À Paris, les toques des avocats resteront sur l’Île de la Cité

Des avocats parisiens, du moins ceux qui ne s’étaient pas jusqu’alors penchés sur la question, ont appris jeudi 29 mars que le nouveau palais de justice, qui entre en service le 16 avril, ne serait pas pourvu de toques dans le vestiaire avocat. Ils l’ont appris via un tweet du compte du barreau de Paris : « Vous devrez continuer à relever votre toque à l’ancien Palais. La place manque dans le nouveau tribunal pour y installer un vestiaire à l’identique », en réponse à un compte tenu par trois avocats parisiens. Sitôt la nouvelle répandue, les sarcasmes ont sifflé, et le barreau a précisé qu’une navette serait mise en place, entre les deux sites judiciaires, pour acheminer le courrier du tribunal de grande instance (TGI) à la cour d’appel.

Le secrétariat général du tribunal apporte quelques explications : « Le barreau de Paris est un barreau de cour, il dépend donc de la cour d’appel, qui demeure sur l’Île de la Cité. Le barreau de Paris s’est battu pour conserver ses locaux dans le palais historique et donc conserver le service de toques », est-il rappelé.

À l’origine, les avocats auraient dû s’installer au 20^e étage du nouveau tribunal. Mais, au cours des négociations, Arélia, le maître d’ouvrage mis en place par Bouygues, demandait une somme trop élevée au barreau, qui a décidé de l’édification d’une nouvelle maison des avocats, sur le parvis du tribunal.

En attendant que celle-ci ouvre, il a bien fallu organiser un espace vestiaires pour les avocats du barreau. Celui-ci sera situé au rez-de-chaussée, à droite après l’entrée. Il fera 230 m² : « Un espace insuffisant pour y installer les toques des 28 000 avocats du barreau », souligne Alexandra Perquin, membre du conseil de l’ordre en charge du déménagement du TGI. Les toques personnelles demeureront donc dans l’ancien palais, où l’espace « toques-vestiaires » jouit d’environ 700 m².

Le nouveau TGI ne sera néanmoins pas dépourvu d’un espace courrier : « Tous les échanges habituels pourront être assurés », assure Alexandra Perquin, qui rappelle que, si le service des toques avait été déménagé, « il n’est pas certain que cela aurait convenu à tout le monde, nombreux étant ceux qui ne font pas de contentieux TGI ». Elle précise : « Nous préparons tout cela depuis longtemps, cela fait un an qu’il y a des réunions d’information ».

Les avocats devront donc continuer à relever les toques personnelles à la cour d’appel, même si un service de navette fera l’aller-retour deux fois par jour. C’est une camionnette (louée ou achetée, le barreau n’a pas encore décidé) qui sera chargée de la besogne, qui fonctionnera comme un service courrier, avec un employé vraisemblablement unique dévolu à la tâche.

Mais très provisoirement, c’est-à-dire jusqu’au 15 juin, l’espace vestiaire sera situé dans deux salles d’audience du tribunal d’instance pas encore prêtes à être utilisée. Car la mise en place du vestiaire, au rez-de-chaussée, tarde et ne sera pas effective à la mise en service du tribunal. « Cet espace servira uniquement pour le vestiaire », est-il précisé sur le site du barreau de Paris. Dans ce grand chambardement, le barreau s’organise et les sarcasmes, sur les réseaux sociaux, persistent.