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Article
Distribution de masques chirurgicaux à l’audience : la défense dénonce une « mise en scène »
Distribution de masques chirurgicaux à l’audience : la défense dénonce une « mise en scène »
Une audience où des magistrats portent des masques chirurgicaux, non, ce n’était pas carnaval, mais une audience de juge des libertés et de la détention au tribunal judiciaire de Paris.
par Pierre-Antoine Souchardle 29 janvier 2020
Les avocats d’Alexander Vinnik, un citoyen russe remis jeudi à la justice française par la Grèce, ont qualifié mardi soir de « mise en scène » la distribution de masques chirurgicaux avant la comparution de leur client devant le juge des libertés et de la détention (JLD) du tribunal judiciaire de Paris. Le public, présent en début d’audience, a quitté la salle une fois prononcée la publicité restreinte des débats.
Alexander Vinnik, citoyen russe de 40 ans, en grève de la faim depuis plusieurs semaines, a été transféré à son arrivée à Paris à l’unité médico-judiciaire de l’Hôtel-Dieu, où il a été mis en examen, notamment pour escroquerie en bande organisée et blanchiment aggravé. Sa défense a ensuite sollicité un débat différé devant le JLD.
Avant que l’audience commence, la greffière a informé les conseils de M. Vinnik de cette distribution de masques chirurgicaux par mesure de précaution. « On n’a aucune information, c’est une mise en scène », dénonce Me Ariane Zimran, l’une de ses avocates.
Plus tôt dans la journée, avec Me Zoe Konstantopolou, elles ont rencontré leur client, transféré à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, et assurent qu’aucun médecin ne leur a fait part d’un éventuel risque de contamination.
Quels risques, quel virus ? Mystère. Mais, en ces temps de psychose liée au coronavirus, il plane une drôle d’ambiance dans la salle.
Entre alors dans le box Alexander Vinnik, un masque sur le visage et gants chirurgicaux aux mains. Idem pour les deux policiers qui l’escortent. L’un, sans doute très prudent, a même enfilé deux paires de gants, mais pas de masque. Le prévenu baisse le sien pour converser, par le truchement d’une interprète, avec ses avocates, qui ont refusé de poser sur leur visage le rectangle en papier blanc.
Le président d’audience, la représentante du ministère public et la greffière en portent un. Tout comme l’interprète et les trois policiers qui assurent la sécurité dans la petite salle d’audience.
Les avocates de M. Vinnik réclament la publicité des débats, au nom de la transparence et de l’intérêt légitime du public à connaître cette affaire. Tout comme le principal intéressé, que la justice française soupçonne d’avoir escroqué une centaine de personnes via le logiciel malveillant Locky, entre 2016 et 2018.
Le ministère public s’y oppose.
Le président tranche. Pour garantir la présomption d’innocence et de la sérénité des débats, l’audience doit se dérouler à publicité restreinte. À l’issue des débats, M. Vinnik a été placé sous mandat de dépôt. Il avait été interpellé en juillet 2017 en Grèce.
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