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Local commercial et d’habitation : application des règles de décence

La décence locative ne s’applique qu’à la partie habitation d’un bail « mixte » qui est effectivement occupée par le preneur à titre d’habitation principale. 

par Pierre de Platerle 15 juin 2020

Les règles de la décence – et incidemment, les règlements sanitaires départementaux – s’appliquent en premier lieu aux locaux donnés à bail d’habitation. Cependant, s’ils sont effectivement les bénéficiaires directs de l’article 1719, 1°, du code civil, ce privilège ne leur est pas réservé. En effet, les bailleurs de locaux commerciaux constitués d’une partie habitation (baux dits « mixtes ») sont également soumis aux règles de la décence locative.

Les contentieux sont alors fréquents, et l’obligation de délivrance du bail commercial, qui n’est pas d’ordre public, mais qui est appréciée de manière extrêmement restrictive par les juridictions (Aix-en-Provence, pôle 1, ch. 7, 2 mai 2019, n° 18/04027 ; V. aussi, A. Jacquin, Obligation de délivrance du bailleur : que reste-t-il de la liberté contractuelle ?, Gaz. Pal. 20 avr. 2013) existe en parallèle de l’obligation de délivrer un logement décent, norme d’ordre public de direction, soumise au régime de l’obligation de résultat (M. Ghiglino, La délivrance d’un logement décent, AJDI 2019. 761 ; N. Damas, Logement décent et installation de chauffage, AJDI 2014. 873 ; Paris, pôle 4, ch. 3, 22 nov. 2019, n° 17/15221 ; 14 févr. 2019, n° 16/06401). 

L’arrêt rendu le 20 mai dernier par la cour d’appel de Paris rappelle les limites de l’application des règles de la décence au profit des locataires de baux commerciaux « mixtes ». 

S’agissant des faits, un renouvellement de bail commercial comprenant une boutique en rez-de-chaussée et un appartement situé à l’étage a été conclu entre les parties. Les locaux étaient destinés à l’activité de commerce de pharmacie, le bail interdisant initialement toute sous-location. 

Une société vint ensuite aux droits de la locataire personne physique, avant de faire l’objet d’un jugement d’ouverture de liquidation judiciaire, au cours de laquelle le liquidateur fut autorisé à céder le fonds de commerce incluant le droit...

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