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Référent collaboration : un « lanceur d’alerte » au service des avocats parisiens en difficulté

Engagement de campagne de la bâtonnière Marie-Aimée Peyron, le « référent collaboration » est un jeune dispositif, mis en place début janvier 2018, dont la vocation est de prévenir et pallier « les dérives et les abus » liés à la réalité de l’activité de collaborateur.

par Thomas Coustetle 20 avril 2018

Selon les chiffres de la Chancellerie, en 2017 environ 40 % des avocats inscrits au barreau de Paris sont collaborateurs, contre 22 % en moyenne dans les autres barreaux. Parmi les avocats parisiens, le Conseil national des barreaux évaluait, dans un rapport de la même année, à une écrasante majorité, près de 95 %, le nombre de collaborateurs exerçant à titre libéral.

Un statut libéral qui peut parfois conduire à certains types d’abus. Parmi les dérives auxquelles le collaborateur est exposé, spécialement en début de carrière, on relève impossibilité de développer une clientèle personnelle, harcèlement, discrimination, refus de rétrocéder les honoraires prévus en cas de congé maternité, non-respect des minimas ordinaux en matière de rétrocession, etc.

Ces embûches peuvent notamment décourager les jeunes collaborateurs qui sont d’ailleurs près de 30 % à quitter la profession « avant leur dixième année dans le métier », relève Maroussia Wosiak du magazine Slate dans un article du 13 avril dernier.

Devant ces difficultés, le bâtonnat de Marie-Aimée Peyron et Basile Ader a souhaité renforcer le dispositif d’aide aux avocats par la création de deux « référents collaborateurs » (v. Dalloz actualité, interview de M.-A. Peyron, 5 févr. 2018, par T. Coustet). En lien avec les services « existants » de l’ordre, (Foire aux questions, commission harcèlement et discrimination, permanence déontologique, juridiction du bâtonnier, etc.), l’objectif affiché est de « répondre avec plus de rapidité et de coordination aux situations que les collaboratrices et collaborateurs peuvent rencontrer au sein du cabinet », expliquent Mes Valence Borgia et Benjamin Pitcho, tous deux désignés référents collaborateurs début janvier 2018. 

« Le référent a pour mission d’assurer une écoute et une orientation presque instantanée aux collaborateurs en difficulté. »

« L’idée n’est pas de se substituer aux services existants, insiste d’emblée Me Benjamin Pitcho. Ainsi, le référent n’est pas doté de pouvoir disciplinaire. Il n’a pas non plus vocation à répondre à l’ensemble des questions relatives au contrat de collaboration. Il a pour mission d’assurer une écoute et une orientation presque instantanée aux collaborateurs en difficulté », admet-il. 

« Le dispositif a vocation à piloter les transversalités. Un collaborateur peut nous appeler ou nous contacter par mail et nous ferons, au besoin, remonter la difficulté au service de l’ordre compétent », cherche à résumer Valence Borgia qui se voit davantage comme une « lanceuse d’alerte » que comme un énième service de l’ordre.

Le référent s’assurera qu’une réponse a été portée à notre demande, y compris sur le plan « disciplinaire », en alertant au besoin le bâtonnier, révèle Valence Borgia qui espère ainsi tarir les « comportements inacceptables », admet-elle, forte de son expérience au sein de l’union des jeunes avocats.  

Parmi les mesures concrètes, Benjamin Pitcho a également évoqué la création d’un réseau de « cabinets refuges » qui permettra aux élèves avocats victimes de harcèlement « notamment », de finir leur stage dans un cabinet membre du réseau avec l’assurance que celui-ci se fera dans de bonnes conditions.

En l’état, si ce service est déjà en place depuis janvier, il n’est pas encore totalement déployé. « La coordination entre les services sera doublée d’une permanence téléphonique en passe d’être créée », promet Benjamin Pitcho.

Une future newsletter est également attendue « deux fois par an ». Elle servira de « point d’entrée » et comportera des informations relatives à leurs services, au droit applications, aux opportunités de développement et comportera des statistiques.