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[PODCAST] Téléréalité versus réalité juridique : on ne joue pas avec le droit
[PODCAST] Téléréalité versus réalité juridique : on ne joue pas avec le droit
L’émission Les Temps électriques vous livre ce mois-ci une analyse juridique et critique d’un sujet au premier abord purement ludique : la téléréalité !

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Qualifiée de « créature hybride », le mot « téléréalité » porte en lui un effet de contraste très fort, illustrant en soit cette symbiose entre le réel et le montage audiovisuel. Le terme vient de l’anglais « real-life soap », et était employé à l’origine pour exprimer le fait que tout repose sur la « [mise] en scène de vraies personnes qui vivent de vraies histoires, même si cela se déroule dans des conditions construites par les médias » (L. Dupont, Téléréalité, PU de Montréal, 2007, p. 19).
Il est assez difficile d’en trouver une définition unique tant il faut reconnaître que diverses émissions peuvent entrer dans cette catégorie. Globalement, on pourrait les classer en deux « sous » catégories. Au sens strict, il s’agit d’abord d’émissions dans lesquels les participants sont enfermés dans un univers crée pour l’occasion, filmés en permanence, et éliminés au fur et à mesure. Parmi ces programmes, on notera qu’un nombre croissant d’émissions s’éloigne de la forme du concours et prend aussi désormais l’allure d’une série dans laquelle les protagonistes restent les mêmes du début à la fin de la saison. Par ailleurs, selon une seconde acception de la téléréalité, ces émissions consistent à filmer la vie quotidienne de personnes sélectionnées pour y participer : concours de chant, de cuisine, ou encore de danse… Les participants ne sont alors pas filmés dans leur intimité.
Ainsi, dans cette diversité, la téléréalité s’inspire directement de nombreux genres, entre documentaire, sport, drame, divertissement.
Si l’on date la première génération de téléréalité aux années 1980, les prémisses du phénomène sont assez anciennes. La première émission expérimentale du genre a été diffusée sur une chaîne américaine en 1973 sous la forme d’un format de documentaire réaliste qui présentait la vie d’une famille blanche, cultivée, de classe moyenne (L. Dupont, op. cit.). Depuis, la multiplication des technologies et des diffuseurs n’a cessé d’accroître les déclinaisons du genre.
Le téléspectateur entretient également, sans en être forcément conscient, une position et un rôle ambivalent face à ces contenus. La « recette du succès » de ces émissions s’exprime ainsi à travers lui, à différents égards en fonction du thème ciblé : identification affective aux candidats parfois (N. Nadaux-Albertini, 12 ans de téléréalité… au-delà des critiques morales, INA, coll. « Médias histoire», 2013, p. 27), attirance – pour ne pas dire fascination aussi – pour un brin de voyeurisme face à des concepts de plus en plus osés, sans compter bien sûr les émissions faisant interagir le public pour décider in fine du sort des candidats par un vote à distance.
La téléréalité a suscité un certain nombre de réflexions de la part des historiens, des économistes, des psychologues ou encore des sociologues. Mais voilà, est-ce si anodin et bon enfant ? La frontière entre la vie publique et privée s’estompe ainsi peu à peu et de plus en plus.
L’omniprésence des caméras dans notre quotidien a pu être décriée pour son impact au plan des libertés individuelles, l’essor d’une dimension sécuritaire de la vie sociale (C. Laval, Surveiller et prévenir. La nouvelle société panoptique, Revue du MAUSS, vol. 40, n° 2, 2012, p. 47-72), sur le modèle d’une société panoptique décrite par le philosophe Jeremy Bentham, relançant régulièrement la question.
Pourtant, notre société n’a jamais donné autant de place à l’image et dans un tout autre contexte certains n’hésitent pas à « vivre pour les caméras », voire « par » les caméras, ce qui témoigne symboliquement d’un phénomène inverse et de l’essor d’une « industrie » axée sur le « culte de l’individu, [l’]aspiration à la célébrité, [la] banalisation de la chirurgie esthétique, [l’]apologie du clash et du harcèlement, [la]romantisation des violences sexistes et sexuelles… » (C. Vilanova, Vivre pour les caméras, J.-C. Lattès, coll. « Nouveaux jours », mai 2024)
Certaines analyses ont décortiqué le phénomène à rebours des critiques de masse pour essayer d’établir en quoi la téléréalité est « tout sauf un phénomène superficiel puisqu’elle met en scène et ritualise deux institutions majeures de la modernité avancée : la compétition sociale et l’individu » (E. Gayoso, Sacrée Story : la téléréalité comme rite d’institution de l’individu compétitif, HAL, 2019).
Comment le juriste s’empare-t-il de ces situations ? Bien des questions se posent à lui, au premier rang desquelles celle relative au statut juridique du participant à l’émission de téléréalité. Le droit du travail s’est saisi de ses situations depuis quelques années désormais, pour autant, certaines émissions de téléréalité questionnent les cadres légaux, car repoussant sans cesse les limites des candidats – émissions « d’enfermement » avec des caméras fixes et cachées notamment, mettant clairement en évidence des privations de la liberté d’aller-venir, de communiquer, ainsi que des horaires sans borne.
Par ailleurs, quelles stratégies d’évitement la société de production risque-elle de mettre en place ?
C’est aussi au plan pénal que certaines émissions de téléréalité ont fait parler d’elles ces dernières années, eu égard à la pénalisation possible de certaines pratiques des participants (A. Casado, Prostitution, harcèlement : « l’Île de la tentation » multiplie-t-elle les infidélités au droit pénal ?, Libération, 19 févr. 2024).
Pour en parler l’émission les Temps électriques reçoit ce mois-ci Laurent Gamet, Professeur de droit à l’Université Paris-Est Créteil, Doyen de la Faculté de Droit, et Avocat associé chez Factorhy Avocats, ainsi qu’Arnaud Casado, Maître de conférences en droit privé et sciences criminelles à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Bonne écoute !
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Auteur(s) : Emmanuel Dreyer; Jérémy Antippas; Christophe Bigot; Marc Le Roy; Nathalie Mallet-Poujol; Christine NGuyen Duc Long; Nicolas Verly