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La cour d’appel de Paris a décidé jeudi que Philippe El Shennawy, un ancien braqueur libéré en 2014 après trente-huit ans passés de détention, ne retournerait pas en détention.
par Pierre-Antoine Souchardle 31 mars 2021
La cour d’appel de Paris n’a pas fait droit à la demande du ministère public de révocation totale de la libération conditionnelle de Philippe El Shennawy, aujourd’hui âgé de 66 ans. En janvier 2014, il a bénéficié d’une libération de conditionnelle avec placement sous surveillance électronique pendant dix-huit mois.
À l’époque, il est considéré comme l’un des plus anciens détenus de France, condamné uniquement pour des évasions et braquages, dont celui avec prise d’otages du CIC de la rue de Breteuil, à Paris, en 1975. Il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, sa peine est commuée à vingt ans en 1986. En détention, il a obtenu une maîtrise d’histoire et un CAP de pâtisserie.
Dès sa sortie de prison, M. El Shennawy, est engagé, à 59 ans, dans une société d’événementiel. En septembre 2015, la mesure de surveillance électronique prend fin. Le temps d’épreuve de sa libération conditionnelle court alors jusqu’en janvier 2026, soit quelques mois avant ses 72 ans. Il doit par ailleurs indemniser des parties civiles.
Son travail le conduit parfois à l’étranger. À chaque fois, il doit solliciter une autorisation du juge d’application des peines (JAP). Un déplacement à Londres en 2017 sans accord du JAP lui vaut un rappel sans frais. Rien de bien grave dans le parcours de liberté d’un homme qui a passé les deux tiers de sa vie à l’ombre.
En décembre 2019, à la suite d’un imbroglio administratif, Philippe El Shennawy est mis à la retraite d’office, sans pouvoir bénéficier d’une prise en charge de Pôle emploi pour une formation de pilote de drone, comme cela avait été anticipé. Il se retrouve donc au RSA.
En février 2020, il trouve un emploi à Malaga, en Espagne. Le JAP émet un avis favorable à ce séjour de travail de quelques mois. Mais le confinement met un terme à ce projet. Nouvelle demande au début de l’été, accordée par le JAP. Celui-ci rappelle que M. El Shennawy a « mis en place une indemnisation des parties civiles » et qu’il « respecte ses obligations sans incident particulier ». Mais le parquet fait appel au motif qu’il a déjà bénéficié d’une autorisation de sortie en mars ! L’appel l’oblige donc à rester en France.
Las, il est déjà à Malaga. Il revient cependant en France. Le parquet demande alors la révocation totale de sa libération conditionnelle au visa de l’article 733 du code de procédure pénale.
En octobre dernier, le tribunal d’application des peines le maintient en liberté conditionnelle. « Si la transgression est manifeste, elle constitue un acte isolé, d’une gravité relative. Elle ne constitue pas une infraction pénale », note le jugement.
Le parquet fait alors appel. Lors de l’audience devant la chambre d’application des peines de la cour d’appel en février, M. El Shennawy a reconnu son erreur, disant en payer le prix tous les jours.
Dans sa décision rendue le 25 mars, la cour d’appel a fait sien le raisonnement du tribunal d’application des peines ajoutant que M. El Shennawy « a fait la démonstration qu’il persévérait dans ses efforts de réinsertion sociale, ayant notamment mené avec beaucoup de constance ses projets professionnels dans la voie de la finalisation, qu’il avait compris qu’il n’avait plus droit à l’erreur et qu’il entendait bien que l’incident dont il avait été à l’origine et qui aurait pu lui coûter son aménagement de peine, du moins en partie, demeure la seule et dernière entorse à ses devoirs ».
En février 2021, il a obtenu son diplôme de pilote de drone.
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