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Quand la Cour constitutionnelle allemande revisite le sampling

Si le contentieux qui oppose le groupe électronique Kraftwerk et le producteur Moses Pelham, qui avait emprunté sans autorisation un fragment d’un morceau du groupe, semble avoir trouvé un épilogue, la décision de la Cour constitutionnelle fédérale pose d’autres questions qui pourraient se régler devant la Cour de justice de l’Union européenne.

par Gilles Bouvaist, à Berlinle 8 juin 2016

« Le sampling est un procédé technique musical permettant de retravailler des sons issus de différentes sources (samples) dans un nouveau morceau. […] Certains genres musicaux reposent typiquement sur l’utilisation de samples, comme le collage sonore, le medley, le remix, la reprise ou le mash-up. » Il y a quelque chose de savoureux à observer les affres du processus créatif dans le hip hop contemporain passés au crible de l’austère langue juridique allemande. C’est bien sur une évocation détaillée de la place du sampling dans le rap et la musique électronique que s’ouvre la décision rendue le 31 mai 2016 par la Cour constitutionnelle fédérale allemande (Bundesverfassungsgericht).

Évaluation dynamique

Celle-ci marque un tournant dans un conflit vieux de près de vingt ans entre le producteur francfortois Moses Pelham et le groupe de Düsseldorf Kraftwerk, pionniers de la musique électronique. Le premier avait utilisé sans autorisation, pour l’insérer dans le titre Nur mir de la rappeuse Sabrina Setlur, un échantillon de deux secondes tiré du morceau de 1977 des seconds, Metall auf Metall. Kraftwerk porte plainte, et le contentieux finit par gravir tous les échelons juridictionnels allemands. « Je pense que c’est un arrêt très important pour le développement de l’art », s’est réjoui Moses...

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