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Reportage 

Une journée avec… un directeur d’UFR de droit

Plus connu sous le titre historique de « doyen », le directeur d’UFR (unité de formation et de recherche) droit dirige l’administration et la politique de la faculté qu’il représente, au sein d’un organigramme très précis. Une fonction dont l’action dépend beaucoup de la personnalité et de la politique de celui ou de celle qui l’incarne, peut-être davantage encore avec la réforme LRU (libertés et responsabilités des universités) de 2007 qui tend vers plus d’autonomie pour les universités. À la faculté de droit et de science politique de l’université de Versailles Saint-Quentin (UVSQ), l’atypique doyen Thomas Clay, l’un des plus jeunes de France, nous a reçu le temps d’une journée menée au pas de course.

par A. Coignacle 1 janvier 2012

La journée-type

Une organisation protéiforme
« Je ne suis pas tous les jours à l’université, mais je suis omniprésent ». Une habile formule qui résume aussi bien l’esprit de communicant du doyen Thomas Clay que sa pratique de la fonction. Depuis son bureau à la faculté ou à son domicile, pendant ses trajets en voiture entre les multiples sites de l’université, en train, en avion, ou même « dans une chambre d’hôtel » lors de ses déplacements, il exerce son rôle de directeur d’UFR, notamment grâce à un outil de prédilection : l’e-mail. Il en reçoit près de deux cent cinquante par jour sur ses quatre boîtes. « Je ne laisse jamais s’accumuler les choses », prévient-il. Le doyen n’en est pas moins présent physiquement plusieurs fois par semaine au sein de la faculté qu’il dirige. Car il doit signer des documents, participer et voter au conseil d’administration de l’université en tant que membre, s’entretenir avec son équipe administrative sur la gestion de la faculté, recevoir des professeurs et des étudiants, assurer son service statutaire d’enseignement et présider certains événements ponctuels.

Un profil atypique
On l’imagine volontiers calfeutré à l’étage de sa faculté, dans son bureau, au milieu de dossiers, de codes, de notes et d’arrêts, un café froid devant lui, une veste en tweed au dos de sa chaise, peut-être encore au téléphone, débordé, ou en rendez-vous, l’air grave. Celui dont le visage apparaît chaque année sur la plaquette de présentation de la fac, à côté du mot de bienvenue, n’est pas toujours connu des étudiants. Ce n’est sans doute pas le cas de Thomas Clay qui, depuis son élection en tant que vice-doyen en 2002, puis en tant que doyen en 2007, se fait souvent remarquer. Pour ses initiatives audacieuses et parfois contrariantes, ses coups de poing sur la table au conseil d’administration où il est élu, ses interventions en amphithéâtre et en salle de classe où il maintient un lien permanent avec les étudiants, mais aussi pour ses prises de position politiques et médiatiques. Car le doyen de la faculté de droit et de science politique de l’UVSQ mène plusieurs vies de front. Il est engagé aux côtés du parti socialiste et notamment dans l’équipe de campagne présidentielle 2012. Il est l’auteur prolifique d’articles juridiques multilingues et de tribunes politiques dans la presse. Il est enfin conseil, arbitre international et spécialiste de cette discipline qu’il enseigne dans un master qui fait sa fierté. Un profil pour le moins atypique, qu’il défend en ne lésinant pas sur les défis de son mandat.

Une politique ambitieuse

« Ma mission est de faire en sorte qu’en entrant dans cette université, vous alliez plus loin que si vous étiez allés ailleurs ». Un discours élitiste que le doyen déclame avec panache lors de la rentrée solennelle qu’il a réactualisé pour s’« inscrire dans la tradition », invitant chaque année une illustre personnalité, comme Stéphane Hessel en octobre dernier. Thomas Clay souhaite marquer la carrière de ses étudiants par leur passage dans cette faculté comme il souhaite marquer cet établissement de son empreinte. Un pari certes réussi grâce au master arbitrage et commerce international qu’il a créé voilà six ans, aujourd’hui référencé en France et à l’étranger.
En bon stratège, le doyen se sert de ses propres atouts pour atteindre ses ambitions pour la faculté. Il profite ainsi de ses déplacements en tant que conférencier ou arbitre pour conclure des échanges universitaires : Madrid, Sao Paulo, Miami, bientôt Hong-Kong. En tant que membre du conseil d’administration de l’université, il a également obtenu des avancées notables comme la prise en compte du nombre d’étudiants parmi les critères de répartition du budget annuel, sa faculté étant la deuxième plus importante du campus. Depuis quelques années, l’équipe enseignante a donc rajeuni et s’est étoffée. Par ailleurs, Thomas Clay aura développé l’usage des nouvelles technologies dans la faculté, avec la création d’une plateforme e-campus, l’instauration de cours interactifs et la diffusion de documents Power Point, grâce au travail pédagogique de ses vice-doyennes Sandrine Clavel et Emmanuelle Saulnier-Cassia, l’une agrégée en droit privé et l’autre en droit public.

Un cadre très réglementé
Pour autant, certaines initiatives du...

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