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Au procès du « financement libyen » : « Non mais il me demande 10 millions, lui ! Franchement… »

La semaine dernière, la 32e chambre correctionnelle parisienne se penchait sur de nouveaux volets de ce dossier que l’on serait tenté de qualifier de tentaculaire si l’expression n’était pas aussi galvaudée. Au menu : une villa sur la Côte-d’Azur, une femme de ménage panaméenne, une montre suisse, deux cousins saoudiens, et des versions toutes plus bancales les unes que les autres.

par Antoine Bloch, Journalistele 10 mars 2025

En marge des questions qui se posent sur le financement de la campagne présidentielle de 2007, tout un pan de ce dossier à tiroirs concerne les transactions successives entourant une villa à Mougins (Alpes-Maritimes), que le juge-rapporteur prononce d’ailleurs systématiquement « Mouginsse ». Ce volet n’est d’ailleurs pas véritablement immobilier, puisque ce sont les actions – au porteur – d’une société « offshore » qui ont changé de mains. Ce que l’on sait avec certitude, c’est qu’elles ont finalement atterri entre celles d’une filiale du LAP, le fonds souverain libyen : selon l’ordonnance de renvoi (ORTC), celui-ci les aurait acquises contre une somme (10 millions d’euros) plus de cinq fois supérieure à leur valeur réelle (1,8 million), laquelle est naturellement contestée sur les bancs de la défense. Et ce que l’on subodore, c’est qu’un virement – quasiment concomitant – de plus de 5 millions au crédit d’un compte personnel de Béchir Saleh, alors patron du fonds en question, pourrait constituer la rétrocession d’une partie du prix. Ce qui lui vaut un renvoi pour – notamment – détournement de fonds publics, et à d’autres, un salmigondis de préventions : complicité, recel, blanchiment – en bande organisée –, ou encore, après un détour par un autre volet du dossier, corruption d’agent public étranger.

Toujours selon l’ORTC, la villa était en fait, jusqu’à son acquisition par le LAP, la propriété d’Alexandre Djouhri : un sulfureux intermédiaire, qui gravitait dans l’entourage de Nicolas Sarkozy – et d’autres ! –, et qui était, sous sa présidence, un assidu « visiteur du soir » du Faubourg-Saint-Honoré. Mais les montages pour le moins alambiqués – ils impliquent même une structure fondée à son insu par la femme de ménage d’un cabinet d’avocats du fin fond du Panama ! – compliquent la lecture du schéma d’ensemble. Toujours est-il que...

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