« Soyons clairs, nous ne choisissons pas les cabinets d’avocats en fonction d’eux », indique François Gadel. Il admet toutefois que ces classements sont « un bon moyen d’information ». Ils permettent de « suivre les évolutions des cabinets, de conforter nos choix, de connaître l’intervenant spécialisé dans un sujet particulier », liste-t-il. Gilles Kolifrath, directeur juridique d’Axa France, explique travailler généralement avec des cabinets issus « de réseaux bâtis de longue date ». Néanmoins, lorsque le dossier concerne un domaine spécifique dans lequel l’équipe a moins d’expérience, il peut être amené à regarder les classements, ou à solliciter son réseau pour se faire recommander un avocat. « Des directeurs juridiques m’ont confié qu’ils regardaient les classements pour vérifier qu’ils n’oubliaient personne lors de la sélection d’un cabinet sur une opération spéciale et lors de la refonte de leurs panels », ajoute Charlotte Vier, d’Avocom.
Certains cabinets déploient beaucoup d’énergie pour être sur le podium, mais d’autres ne se prêtent pas au jeu et ne délivrent pas les informations nécessaires à leur élaboration. Ce qui amène des organisateurs de classements à mettre en avant des estimations. C’est le cas de Décideurs pour le classement Décideurs 100 (V. infra), lorsque des cabinets refusent de communiquer leur chiffre d’affaires. Le magazine Option Droit & Affaires (ODA), supplément d’Option Finance, lui, écarte les structures ne souhaitant pas collaborer. Ainsi, les entités ayant une pratique reconnue dans la matière concernée mais n’ayant pas répondu à leur enquête sont simplement mentionnées dans un encadré. Certains professionnels du droit vont même jusqu’à boycotter l’initiative. En 2013, l’avocate Marie Dosé a fait un pied de nez au Top 30 des avocats les plus puissants de GQ. « Je n’ai pas choisi ce métier pour être puissante, et j’ai du mal à prendre ce classement avec légèreté (…) Comme tout le monde, j’ai d’abord accepté d’y être. Puis ça m’a soulagée de dire non », témoignait-elle dans l’édition du 17 octobre 2013 de Libération. Contactée par la rédaction, l’avocate n’a pas souhaité revenir sur ce sujet.
De plus, les classements ne s’adressent pas à tous les avocats. Le Top 30 des avocats les plus puissants de GQ ne réunit presque que des pénalistes. Dans d’autres palmarès, il n’est question que de droit de l’entreprise. C’est le cas des classements de Décideurs, ODA, ainsi que des classements français inclus dans les guides des éditeurs Chambers & Partners (Chambers Europe) et Legalease (Legal 500 Paris et Legal 500 Europe/Moyen-Orient/Afrique). Lidija Liegis, ancienne responsable de l’étude française du Chambers Europe, indique que le guide évolue en fonction des demandes des clients. Un jour retrouvera-t-on dans l’étude française des matières telles que le droit de la famille ? Lidija Liegis ne l’exclut pas et remarque que cette matière est présente dans les classements concernant le Royaume-Uni. Mais actuellement, pour la France, les demandes en ce sens ne sont pas assez nombreuses, remarque-t-elle. Et à quand un classement des meilleurs avocats en matière de divorce dans Décideurs ? En plus des aspects...