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Au procès de deux femmes ayant propagé en ligne la rumeur sur la transsexualité de Brigitte Macron

La semaine dernière, devant la 17e chambre correctionnelle, se tenait le procès en diffamation d’une « streameuse » de quarante-neuf ans et de la « journaliste autodidacte » qu’elle avait mise en avant pour de prétendues preuves que la première dame était en fait un homme.

par Antoine Bloch, Journalistele 25 juin 2024

À gauche de l’écran : Delphine J. Sous le pseudo « d’Amandine Roy », elle anime une chaîne, au travers de laquelle elle traite « l’actualité via [ses] compétences de médium ». À droite, un avatar sous lequel s’exprime son invitée de ce jour de décembre 2021 : Nathalie R., alias « Natacha Rey », se targue pendant plus de quatre heures et demie d’émission d’avoir mené « une enquête de trois ans » sur la rumeur selon laquelle Brigitte Macron serait une femme transgenre. En substance, elle avance que, sous l’identité de cette dernière, se dissimule en fait son frère, Jean-Michel Trogneux : « iel » serait ainsi, non pas la mère, mais le père de ses trois enfants. On en passe, et des meilleures. Au terme de son « enquête », elle n’a découvert aucun élément concret allant dans ce sens. Pas grave : selon elle, ce n’est pas le signe qu’elle fait fausse route, mais au contraire la preuve incontestable que, de fil en aiguille, cette substitution originelle a conduit la famille Trogneux à contrefaire une bonne douzaine d’actes d’état civil, sur une période couvrant plusieurs décennies : « C’est gravissime », s’indigne-t-elle, « on a menti à un pays entier ! ». Point culminant de ce grand n’importe quoi, le fait que, toujours selon la même, la fausse date de naissance choisie pour la fausse Brigitte se trouve être celle de l’approbation d’une (au demeurant véritable) opération de la CIA : « Comme par hasard… ».

Il faut dire que, sur ce coup-là, celle qui se présente comme une « journaliste enquêtrice indépendante autodidacte non issue des médias mainstream et non formatée par les écoles de journalisme » ne semble pas non plus avoir été particulièrement « formatée » par le bon sens. Par exemple, si une commune lui fait savoir qu’elle ne dispose pas d’un acte de naissance, au lieu de partir du principe qu’elle ne s’adresse probablement pas à la bonne mairie, « l’enquêtrice » saute directement à la conclusion que la personne en question n’a jamais existé. Mais peut-être aussi...

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