Accueil
Le quotidien du droit en ligne
-A+A
Reportage 

Une journée avec… un généalogiste successoral

Ils décryptent l’arbre généalogique d’un défunt en vue d’établir sa succession. Généralement sollicités par les notaires, ils se distinguent des généalogistes familiaux qui n’interviennent pas dans le même cadre mais restent tout aussi connus des services d’archives locales. C’est au sein des Archives généalogiques Andriveau, les premières créées en France, que la rédaction de Dalloz actualité a découvert les ressorts de cette profession, expliquée par l’un des généalogistes du service recherche, Charles-Henri Martin. 

par Anaïs Coignacle 13 juin 2012

La journée-type

Elle se passe souvent à l’extérieur de l’étude car les chercheurs, par définition, enquêtent sur le terrain comme de véritables détectives privés. Ils interrogent les héritiers connus du défunt à l’étude, ou à leur domicile, et commencent leurs recherches généalogiques sur internet, éventuellement dans les archives parisiennes de l’étude, avant d’arpenter les mairies, les archives départementales et les greffes des tribunaux de grande instance dans les villes où le défunt et sa famille auraient pu vivre ou séjourner, en France et même à l’étranger. Ils traquent les fiches d’état civil, les recensements de population, les registres matricules, les déclarations de succession, les dossiers de naturalisation, les pensions militaires et les documents des services fiscaux. Ils procèdent à des enquêtes de voisinage, frappent aux portes, cherchent des pistes en-dehors des circuits balisés et finissent parfois par découvrir, au bout de quelques semaines, mois, voire dans certains cas, plusieurs années d’investigation, des héritiers auxquels ils devront alors tout expliquer, preuves à l’appui.

Une histoire de famille
C’est au détour d’une porte cochère de la rue du Cherche-Midi, à deux pas du grandiose hôtel parisien Le Lutetia, que se cache l’étude Andriveau, ses archives parisiennes uniques du XIXe siècle, ses frises généalogiques à rallonge et ses secrets de familles bien gardés. D’abord installée au 16 bis, cité Trévise, puis au 5, rue Saint-Martin, les associés de l’étude, acquirent le 10 mai 1881 très précisément, l’hôtel particulier Commines de Marsilly. Il demeure aujourd’hui le siège de cette très ancienne structure qui compte désormais cent collaborateurs (juristes et chercheurs) répartis dans les seize succursales établies sur le territoire français. Le métier de généalogiste a été créé dans les années 1830 par le fondateur de l’étude, M. Trannoy, alors clerc de notaire et chargé par son employeur de retrouver la trace des ayants droit inconnus d’un homme qui lui avait confié le soin de répartir son héritage. La dévolution successorale finalement dressée au bout d’une année complète d’enquêtes et de déplacements sur les routes de France, le clerc décida de créer une étude dédiée à la recherche d’héritiers. Les « Archives généalogiques » voient ainsi le jour en 1838, en association avec Gustave Pelletier, l’aïeul des frères et sœurs Matthieu et Cécile Andriveau, aujourd’hui associés de l’étude dont ils représentent la sixième génération.

Au rez-de-chaussée de l’hôtel parisien, à l’emplacement des anciennes écuries, un véritable trésor est conservé dans des centaines de tiroirs verts d’antan, classés par ordre alphabétique : 200 millions de fiches constituées au fil des ans par des « petites mains » de l’étude à partir de l’état civil, des listes électorales ou des déclarations de successions recueillis aux quatre coins de la capitale. Un patrimoine documentaire unique en France et qui pallie presque officiellement l’absence des archives de Paris, détruites lors des événements de la Commune, en 1871 (Trib. de la Seine, 14 déc. 1895). « Avec les migrations provinciales et les personnes qui sont revenues de la première Guerre Mondiale, les dernières fiches de 1920 nous servent toujours », assure M. Lefort, jeune chercheur de l’étude. Elles pourraient néanmoins devenir obsolètes dans les décennies à venir puisque les ascendants/descendants du défunt ne peuvent hériter au-delà du sixième degré (C. civ., art. 731), celui des cousins issus de germain, chaque génération constituant un degré supplémentaire dans l’arbre généalogique.

Les enquêteurs du pôle recherche
Derrière les portes des études de généalogie, s’ouvrent des fenêtres sur le monde et sur la société telle qu’elle existe réellement, entre mutations, migrations, guerres, enfants naturels, familles recomposées, petits et grands secrets de famille. Mandatés par les notaires ou certains héritiers afin d’établir ou confirmer une dévolution successorale en cas d’absence de testament, d’ayants droit connus ou si des héritiers demeurent introuvables, les « chercheurs » généalogistes, découvrent parfois plus de choses qu’ils n’auraient souhaité. Au fil de leurs enquêtes menées à travers les archives des mairies et des greffes de France et de Navarre, parfois complétées par un collègue de province ou un correspondant étranger de l’étude, les chercheurs sont amenés...

Il vous reste 75% à lire.

Vous êtes abonné(e) ou disposez de codes d'accès :