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La raison d’être face au mur de la rentabilité maximale
La raison d’être face au mur de la rentabilité maximale
La raison d’être fait son chemin dans l’esprit des actionnaires, deux ans après son apparition dans la loi Pacte. C’est le résultat d’une étude publiée par la fondation Jean Jaurès le 3 mars dernier. Les rédacteurs ont examiné les procès-verbaux d’assemblées générales des 120 plus grandes sociétés cotées. Face aux exigences de rentabilité des actionnaires, la raison d’être va-t-elle transformer la stratégie des entreprises vers des objectifs responsables ? On peut encore en douter comme le montre l’exemple récent de Danone.
par Marie-Aude Grimontle 10 mars 2021
En juin 2020, le PDG Emmanuel Faber fait entrer la raison d’être dans les statuts de Danone. Neuf mois plus tard, le cours boursier de l’entreprise a baissé de 25 %. Croissance responsable ou rentabilité maximale ? Les actionnaires de Danone ont fait leur choix, en limitant les fonctions d’Emmanuel Faber aux seules fonctions de Président. Un message clair : les actionnaires remettent le cap sur une exigence de performance financière. Les fonds d’investissement adossés à Danone lorgnent avec envie les marges des concurrents, comme Nestlé ou Unilever, de l’ordre de 18 % alors que Danone plafonne à 14 %, selon le quotidien Libération. Le dirigeant est donc désavoué, alors qu’un plan de départ de 2 000 salariés a été annoncé en novembre 2020, à contre-courant de la notion d’entreprise socialement responsable. Une situation qui ressemble étrangement à celle de Renault qui a également scindé les fonctions de Président et de Directeur général.
L’exemple de Danone deviendra-t-il un cas d’école montrant les limites des bonnes intentions ? Les sociétés qui ont adopté une raison d’être ou le statut d’entreprise à mission devront-elles à terme se résoudre à rogner sur leurs objectifs sociaux et environnementaux dans une logique de priorisation des bénéfices et des dividendes ? L’étude ne répond pas à cette question mais dresse le bilan de deux ans de raison d’être dans les assemblées générales (AG) de grandes sociétés cotées. La conclusion est positive : les actionnaires ont bien réagi à l’arrivée de cette notion. Mais la raison d’être peut-elle survivre en tant que stratégie de la société dans un environnement concurrentiel ? Peut-elle tenir le choc de la réalité économique et quitter le statut de...
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