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À l’occasion des Jeux paralympiques, Amicus radio vous propose pour cette rentrée une émission où se rencontrent sport et transhumanisme.
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« La course à la surhumanité est lancée. Bienvenue aux Jeux améliorés, la démonstration ultime de ce dont le corps humain est capable ». C’est sur cette promesse que la start-up Enhanced Games s’est illustrée en cette année olympique, en proposant d’organiser la première compétition sportive internationale où toutes les formes de dopage seraient autorisées. L’idée contraste fortement avec l’encadrement en la matière et les règles posées en droit du sport (M. Peltier, Droit du sport, 2e éd., Bréal, coll. « Lexifac », 2022) ! Malgré tout elle questionne sur un changement plus profond qui touche le milieu sportif.
Si le lien entre pratiques anciennes du sport – antiques et médiévales – et celles plus contemporaines est parfois discutée, la création des Jeux olympiques « modernes » à la fin du XIXe siècle offre néanmoins un symbole fort de passerelles entre les époques en prolongeant la tradition des Jeux olympiques de la Grèce antique (R. Waterfield, Olympia : the story of the ancient olympic Games, Head of Zeus, 2018). Historiquement lié à l’idée de distraction, le sport change toutefois de finalité, pour laisser place à des pratiques « plus codifiées, plus institutionnalisées et donnant généralement lieu à compétitions » (T. Terret, Histoire du sport, PUF, 2023). Ainsi, dans la continuité de la première devise latine du Congrès olympique de 1894, la devise olympique actuelle (« Plus vite, plus haut, plus fort – Ensemble ») exprime l’idée selon laquelle le sport est bien désormais lié au dépassement de soi.
Les Jeux se sont progressivement adaptés aux changements politiques, socio-économiques mais également techniques du monde. Leur ouverture, à la sortie de la seconde guerre mondiale à des participants présentant une forme de handicap témoigne de cette évolution. Depuis les premiers Jeux paralympiques à Rome en 1960, des athlètes non valides concourent avec des équipements et des appareillages pour pratique leur discipline. Fauteuils roulants, prothèses aérodynamiques, lames de sport en carbone : autant d’équipements de plus en plus légers et résistants qui sont depuis lors progressivement venus accompagner les sportifs.
Le recours aux prothèses pour réparer le corps est très ancien et était déjà observé durant l’antiquité classique (J. Draycott, Prosthetics and Assistive Technology in Ancient Greece and Rome, Cambridge University Press, 2022). Malgré tout, les mutilations artificielles éloignant l’homme de sa condition biologiques devaient au maximum être évitées en ce qu’elles heurtaient la conception idéale du corps (C. Husquin, L’intégrité du corps en question. Perceptions et représentations de l’atteinte physique dans la Rome antique, PU de Rennes, 2020).
Alors qu’ils étaient initialement utilisés pour réparer le corps de l’homme, ces appareillages semblent désormais pouvoir aller au-delà, en augmentant les capacités de leurs utilisateurs. Comme si l’homme ne se suffisait plus à lui-même, on voit apparaître de nouveaux termes : homme instrumenté, homme connecté, homme amélioré et même homme hybridé.
On glisse ici vers une idée autre, celle du transhumanisme. Le transhumanisme est un mouvement social récent « animé par l’ambition centrale d’augmenter, grâce aux nouvelles technologies, l’être humain et ses performances intellectuelles, physiques et émotionnelles en vue d’accéder ni plus ni moins qu’à un nouveau stade de l’évolution » (N. Le Dévédec, Le transhumanisme, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2024). S’y dessine en fait une approche interdisciplinaire mêlant au droit des réflexions d’histoire, de philosophie, ou encore de sciences politiques.
Le sport, en ce qu’il est aujourd’hui devenu un fait social et culturel (J. Defrance, Introduction, in Sociologie du sport, La Découverte, 2011, p. 3-12.), est lui aussi touché par cette évolution (J.-M. Besnier, Le sport, une perspective transhumaniste ?, Entretien avec C. Massacrier et L. Petit, Cliniques méditerranéennes 2020/1, n° 101).
Cette recherche de l’augmentation perpétuelle du corps du sportif par des appareillages de plus en plus performants soulève alors de nouvelles questions. Pour repousser les limites de leurs capacités physiques, certains sportifs se sont tournés vers le dopage dont l’encadrement est, déjà, un défi. Or, fixer une frontière entre l’amélioration et ce qui, au-delà, caractériserait l’augmentation, peut devenir délicat. Si certains équipements donnaient un avantage concurrentiel aux sportifs, serait-t-on face à une nouvelle forme de dopage ? Au-delà, face à une technicité qui semble toujours plus grande, si l’on s’habitue à une certaine plasticité du corps pourquoi ne pas équiper des personnes valides pour augmenter leurs performances ?
Poussé à son paroxysme, ce renouveau de l’esprit compétitif s’imprégnerait-il alors d’une atmosphère néolibérale, dans laquelle la seule manière de « tirer son épingle du jeu » serait finalement d’être « augmenté » ? (Y. Rumpala, Cyberpunk’s not dead. Laboratoire d’un futur entre technocapitalisme et post-humanité, Le Bélial, coll. « Parallaxe », 2021)
Pour en parler, l’émission Les Temps électriques reçoit ce mois-ci, Claire Laborde-Menjaud (Historienne du droit, doctorante au Centre d’histoire et d’anthropologie du droit de l’Université Paris Nanterre), Marc Peltier (Maître de conférences en droit privé à l’université Côte d’Azur, membre du Board de l’Unité d’intégrité de l’athlétisme) et Yannick Rumpala (Maître de conférences, HDR, en science politique, à l’Université Côte d’Azur).
Pour écouter ce podcast, connectez-vous sur Amicus Radio, rubrique Les Temps électriques. Bonne écoute !
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