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Au tribunal, deux mutins dénoncent les conditions de détention de la centrale de Valence

Vendredi 10 mars, Romain L. et José T., les deux instigateurs de la mutinerie intervenue le 27 novembre à la maison centrale de Valence, comparaissaient devant le tribunal correctionnel, utilisé comme tribune pour dénoncer les conditions de détention dans cet établissement récemment mis en service. Ils ont été condamnés à cinq ans de prison. Ils ont fait appel.

par Julien Mucchiellile 13 mars 2017

L’angle est écrasé, mais l’image assez nette de la caméra de surveillance montre distinctement un homme en train de marteler frénétiquement une caméra avec une casserole. « C’était vous, le plus grand, qui étiez chargé de détruire les caméras », indique la présidente du tribunal de Valence en montrant Romain L. L’huissière rembobine le film de la vidéo surveillance. Romain L. est à la cabine téléphonique, tandis que José T. pénètre dans le bureau de l’unique surveillant du secteur. D’après ce dernier, José T. lui aurait dit : « Donne-moi la clef ou je te plante ! », brandissant un petit couteau artisanal de trois centimètres. Le surveillant n’obtempère pas, José T. insiste, Romain L. s’en mêle et finalement, les clefs sont arrachées au gardien, sans qu’il ne puisse certifier qui l’a fait. Il est reconduit sans violence à la sortie.

Il est 11h40, le 27 novembre 2016 et la maison centrale de Valence (Drôme) essuie sa deuxième mutinerie de l’automne – après celle du 25 septembre, dont les trois meneurs ont été condamnés à trois ans de prison le 6 janvier dernier. Vendredi 10 mars, Romain L. et José T., les deux instigateurs de la mutinerie du 27 novembre, comparaissent sur renvoi de comparution immédiate, pour vol avec violence, dégradation ou détérioration du bien d’autrui par un moyen dangereux, destruction par incendie, le tout en récidive. Ils encourent 20 ans d’emprisonnement.

Ils ont fait cette action en conscience, avec l’objectif d’alerter sur les mauvaises conditions de détention. Non pas matérielles – la maison centrale est flambant neuve –, mais psychologiques et morales. C’est un établissement où l’on « casse », où l’on « brime », alors ces deux détenus ont saccagé leur lieu de vie pour obtenir une tribune là où ils peuvent être entendus : un tribunal.

Pour être certains d’y arriver, ils ont vu les choses en grand. Maîtres de leurs quartiers, les deux détenus ouvrent toutes les cellules et 26 détenus sortent. Certains en furie, cassent, jettent, balancent du matériel depuis les coursives, brûlent. Les 21 caméras de surveillance ont été brisées, seul le début de la scène a pu être filmé. Les Équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) interviennent 45 minutes après et mettent fin aux « exactions », selon le mot du tribunal. « Il règne une atmosphère de chaos, difficilement descriptible, puisque le bâtiment a été dévasté », écrit un enquêteur au lendemain des faits....

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