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Les enseignements du bilan 2021 de la délinquance

Les chiffres 2021 de la délinquance ont récemment été publiés. Ils permettent de faire le point sur plusieurs évolutions récentes : homicides, infractions sexuelles, violences intrafamiliales, forfaitisation de l’usage de stupéfiants, baisse des cambriolages…

par Pierre Januel, Journalistele 8 juillet 2022

Issu du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), le bilan 2021 vient après une année 2020 très atypique du fait du confinement. Les données issues des faits enregistrés par la police et la gendarmerie sont systématiquement complétées par des résultats de l’enquête de victimation Cadre de vie et sécurité (CVS).

Une hausse des homicides à relativiser

En 2021, avec 842 morts, le nombre de victimes d’homicides est en hausse. C’est 55 de plus par rapport à 2020. Toutefois, alors que les statistiques diffusées montraient une augmentation des homicides ces dernières années, le SSMSI tient à la relativiser : les chiffres étaient peu fiables, incluant des victimes non décédées, des victimes animales, des procédures fictives et de simples tentatives. Pour l’avenir, les chiffres ont été fiabilisés.

À noter, le taux d’homicides par habitant est nettement plus élevé dans les régions ultramarines qu’en métropole. Sur la période 2019-2021, il s’élève à 12 homicides pour 100 000 habitants en Guyane, 6 en Martinique, 5 en Guadeloupe et 4 à Mayotte, contre une moyenne nationale 1 homicide pour 100 000 habitants. Parmi les victimes, un peu moins d’un tiers sont des femmes et les classes d’âges les plus touchées sont les 15-44 ans.

Effet Metoo, effet Grenelle

Les violences sexuelles enregistrées par les services de sécurité augmentent très fortement en 2021, avec une hausse de + 33 %, qui concerne autant les viols que les autres agressions sexuelles. 75 800 faits ont été enregistrés en 2021. La tendance observée en 2018 (+ 19 %), 2019 (+ 12 %) et 2020 (+ 3 %) se poursuit : le nombre de faits a doublé depuis 2016.

À noter qu’en 2021, 19 % des victimes ont déposé plainte pour des faits datant de plus de 5 ans, contre 11 % en 2016. La part de plaintes pour des faits anciens atteint même 27 % pour les victimes mineures au moment des faits. Toutefois, ces chiffres continuent à sous-évaluer l’ampleur du problème des violences sexuelles. D’après l’enquête CVS, sur la période 2016-2018, un peu moins d’une victime sur six a déposé plainte.

Cette libération de la parole se retrouve sur les victimes de violences conjugales. Après une quasi-stabilité en 2020, le nombre de victimes de coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus enregistrées par les services de sécurité augmente de nouveau fortement en 2021 (+ 12 %). Une hausse en partie engendrée par le nombre de victimes de violences intrafamiliales enregistrées qui s’accroît fortement, ce qui s’expliquerait « notamment par un effet positif du Grenelle des violences conjugales ». Les femmes sont largement majoritaires parmi les victimes de violences intrafamiliales (84 %).

Les curieux effets de l’AFD sur l’usage de stupéfiants

En 2021, le nombre de mis en cause pour usage de stupéfiants augmente fortement (+  37 %). Les amendes forfaitaires délictuelles (AFD) pour usage de stupéfiants, qui ont été généralisées en septembre 2020, ont « fortement contribué à cette hausse ». Dans 97 % des AFD, le cannabis était en cause, les 3 % restants concernant la cocaïne ou l’ecstasy. Le nombre de mis en cause pour trafic revient, lui, à son niveau de 2019.

La population des 18-25 ans est particulièrement surreprésentée : 66 % des AFD les concernent quand ils ne représentent que 32 % des consommateurs. Dans le même temps, le nombre de mineurs parmi les mis en cause pour usage de stupéfiants diminue de 55 % par rapport à 2016-2019. L’explication est simple : les mineurs ne pouvant faire l’objet d’une AFD, les forces de l’ordre constatent moins de faits.

Moins de vols, plus d’escroqueries

Les vols avec violence enregistrés par la police et la gendarmerie nationales diminuent en 2021, mais de manière moins marquée qu’en 2020. Ils restent fortement concentrés dans les grandes agglomérations : 48 % des vols violents sans arme ont été commis en Île-de-France. Les vols sans violence contre des personnes augmentent (+ 5 %) en 2021, avec 584 000 faits enregistrés, mais cela vient après une très forte baisse en 2020 (- 24 %). De même, le nombre de cambriolages de logements enregistrés reste nettement inférieur au niveau observé avant la crise sanitaire. A contrario, le nombre d’escroqueries se maintient à un niveau nettement supérieur à celui d’avant crise.