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Immigration : « bien intégrer suppose de savoir reconduire »

Sur un ton hésitant dans un hémicycle presque vide, le Premier ministre a manié le « en même temps » dans sa déclaration sur la politique migratoire de la France.

par Jean-Marc Pastorle 9 octobre 2019

Cette déclaration, suivie d’un débat, est un rendez-vous annuel voulu par le président de la République. Organisée cette année le 7 octobre, elle aura été boudée par de nombreux députés, surtout de la majorité. Édouard Philippe a commencé par poser un diagnostic : la France connaît en 2018 une hausse de 22 % de demandes d’asile alors que le nombre de demandes baissait de 10 % dans le reste de l’Europe. Des phénomènes liés aux mouvements migratoires « secondaires », c’est-à-dire l’arrivée de nombreux demandeurs d’asile en France après être passés dans un autre pays européen, et à la part importante, au sein de la demande d’asile, des nationalités correspondant à des pays considérés comme « sûrs », tels la Géorgie et l’Albanie. Dans le même temps, les éloignements ont augmenté de 10 % en 2018, un signe d’efficacité de la récente loi Immigration ? Le Premier ministre veut y croire mais il veut surtout mieux maîtriser les flux parce que, dit-il, « bien intégrer suppose de savoir reconduire ». Sur la mise en place de quotas d’immigration, Édouard Philippe dit d’ailleurs n’avoir « pas peur de réfléchir à l’idée».

La France ne doit être ni plus, ni moins attractive

Le gouvernement veut adapter sa stratégie en matière d’immigration autour de six orientations : concentrer l’aide publique au développement sur les régions qui le justifient le plus ; refonder Schengen en rapprochant les systèmes d’asile nationaux ; sans citer l’aide médicale d’État, le Premier ministre a déclaré que si la France doit à l’évidence soigner tous ceux qui résident sur son territoire, « elle ne doit être, ni plus, ni moins attractive que ses voisins » ; donner plein effet à la loi du 10 septembre 2018 pour parvenir à un délai moyen d’examen de six mois des demandes d’asile ; mieux intégrer par le travail et, enfin, continuer à attirer les talents. Pour les étudiants ou les personnes déjà entrées dans la vie active, il propose de fixer chaque année des objectifs d’attraction de compétences rares et de talents.