleurs, comme cela nous est pourtant arrivé de nombreuses fois dans notre histoire.
Par ailleurs, vouloir protéger le français contre toute influence étrangère fait totalement fi de la nature même de toute langue : elle évolue et très rapidement.
En outre, quel français faudrait-il protéger ? Celui d’aujourd’hui ? Pourtant, les défenseurs de la langue française sont les mêmes qui se désespèrent sur le mode « tout fout le camp ma brave dame, y a plus d’saison » que plus personne, à les en croire, ne saurait parler ou écrire français. Un peu comme il se répète sans discussion qu’il n’y aurait point eu « autrefois » tant de délinquance et que les familles étaient unies. En d’autres termes, c’est le français glorieux d’il y a cinquante ans qu’ils aspirent à retrouver. En quoi, toutefois, ce français-là serait-il pourtant plus défendable que celui d’il y a cinq cents ans pourtant significativement différent du français d’aujourd’hui ? Où fixer le curseur de ce gel chimérique du français auquel semblent aspirer tant de nos contemporains ? Assurément, si un français exempt de toute invasion étrangère doit être parlé, c’est alors vers les langues gauloises qu’il faut retourner ; ces langues gauloises qui furent batardisées entièrement par le latin. L’ennemi véritable le voilà ! C’est lui qui, de manière systématique et violente nous a en réalité volé notre – nos – langues. Observons au passage l’incroyable hypocrisie qui consiste à s’en prendre à un prétendu envahisseur pacifique qui ne nous fait point la guerre, tandis que nous encensons dans nos cours d’histoires les sanguinaires envahisseurs latins qui, non contents de nous assassiner et mettre sous leur coupe, furent responsables de ce meurtre linguistique. Au travers de ces lignes délibérément provocatrices, l’on mesure le ridicule de cette recherche du gel de la langue à un moment prétendument idéal de son évolution.
La réalité est qu’il s’agit de jalousie envers une langue qui a assuré sa domination par le rayonnement académique, financier et commercial de ses peuples, nous réduisant au rang de langue « normale », un état de fait qui semble nous avoir rendu durablement fous de rage au point, comme le taureau ne voyant que le chiffon rouge, de ne point voir l’essentiel. Il est temps d’arrêter de pleurnicher, d’accepter notre sort et, surtout, de mériter la grandeur qui compte tant pour nous. La grandeur se mérite et se donne à voir ; elle ne se décrète point et ne se gagne certainement point par des pleurnicheries qui n’intéressent hélas personne ailleurs que sur notre sol. Il est grand temps, donc, que nous menions nos étudiants vers un bilinguisme indispensable à une carrière quelle qu’elle soit et au rayonnement de la France, puisqu’il nous obsède tant.
Version anglaise
One can only congratulate the French Minister of Education who had the Gaul to present a Bill which now makes it possible to teach in English part of the classes taught in French Universities. Some commentators alleged this might very well be a shrewd manoeuvre: the Minister of Education was agitating a red rag to the bull in order to render it blind to the other more contentious changes which were also in stock.
I personally prefer to analyse this move as being a sign of considerable courage and backbone – albeit insufficient as the Bill is only making very small steps in the right direction. It was predictable that the Minister of Education would face extreme hostility; knowing this she might as well have made a much more decisive move that would have once and for all put an end to all this nonsense.
The current debate raises very similar issues to the ones which were at the heart of the raging opposition against criminology faculties (Cario, Villerbu, Herzog-Evans, La criminologie à l’Université. Mythes et réalités, L’Harmattan, 2012 ; Herzog-Evans, ‘Who is afraid of criminology ?’, 2012, SSNR n° 2034867; Colson R., ‘Criminologie à la française. French academic exceptionalism’, British Journal of Criminology, 2013, n° 53: 552-567). What is a stake here is a mix of fear, posturing, ideology and conservatism which is totally removed from real life. As is too often the case in France, it isolates this country and leaves it stranded in isolationist ignorance. It paradoxically leads to the very opposite result which the opponents to the Bill would aspire to achieve.
Let us indeed examine their arguments. The first which was unsurprisingly raised was a classic instinctive ‘defence of the French language’. In France, everybody seems to agree that the French language is in immediate danger of disappearing and that every hand should be on deck to try and protect it. In danger really?! Who exactly is supposed to be the aggressor here? Where are the armies of diabolical Illuminati who have vowed to obliterate it? The collective blindness is such that nobody seems to be able to see the elephant in the room: this is yet another conspiracy theory which is just as groundless as what proliferates on the Internet.
By now our reader will have guessed what my view on this is: nobody is plotting to destroy the French language; this is just fantasy and irrational collective fear. What is happening, on the other hand, is that the French language will inevitably become an ordinary language, one that only its population and those of other francophone countries will eventually speak. Currently, it is only artificially maintained on other continents by way of financial and human IV. As a matter of fact, why on earth is France so determined to force-feed its language onto other people? What a strange remnant of outdated colonialism and arrogant belief in its own superiority is that? What is it that this country is deep inside actually trying to achieve? It clearly has nothing to do with an actual threat that the French language would face – and I shall get back to this. What it really is is obsolete despair over the loss of France’s colonial supremacy and its self-proclaimed greatness in particular in terms of language.
What France refuses to see is that influence is something that cannot be obtained by way of whining and regret for what is past, but is something that needs to be conquered. Greatness cannot be dictated; it does not pre-exist and is never permanently acquired. One has to fight tooth and nail for it and it is only sustained with consistent effort.
This is precisely where the ‘defenders of the French language’ bear a terrible responsibility. Their whining protectionism isolates France from the rest of the world and has consistently contributed to the very loss of influence which saddens them so much. Please allow me to refer to my two majors here: law and criminology. In these fields France’s suborn refusal to read and speak English has led it to desert, but for a few exceptions, international conferences, truly international and European scientific journals that really matter. We are also for the most part absent from places where new legal norms are elaborated (e.g. at the Council of Europe) or where innovative practices are created, tested and evaluated (e.g. European networks on probation, offender supervision, domestic violence risk reduction, high risk offenders’ management and so on). Whilst we lament the Dutch and the Flemish who incidentally would have much more convincing reasons to fear for their languages than we do, are absolutely everywhere in the aforementioned conferences, journals and networks and this because they have pragmatically accepted that they had to speak and read in English. Interestingly, many of their academics are also capable of speaking and working in French and German.
Our obstinate snub is also responsible for the rather poor quality of our scientific production, at least in social sciences and law. Most of the time, this production will only have French readers. For indeed we most often than not ignore international literature and only cite French or, in the best of cases, francophone authors. Unfortunately, and in particular in criminology, what counts, what works, what constitutes evidence is and has been published in English. Our stubborn ignorance of what goes on in the rest of the academic and field world – who does not share our useless apprehensions – generates a literature which is sadly totally disconnected from up-to-date evidence and research. How dare we publish in areas where a mass of knowledge and previous studies exist without referring to any of them? And how do we thus expect to be taken seriously?
Alas our PhD thesis are in the same vein. Even though access is not an issue nowadays with intranet library subscriptions and Google scholar, most of our PhD students simply ignore foreign literature even when it has already researched extensively the very issue which they are working on. At best one might find in their list of references a handful of obsolete or unrelated quotes. In fact it is not just our PhD students who are oblivious to the literature. The same applies to most of our students who will typically have lost most of their high school English after a year or two at University. A few dozen hours of general English classes barely sustain this high school level. I teach general criminology and applied criminology to Master I and II students and I must say that I am rather desperate to find ways of making them access the monumental and remarkable production which exists in my field. Unfortunately, these bright fourth and fifth year students will at best access the summary that I shall thus be forced to present to them in the twenty hours which I am allocated for their classes. This is clearly not acceptable: it maintains my students at a level way below what other European students will reach. Some will probably object that French students’ English is too poor for them to be able to attend classes in English. My answer to this is quite simple: it is the other way around; their English is too poor because they do not attend classes in English.
In the meantime, outside of Universities, other training schools such as sciences politiques and commerce and business schools have pragmatically embraced the world as it is: they teach a number of classes in English thereby making available to their students what our universities deny them. It sadly seems that our universities have decided to commit collective suicide by way of festering in isolation, and scientific backwardness.
In other words what is at stake goes way beyond allowing foreign students to sit in our amphitheatres – even if the Minister of Education was right to raise this subject. A lot of foreigners would dream to come and study in France as this country still represents culture and art de vivre. In fact, if they did they would discover a fascinating peculiarity: our students’ fees are bordering on the ludicrous. Whilst an English student pays 9000 pounds per year, a French student pays 450 euros. If French universities became bilingual along with scientifically attractive, there is no doubt in the world that we would see numerous foreign students, including Anglophone students sailing towards our shores. As it is, savvy students go to Holland or Scandinavia. It is important to note that teaching in English would not be sufficient. We would need to build up a reputation. Students do not choose a university solely based on the locals’ art de vivre. They are also attracted to good curricula and scientific reputation. As it is now, our researchers hardly ever build a reputation which can rival with their foreign colleagues’: since they do not regularly publish in English, they remain invisible.
Unfortunately, the impact of this shameful isolationism goes far beyond our universities and the academic world. It impacts on what is available, for instance in my field, to prevent and efficiently deal with crime and reoffending. The literature is out there: by now we do have a fairly good knowledge of what works, what does not and what is promising (see e.g. the latest Craig A., Dixon L. and Gannon T.A., What works in offender rehabilitation. An evidence-based approach to assessment and treatment, Wiley-Blackwell, 2013). Sadly, since French researchers and practitioners are oblivious to it, this body of research and practice is invisible to policy makers and, for this reason, has no impact on policies and professional practices. The sad result is that politicians can go on to make criminal justice decisions which are solely based on ideology and is never evaluated; the only perceivable changes will depend on polls’ results. Therefore, the aforementioned ideology is at times conservative and at times liberal. Equally depressing is the fact that policy makers still believe that they can change criminological outcomes by simply changing the law as the current pitiful chimera of the ‘new’ probation order shows (Herzog-Evans, « Récidive et surpopulation: pas de baguette magique juridique », AJpénal mars 2013: 136-139 et « Conférence de consensus: trop de droit; pas assez d’envergure institutionnelle et scientifique », Recueil Dalloz, 2013, n° 11: 720-723).
In the same vein, France is also for the most part absent from the very international networks which will make tomorrow’s Europe and where best practices and ideas are exchanged and people work in partnership and this simply because English is the working language. For the same reason we hardly apply for – or obtain – European research funding. Whilst, like Asterix, we sulk on our remote Brittany peninsula, the Dutch, English, Belgian, Romanian, Bulgarian, Lithuanians, Croatians and Hungarians are everywhere to be seen.
Precisely, opponents to the ‘English at University’ endeavour raise a second argument, which owes everything to Asterix and nothing to this Bill. And as is too often the case they brandish this off the topic objection as if it was evidence-based. Here, the issue is not so much that French will be threatened if we start speaking English; what these ‘defenders of the French language’ are saying is that the French language is being colonised from within. Annoyingly, we have heard this all before. It goes as far as taking the shape of a grotesque artificial and painstaking creation of new French words with the aim of replacing Anglophone words which were originally invented to designate a new concept or product. An amusing example is the creation of ‘courriel’ intended to replace ‘email’ but which nobody– apart from public services’ who are by law obliged to obey – ever uses. For indeed the creators of these protectionist terms are blind to the obvious: it is only a people who can successfully create words. In other fields, such meticulous replacements borders on the insult. Such is for instance the case, in criminology, when the word ‘desistance’ is stubbornly replaced by ‘désistement’, even though ‘désistance’ does exist in the French language: French academics have been until very recently totally absent from the exceptionally prolific and cutting-edge desistance body of research. As a matter of fact they have just heard of it (through, in particular the special edition of the Journal Ajpénal, which I chaired in July 2010 and the recent edited volume by M. Mohamed, Les sorties de délinquance, La Découverte, 2012). It would be much more elegant and much more productive to use the original word as it was created by the founders of this literature and to start producing empirical desistance studies of our own.
This fear of being eaten up by the English language is a historical joke. What, after all, is English if not a mix of Angle, Saxon, Scandinavian and yes of Latin and Normand? In other words, what the French are actually afraid of is of being colonized by a language that they did not hesitate to colonise themselves in the past. As an example, the history of the word ‘barbecue’ is hilarious. It originally meant, in old French, that an animal was roasted from the beard to the rear (de la barbe au cul). After having crossed the Channel, it was then re-exported to France to the immense annoyance of the ‘defenders of the French language’ inquisitors. Besides, whereas the French language was bastardised on numerous occasions by foreign invasions, this is unlikely to happen now that this country is protected by the European Union’s shield. Moreover, attempting to protect the French language against any foreign influence shows remarkable ignorance as to what is consubstantial to any language: it changes and in fact very rapidly so.
What’s more, one might wonder which French language the aforementioned inquisitors are talking about? Today’s French? Surely not, since they are the very same people who despair in a geriatric ‘nothing is like it used to be and there are no more seasons’ mode that nobody knows how to read or write any longer. We hear similar discourses learnedly stating that ‘yesteryear there was little crime and families were united’. In other words, it is not today’s French but a so-called glorious fifty years in the past French that they aspire to get back to. One might ask however why would this French be more defendable than 500 years’ ago French? Where should be the cutting point of this fanciful freeze of the French language that so many of my contemporaries aspire to?
There is no doubt that should we have to speak a French which would be devoid of any foreign influence, then we should get back to the languages spoken by ‘our ancestors the Gaul’! These languages were bastardised by Latin. Latin, here is the real enemy that we should combat! It is Latin which systematically and violently stole our language(s). And here dear reader, let me point to the sheer hypocrisy which consists in being on a pacifistic so-called invader’s case, one that is not at war with us, whereas in our history classes we brainwash our children with a double-standard hypnotic admiration for the blood-thirsty Latin invaders who did not only assassinate and subdue us, but also murdered our languages. I am naturally being cheekily provocative here. My point is to show that this quest for immutable French is flagrantly absurd.
The truth is that this is jealousy laden. We are envious of a language which became dominant thanks to its peoples’ academic, financial and commercial prowess. French, in the meantime, has become a ‘normal’ language, which is precisely what is driving mad a lot of my fellow French citizens who, as is so often the case, do not see the forest for the tree.
It is high time we stopped wailing and accepted our fate. More importantly, this ‘Greatness’ (la Gandeur) which is so important to us must be earned. It cannot be dictated and will definitely not be obtained through sniffles, which nobody outside our shores is interested in. Therefore, it is high time that we lead our students towards bilingualism, which has become indispensable not only for their individual career but also to France’s Grandeur.