Le 25 mai dernier, Marie-Claire F…, 74 ans, détenue placée en hôpital psychiatrique depuis le milieu des années 1990, obtenait une grâce présidentielle partielle. La première accordée par Emmanuel Macron depuis son élection à la tête du pays. Avant lui, François Hollande avait accordé sa grâce à plusieurs personnes dont deux cas très emblématiques, celui de Jacqueline Sauvage en décembre 2016 et de Philippe El Shennawy en janvier 2014. La première, condamnée en première instance et en appel à dix ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son mari violent était devenue le symbole des victimes de violences conjugales. À l’issue d’une campagne de presse intense menée par ses deux avocates, l’ancien président de la République lui avait accordé la grâce totale quasiment onze mois après une première grâce partielle qui n’avait pas abouti à sa libération. Ce premier acte lui avait offert la possibilité de présenter une demande de libération conditionnelle immédiate, en levant sa période de sûreté, mais la requête de Jacqueline Sauvage avait été rejetée en première instance et en appel, la chambre de l’application des peines de la cour d’appel de Paris estimant que sa réflexion demeurait « pauvre et limitée », puisque celle-ci n’exprimait pas d’« authentique sentiment de culpabilité ». Le second geste présidentiel avait été très controversé, des voix critiques estimant que François Hollande venait contredire plusieurs décisions de justice alors même que sa bénéficiaire avait devant elle plusieurs recours possibles permettant l’aménagement de sa peine.
Philippe El Shennawy avait, lui, obtenu la grâce partielle à 59 ans, dont trente-huit passés derrière les barreaux, une décision dont il ne se déclarait pas satisfait le jour de sa libération face aux médias, ne s’estimant pas encore libéré par la justice. Condamné en 1977 à perpétuité pour vol à main armée avec prise d’otage, il cumulait ensuite treize condamnations, notamment pour deux évasions et ne devait en principe pas être libéré avant 2032. En 2011, son recours devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour les fouilles systématiques dont il faisait l’objet avait abouti à la condamnation de la France pour « traitements inhumains ou dégradants ». « Détenu particulièrement signalé » (DPS), il était passé de l’isolement pendant dix-neuf ans à l’hôpital psychiatrique pendant six ans et avait été déplacé une quarantaine de fois d’établissements pénitentiaires. L’homme avait entamé plusieurs grèves de la faim depuis deux ans. Diverses personnalités publiques avaient là aussi défendu son cas avant que François Hollande lui accorde cette grâce partielle. « Il se laissait mourir, rappelle Virginie Bianchi, son avocate de l’époque. Il fallait qu’on obtienne quelque chose pour rebondir sur le plan judiciaire. On ne pouvait pas demander de libération conditionnelle avant plusieurs années et il ne pouvait plus supporter l’incarcération ». D’où la demande de grâce.