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Précisions sur la notion de vol avec correspondances

La notion de « vol avec correspondances » doit être comprise comme visant deux ou plusieurs vols qui constituent un ensemble aux fins du droit à indemnisation des passagers prévu par le règlement 261/2004 du 11 février 2004 sur les droits des passagers aériens. Tel est le cas, en particulier, lorsque ces vols ont fait l’objet d’une réservation unique.

Encore un litige lié à une demande d’indemnisation d’un passager aérien sur le fondement du règlement 261/2004 du 11 février 2004 sur les droits des passagers aériens ! L’hypothèse est cependant ici plus complexe qu’à l’accoutumée. Dans l’affaire jugée, il est, en effet, question d’une passagère qui a acheté, par l’intermédiaire d’une agence de voyages, un billet d’avion électronique pour un trajet de Stuttgart (Allemagne) à Kansas City (États-Unis) composé de trois vols. Le premier vol reliant Stuttgart à Zurich (Suisse) était opéré par Swiss International Air Lines, alors que les deux vols reliant, respectivement, Zurich à Philadelphie (États-Unis) et Philadelphie à Kansas City étaient opérés par American Airlines. Le numéro de billet électronique était inscrit sur les cartes d’embarquement relatives à ces vols. En outre, ce billet désignait American Airlines en tant que prestataire de services et contenait un numéro de réservation unique relatif à l’ensemble de ce trajet. De plus, l’agence de voyages a émis une facture indiquant un prix total pour l’ensemble dudit trajet, ainsi que pour le retour. Alors que les vols reliant, respectivement, Stuttgart à Zurich et Zurich à Philadelphie se sont déroulés comme prévu, celui reliant Philadelphie à Kansas City a subi un retard de plus de quatre heures à l’arrivée. Devant les juridictions allemandes, flightright, une société d’assistance juridique aux passagers aériens à laquelle les droits nés de ce retard ont été cédés (sur la licéité de cette pratique, v. not. CJUE, ord., 20 févr. 2020, aff. C-606/19, Flightright c. Iberia, RTD eur. 2021. 454, obs. L. Grard ; D. 2020. 1425, obs. H. Kenfack ; JT 2020, n° 229, p. 10, obs. nos obs. ), demande à American Airlines le paiement d’une indemnisation d’un montant de 600 euros en application de l’article 7, § 1er, du règlement 261/2004 (ce texte prévoit, en son point c, que le montant de l’indemnisation prévue en cas d’annulation ou de retard important de vol s’élève à 600 € lorsqu’il s’agit d’un vol extra-communautaire de plus de 3 500 km). La demande d’indemnisation de flightright a été rejetée en première instance, ce rejet ayant été confirmé en appel. Flightright s’est alors pourvue en révision devant la Cour fédérale de justice allemande, laquelle a préféré surseoir à statuer et interroger la Cour de justice de l’Union européenne par la voie préjudicielle sur l’interprétation de certains points du règlement 261/2004.

La Cour fédérale a essentiellement interrogé la Cour de justice sur le point de savoir si, lorsqu’une agence de voyages combine des segments de vol de différents transporteurs aériens en une opération de transport, facture pour cela un prix total au passager et émet un ticket électronique unique, s’il s’agit déjà de vols avec correspondances, au sens de l’article 2, h), du règlement 261/2004, ou s’il faut, en outre, pour que la qualification de vol par correspondance puisse être retenue, qu’il existe une relation juridique particulière entre les transporteurs aériens effectifs.

Dans son arrêt du 6 octobre 2022, la Cour de justice se...

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