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Les boot camps ou camps militaires pour jeunes : pourquoi un « effet nul » ?

Comme c’est souvent le cas, la France suit les innovations étrangères avec quelques décennies de retard ; ici près de quarante ans, étant entendu que toutes ces innovations ne sont pas positives et qu’être en retard doit, en bonne logique, présenter l’avantage de nous permettre de prendre en compte la littérature scientifique1.

Par Martine Herzog-Evans le 20 Octobre 2020

Nous venons en effet d’apprendre que le nouveau ministre de la justice, M. Dupond-Moretti, a proposé, lors d’une rencontre avec la ministre des armées, Mme Florence Parly, que des partenariats se nouent entre leurs deux ministères, dans le but d’encadrer des jeunes mineurs et majeurs délinquants. À peine nommé, en juillet 2020, le ministre avait d’ailleurs déjà évoqué ce sujet lors de son audition par la Commission des lois de l’Assemblée nationale.

« L’idée » avait déjà coloré certains programmes français antérieurs sinon sous forme de boot camps, du moins avec intervention militaire. Tel avait par exemple été le cas du centre de « déradicalisation » de Beaumont-en-Véron (Albert et al., 2020).

Faute de précisions à ce jour dans le discours du ministre, nous ne pouvons que conjecturer quant à la forme et le contenu que revêtiront ces camps militaires pour jeunes. Ce qui est certain est qu’il existe des précédents vieux de près de quarante ans (les boot camps) qui présentent dès lors l’avantage d’avoir été évalués de manière très large et très rigoureuse. Cet article présentera l’état de la connaissance sur ce sujet en espérant que de tels camps militaires ne verront pas le jour, mais que, si la décision en était maintenue, à tout le moins ils soient élaborés en prenant en compte l’abondante littérature scientifique sur le sujet.

Origine des boot camps

Les boot camps sont d’abord apparus aux États-Unis au tout début des années 1980 (1983 en Géorgie et dans L’Oklahoma) et se sont ensuite développés dans les années 1990 aussi bien aux USA que dans d’autres États anglophones (par ex. en Australie : Hutchinson & Richards, 2013 ; en Angleterre : Farrington et al., 2002 ; au Canada : T3 Associates Training and Consulting, 2000). Le boot camp typique consiste à demander aux participants de suivre un régime strict d’activités quotidiennes qui incluent des exercices, de l’entraînement physique intense et des cérémonies – levée du drapeau par exemple – très proches de celles qui préparent et forment les soldats. Les sanctions pour tout manquement disciplinaire ou erreur sont immédiates et impliquent souvent de nouvelles activités physiques telles que des pompes, des tours de pistes ou des activités communautaires comme du nettoyage, sanctions souvent teintées de dégradation, comme lorsqu’il s’agit de nettoyer les latrines de l’ensemble du camp.

La séduction des boot camps

Les boot camps sont, nous le verrons, largement décriés par les chercheurs. Pourtant, la tentation de les ressusciter sous une forme ou une autre est toujours forte, car ceux-ci viennent satisfaire un imaginaire collectif populaire commun à de nombreux États. Ils viennent en effet cocher une série de cases évocatrices de valeurs ou réactions épidermiques courantes chez « M. Lambda ».

En premier lieu, ils viennent flatter l’idée d’un traitement « à la dure » des délinquants, qui « méritent » le traitement éreintant et quelque peu dégradant – les images du sergent major hurlant nez contre nez de jeunes recrues étant entretenues par le cinéma et les séries télévisées – qui leur est infligé au quotidien.

Ils viennent, en deuxième lieu, renforcer l’illusion qu’un traitement disciplinaire, des horaires, des activités dont une grande partie sont au demeurant inutiles et répétitives, « enseigneront » la discipline et le comportement « du travailleur qui se lève tôt » : au clairon et à 5 heures du matin dans bien des boot camps. À l’étranger d’ailleurs l’expression « boot camps » est utilisée plus largement pour désigner toute méthode destinée à « secouer » une personne considérée comme paresseuse et ne parvenant pas à s’autocontrôler (par ex. en matière alimentaire [Türk et al., 2017] ou de travail [Sedniev, 2018]). L’imaginaire militaire est ainsi recyclable à l’infini.

En troisième lieu, les boot camps viennent flatter la symbolique quelque peu olympique – en France, avec en arrière-plan son invention moderne par le Coubertin national – qui croit à la réinsertion par le sport ; le sport censé enseigner lui aussi la discipline, les règles et l’esprit d’équipe.

S’agissant de la France, en quatrième lieu, l’envoi au camp militaire de jeunes délinquants vient aussi renvoyer à un passé récent ataviquement idéalisé – « de mon temps, c’était toujours mieux » – dans lequel les jeunes français perdaient une année de leur vie en un service militaire censé leur enseigner là encore discipline, règles de vie et esprit d’équipe ; même si nombreux se souviennent surtout des frites, des beuveries et des cigarettes Troupes. La nostalgie de ce passé idéalisé est d’ailleurs entretenue par certains élus et il est régulièrement envisagé de le restaurer.

À cet imaginaire historique bon enfant est hélas souvent associé, qu’il soit sous-entendu ou ouvertement formulé, un climat entretenant les stéréotypes relatifs aux minorités (Bergin, 2013). Il s’agit de contraindre par la force militarisée des minorités à accepter un modèle dont on les exclut pourtant d’autant plus qu’on les traite de manière disciplinaire (pour les USA : Gascón & Roussell, 2018 ; pour l’Australie : Hutchinson & Richards, 2013). S’agissant de la France, répondant à un journaliste qui l’interrogeait sur son projet, le ministre de la justice avait d’ailleurs répondu non en évoquant le sujet de la délinquance mais celui du rejet de symboles nationaux et, spécifiquement, le fait de siffler contre le drapeau et la Marseillaise. Il y avait donc un pont directement établi entre rejet de la France, ici par des minorités à double culture (le ministre visait d’ailleurs ensuite expressément les jeunes d’origine étrangère) et la délinquance. Le malaise identitaire de minorités que la France n’a pas su intégrer n’a toutefois jamais été isolé comme facteur criminologique par la littérature si ce n’est, et de manière d’ailleurs seulement partielle, dans le cas du terrorisme. Notons que le projet de militarisation du traitement des minorités-délinquantes est cohérent sur le plan politique, de l’imaginaire collectif et de l’appel aux icônes nationales communes, avec le projet de réforme en cours de préparation contre le séparatisme.

Un autre imaginaire, pénal, celui-là, est également à l’œuvre dans le cas des boot camps. De manière très similaire à celui qui est mis en avant dans le cas du bracelet électronique – devenu lui aussi l’alpha et l’oméga de la sanction pénale –, il est proposé à juste titre à la population d’accepter un recours moindre à l’incarcération (c’est l’objectif tout à fait méritoire de la loi de programmation du 23 mars 2019), mais il est supposé d’emblée que cette population ne tolérera pas de mesure en milieu ouvert trop souple – la probation, le travail d’intérêt général, par exemple – et qu’il convient donc de lui proposer des peines ou mesures « intermédiaires ». Le bracelet électronique remplit totalement cette fonction qui est à la fois une détention (à domicile) et une mesure en milieu ouvert moins coûteuse que l’incarcération – mais en réalité bien plus coûteuse pour les finances publiques, car elle remplace en pratique des mesures de probation moins onéreuses (Daems, 2019). Les boot camps appartiennent également à cette catégorie de mesures intermédiaires (Reid-McNeivin, 1997) : résidentiels, donc proches de l’incarcération, mais ayant pour objet de « secouer » les jeunes et de les occuper et dès lors semblant à la fois « utiles » et suffisamment coercitifs et « douloureux ».

S’il est légitime de tenir compte de l’opinion publique, au nom de laquelle après tout l’on gouverne, c’est à la condition que celle-ci soit correctement informée. La recherche montre d’ailleurs qu’en dehors du cas des délinquants dangereux ou ayant commis des faits graves, elle comprend parfaitement la nécessité de traiter des causes de la délinquance plutôt que de se borner à punir (Mayhew & Van Kesteren, 2002).

Les données scientifiques

Écartons rapidement l’illusion, largement répandue, de l’efficacité du sport en matière de réduction de la récidive. Si le sport est incontestablement utile sur le plan sanitaire et même psychologique, il n’apporte strictement rien en matière de réitération d’infraction. Citons, en résumé de la littérature, une méta-analyse récente, qui conduit dans le sens du nil effect – efficacité nulle (Spruit et al., 2016). Ajoutons qu’il en va de même de la dimension sportive ou activité physique dans le cadre des boot camps (Correia, 1997).

Concernant ensuite les camps militaires, plusieurs questions seront envisagées.

Méta-analyses : « effet nul » sur la récidive

La recherche portant sur les résultats des boot camps en matière de récidive est abondante. Nous nous limiterons à faire état des recherches méthodologiquement solides, qui, dès lors, permettent de conclure sur le sujet. Par exemple, très peu d’essais randomisés – la seule méthode qui permette réellement de conclure fermement – ont été réalisés. Lorsqu’ils l’ont été, ils ont, de manière décevante pour les promoteurs, clairement établi l’absence d’efficacité sur la récidive de ces approches (Bottcher et Ezell, 2005, essai randomisé avec pour intérêt supplémentaire d’avoir suivi les intéressés durablement).

Une méta-analyse, technique permettant de faire le point sur un sujet en s’appuyant sur les meilleures études parues (avec données chiffrées globales), a permis de clarifier une fois pour toutes la question de l’efficacité des boot camps (Mckenzie et al., 2001 a). Du moins faut-il préciser aux lecteurs qu’elle ne permettait pas, comme c’est la plupart du temps le cas en criminologie, de mesurer l’efficacité ou l’inefficacité intrinsèque des boot camps, ce qui aurait obligé à comparer un groupe traité par le boot camp avec un groupe non traité du tout – une impossibilité juridique la plupart du temps. Cela est regrettable car il est courant que, lorsque l’on compare une intervention pénale à aucune intervention, l’absence d’intervention soit plus efficace, ce en raison de l’impact nocébo de la chaîne pénale. Comme la plupart des recherches donc, cette méta-analyse de 2001 a comparé les résultats de boot camps tantôt avec l’incarcération classique, tantôt avec la probation. La conclusion du nil effect – effet zéro sur la récidive – s’appuie sur neuf recherches où le boot camp a eu un effet légèrement plus positif, huit où il a eu un effet plus négatif et douze où aucune différence n’a été trouvée. Dans tous les cas, ces différences ne pouvaient en l’espèce être expliquées par les approches méthodologiques, les caractéristiques des délinquants ou encore les composants mêmes des boot camps (mais v. infra). Une actualisation en 2003, révisée en 2005 de cette méta-analyse pour le compte de la très prestigieuse et très rigoureuse Campbell Collaboration est parvenue à un résultat identique : Null Findings (résultat nul) (Wilson et al., 2005). En revanche, il est important de relever que parmi trois des boot camps ayant eu l’impact le plus positif sur la récidive, se trouvaient ceux qui consacraient le plus de temps au traitement et à la réinsertion (v. aussi McKenzie et al., 1995).

Ces recherches et notamment les méta-analyses ont conduit à juste titre à une perte d’intérêt et une réduction de l’effet de mode des boot camps. À quoi bon dépenser plus d’argent (not. comparé à la probation) si le résultat n’en était pas supérieur ; encore était-il question de probation antérieure aux évolutions criminologiques récentes, ayant permis d’établir un modèle evidence-based practices (EBP) soit fondé sur les données de la science. Depuis lors, il est devenu manifestement contre-productif criminologiquement et financièrement de proposer un boot camp en lieu et place d’une probation EBP qui donne, elle, des résultats.

Une revue de littérature (analyse des recherches sans calcul chiffré), devait par la suite permettre (Meade & Steiner, 2010) d’affiner quelque peu ces résultats, mais devait parvenir à un résultat équivalent : les boot camps n’avaient pas d’impact sur la récidive, mais pouvaient avoir un impact marginal sur l’attitude des intéressés qui, dès lors, passaient moins de temps en isolement pour des fautes disciplinaires si bien qu’ils réduisaient le coût total de leur détention résidentielle. Encore ces résultats étaient-ils à rapporter au contexte américain. Les auteurs comparaient en effet les conditions carcérales très dures existant aux États-Unis avec ces boot camps. Nous verrons d’ailleurs infra que changement d’attitude ne rime pas avec changement de comportement.

Explications de l’« effet nul » sur la récidive

Quelles sont les raisons qui expliquent que les boot camps n’aient aucune efficacité sur la récidive ? Un manuel de criminologie, que nous recommandons pour notre part à nos étudiants de master, simple et fort bien fait et qui vient de sortir, en suggère quelques raisons dans un chapitre entier consacré à « ce qui ne marche pas » en criminologie (what does not work) au rang desquels : le bracelet électronique ; la probation intensive ; le charlatanisme correctionnel et… les boot camps (Latessa et al., 2020). Nous reprenons ces explications ci-après, en les explicitant et illustrant de littérature, et complétons par ailleurs leur liste.

Les auteurs indiquent, en premier lieu, un effet classique lorsque l’on met dans un même lieu des délinquants : l’effet de contagion. Il convient de rappeler que l’un des facteurs criminogènes les plus puissants largement démontrés empiriquement et dont la littérature récente montre d’ailleurs que c’est probablement le plus important de tous (Bonta & Andrews, 2017) tient à la fréquentation et à la proximité de pairs antisociaux. Outre la démonstration empirique considérable, la théorie criminologique fondamentale explique clairement comment cet effet de contagion se produit. Parmi les théories les plus largement validées criminologiquement se trouve notamment celle de l’apprentissage social, initiée par Millers et Dollars (1947), reprise et structurée par Bandura (1963), incorporée en criminologie par Akers (1977), intégrée au meilleur modèle de traitement existant à ce jour (Bonta & Andrews, 2017) et confirmée par les neurosciences modernes (Proctor & Niemeyer, 2020). En vertu de ce modèle, l’on apprend des modèles auxquels l’on est attaché par effet d’observation, imitation, révision, mise en pratique et renforcement différentiel de ces modèles et du reste de la société. Inséré dans un groupe délinquant, dès lors, l’on apprend les attitudes, le désengagement moral (Walters, 2016), les comportements antisociaux et cognitions prodélinquantes (Walters, 2015). L’on arguera que tel est également le cas des centres éducatifs fermés (CEF) et des établissements pénitentiaires. En effet, toute structure qui repose sur cette parfaite mauvaise idée qui consiste à réunir entre eux des groupes de délinquants est au mieux inefficace sur la délinquance, au pire, nuisible (elle l’augmente : v. les recherches et les calculs méta-analytiques cités dans Bonta & Andrews, 2017). À ce sujet d’ailleurs, notons que les mesures en milieu ouvert ne sont pas immunisées contre ce risque. Une étude publiée par Chris Trotter voici vingt-cinq ans avait elle aussi montré un effet de contamination dès lors que le travail d’intérêt général était exercé en groupe de délinquants, par comparaison avec le fait, non contaminant, de placer un tigiste dans un groupe de non-délinquants (pour la France par ex. des employés d’une association ou mairie) (Trotter, 1995).

Ajoutons que dans le cas des boot camps, le risque de contagion délinquante est d’autant plus grand que la vie militaire crée un fort effet de groupe, bien plus cohésif encore que le TIG, l’incarcération ou l’association spontanée de délinquants. C’est après tout l’une des forces et des qualités de l’armée que de transformer profondément l’identité du groupe au point de créer une « fusion identitaire », soit un effacement du soi individuel au profit d’un soi social, fusionné au groupe, entre ses membres (par ex. Hart & Lancaster, 2019). Le risque d’un tel attachement et d’une telle fusion est nécessairement plus considérable si les intéressés sont des délinquants (Andrews, 1980). On connaît par exemple tout particulièrement le risque de fusion identitaire s’agissant de groupes de pairs terroristes (Swann et al. 2009). Il est donc, disons-le assez nettement, dangereux de regrouper des délinquants ensemble.

Latessa et collègues soulignent ensuite que les boot camps ne traitent que de besoins « non criminogènes » – c’est-à-dire qu’ils ciblent des facteurs sans lien avec la délinquance – tels que l’activité physique2. Ce que ces auteurs veulent surtout dire est qu’ils ne traitent pas des « besoins criminogènes » (Bonta & Andrews, 2017), ceux qui ont précisément un tel lien. La littérature sur les boot camps montre hélas que la plupart de ces camps ne ciblent et ne traitent pas des besoins criminogènes connus (McKzenzie et al., 2001 a). Au contraire, par exemple, l’expérience anglaise des boot camps, largement négative (elle a augmenté la récidive), a inversement produit, dans l’une des structures uniquement, un impact positif précisément car des programmes de traitement cognitifs et comportementaux y avaient été mis en place (Farrington et al., 2002) en suivant en cela le modèle « RBR » (Bonta et Andrews, 2017). C’était donc le programme de traitement qui avait fonctionné et peu importait dès lors le contexte, militaire ou non. Justement et inversement, le programme canadien Turnaround a montré une efficacité relative sur la récidive (T3 Associates Training and Consulting, 2000) car, au contraire, il intégrait très bien les dimensions principales du RBR, comme l’a évalué une équipe de chercheurs avec un outil lui-même validé permettant de mesurer la fidélité aux programmes RBR, le Correctional Program Assessment Inventory (CPAI) (Andrews, 1998, a et b).). À supposer que la France crée effectivement des camps militaires, elle devrait impérativement traiter des besoins criminogènes des jeunes, ce de manière EBP. Rappelons toutefois que la littérature montre systématiquement que le traitement et notamment le traitement RBR, est plus efficace en milieu ouvert qu’en milieu fermé (Bonta et Andrews, 2017), en sorte qu’il est dommage d’en réduire l’impact par l’effet d’une rétention, fût-elle dans un camp militaire.

Dès lors, il n’est pas surprenant que la recherche ait également montré que même lorsque les boot camps ont un impact sur les attitudes, ou du moins le sentiment de sécurité et de lien avec les autres pensionnaires et le personnel (Franke et al., 2010), ils n’ont pas d’impact sur le comportement (Kurlychek, 2010). La raison en est assez logique : créer du lien entre délinquants n’est pas, on vient de le voir, une bonne chose sur le plan criminologique et, par ailleurs, si le lien est plus positif avec le personnel, il n’en traite pas pour autant en tant que tel des besoins criminogènes des pensionnaires.

Si l’on revient à Latessa et collègues, ceux-ci soulignaient encore un point que la littérature sur les boot camps n’a pas suffisamment relevé à notre sens : la vie militaire modélise les comportements violents et agressifs (Connell, 1985, 2005), l’hypermasculinité (Hinojosa, 2010), et le culte de la force. À titre d’exemple, il y a un taux particulièrement élevé de violences domestiques commises par les militaires (Kwan et al., 2020) et de violence (MacManus et al., 2013), même si cette violence est également (mais point seulement) à corréler au posttraumatic stress disorder (PTSD) post-combat et à la consommation d’alcool. Il n’est certes pas nécessaire de venir renforcer de telles attitudes alors qu’elles sont déjà largement assez présentes chez les délinquants.

Un autre facteur pointé par la recherche est que « contrairement aux engagés militaires qui participent à des camps d’entraînement afin de devenir de meilleurs soldats et qui sont ensuite envoyés dans leur poste dans l’armée, les détenus des boot camps pénaux sont purement et simplement relâchés dans la rue »3 (Kurlychek, 2010, 122). Il n’existe en effet, la plupart du temps, aucune préparation à la sortie ni accompagnement ou aide au retour à la vie libre. C’est en somme, comme en matière pénitentiaire traditionnelle, la question labellisée en France par l’expression « sortie sèche ». Il est important de noter à cet égard qu’en France, l’on confond souvent aménagement de peine de courte durée et préparé industriellement avec mesure authentique de préparation de la sortie (programme reentry), comme dans le cas de la libération sous contrainte, laquelle ne peut dès lors prétendre au statut d’aménagement de peine et encore moins de reentry (Herzog-Evans, 2019). Ce dont il doit s’agir aussi bien en matière pénitentiaire que militaire ou pseudo-militaire est bien d’une préparation qualitative de la sortie, et d’une aide psychologique, professionnelle et sociale à la réintégration (reentry) dans la société civile.

Si l’on se place sur le terrain des théories criminologiques générales, il n’est pas plus surprenant que les boot camps n’aient pas d’impact sur la délinquance. En particulier, ils n’ont pas d’impact sur l’attachement prosocial à la société et notamment ni plus ni moins que l’incarcération (Rocque et al., 2011), au sens de la théorie générale du Social Control d’Hirshi (1969).

Impact des boot camps sur d’autres dimensions

Il faut encore tenir compte de l’impact des boot camps sur d’autres dimensions que la seule récidive.

D’abord sur la légitimité de la justice et des autorités. L’on sait que, selon la formule magistrale de Tom Tyler, « Vue sous l’angle de la légitimité, chaque rencontre que le public a avec la police, les tribunaux et la loi devrait être traitée comme une expérience de socialisation qui tantôt fonde, tantôt réduit la légitimité »4 (Tyler, 2003: 257). Cette légitimité se gagne par la prise de décisions, même quotidiennes, dans des conditions d’équité procédurale parfaite et de comportement modèle, respectueux, digne, courtois et attentif de la part des autorités (Herzog-Evans, 2016 a, 2017 pour la présentation de la littérature). Il est dès lors essentiel de conceptualiser des programmes de traitement pénal et criminologique, quels qu’ils soient, de sorte que les personnes qui en font l’objet (et au-delà leurs familles, les victimes et les familles de celles-ci) sortent de telles expériences avec le sentiment d’une légitimité, d’une dignité et d’une équité des normes et des institutions (Tyler, 2010). Or une telle légitimité ne se présume pas : elle doit être enracinée dans le fonctionnement même des institutions (Herzog-Evans, 2016 b) ainsi que dans la programmation criminologique (Herzog-Evans, 2018). Or très peu de programmes boot camps se sont seulement posé cette question. Le résultat le plus frappant du peu d’études sur le sujet est qu’il n’y a pas de différence nette entre incarcération et boot camps en la matière, tout dépendant de la manière dont la détention ou la rétention se déroule (Franke et al., 2010 – même si dans le contexte très dégradé des prisons américaines, les boot camps l’emportent). Positivement, l’on peut, dans les deux cas, renforcer la légitimité perçue par les justiciables à une triple condition : en réduisant les expériences négatives liées à la détention ; en réduisant les privations inhérentes à l’incarcération ; et, cela n’ayant pas à l’époque pu être testé, en améliorant le comportement des personnels et de l’institution en l’alignant notamment sur les critères issus de la littérature sur la légitimité de la justice (v. les travaux ultérieurs en matière pénitentiaire : Beijersbergen et al., 2014). L’inverse est hélas également vrai : faute de ces conditions, la légitimité des institutions s’en trouve réduite avec un impact négatif vraisemblable sur la récidive et sur les cognitions et attitudes. La création de camps militaires en France, si elle devait hélas se faire, devrait impérativement intégrer les composants de la légitimité-justice procédurale afin d’éviter de produire un effet nocébo.

Hélas, dans un conteste essentiellement fondé sur la discipline, le respect externalisé de l’ordre et de la soumission à la contrainte, la légitimité a toutes chances de se réduire, d’autant plus qu’elle amoindrit la motivation intrinsèque, celle-là même qui correspond à ce que les praticiens français appellent l’adhésion et qui est la seule qui permette d’espérer des résultats à long terme et non seulement un résultat superficiel, artificiel, factice (Robinson & McNeill, 2008 ; Werth, 2011) et temporaire (Ryan & Deci, 2017). L’on sait qu’il est notamment inefficace de miser sur la motivation extrinsèque (contrainte par autrui ou l’extérieur), et ce notamment avec les délinquants.

Il est important, par ailleurs, de tenir compte du bien-être psychologique et psychiatrique des résidents. Or, sur ce point, la recherche a comparé les boot camps à des institutions traditionnelles pour jeunes délinquants (MacKenzie et al., 2001 b). Elle n’a donc pas comparé, notamment, avec une thérapie systématique familiale, par hypothèse bien plus efficace (par ex. Tan & Restrepo Fajardo, 2017 ; van der Stouwe et al., 2014). Cela étant, dans ce contexte, elle a montré que si les jeunes sont plutôt moins dépressifs et antisociaux dans les camps militaires que dans les institutions pour jeunes traditionnelles, pour autant, l’on trouve un résultat inverse chez les jeunes ayant subi des traumas – soit par hypothèse une proportion non négligeable d’entre eux. Ce que suggère cette recherche est que sur les profils antisociaux l’impact peut être positif (à condition de s’accompagner d’un traitement des besoins criminogènes) alors qu’il est négatif sur les profils vulnérables. Le gouvernement serait donc bien inspiré de ne pas placer dans ce type de structure des jeunes vulnérables sur le plan traumatique et psychologique. Une évaluation initiale et EBP des sujets serait dès lors indispensable.

Il est également important de souligner que la littérature a soulevé le risque tout particulièrement important de ce type de camps pour les femmes, précisément au regard de leur vulnérabilité en raison d’une proportion plus importante encore de trauma, de PTDS et de comorbidité psychopathologique les concernant, comparé aux hommes (Sheehan et al., 2007). La dimension de confrontation, disciplinaire, non sécurisante et non fondée sur un lien thérapeutique rend ce type d’approche tout particulièrement dangereuse pour les femmes (Mckenzie & Donaldson, 1996). L’on ne sait pas si le gouvernement entend inclure les femmes dans ce type de programme. À tout le moins, il serait bien inspiré de ne pas s’aventurer dans cette direction.

S’agissant, justement, de différences individuelles, la littérature a montré que des facteurs statiques différenciaient l’impact des boot camps. Tels étaient le cas : du jeune âge, du plus jeune âge lors de la première infraction (des éléments classiques en criminologie générale : Moffitt, 1993, 2018) ; ou du fait d’avoir déjà été incarcéré en tant que mineur (Benda, 2001). En quelque sorte, cette littérature montre donc une absence d’effet sur ceux qui sont le plus à risque de récidive. Cette même littérature a également montré l’importance différentielle de facteurs dynamiques tels que des déficits psychologiques ou l’influence des pairs antisociaux et délinquants (par hypothèse aussi nombreux dans un boot camp que dans une prison, mais bien moins qu’en famille avec suivi en milieu ouvert). Ces facteurs différencient les récidivistes des non-récidivistes. Inversement, les non-récidivistes disposent des facteurs de protection tels qu’une autoefficacité, une estime de soi, un optimisme sur leur futur et une perception positive des différents aspects du boot camp (Benda, 2001). De même, cette recherche a souligné un fait souvent délaissé des politiques publiques, mais bien connu comme étant un élément majeur en termes d’échec des programmes, soit le taux d’attrition (fuite, violations et révocation et donc arrêt prématuré) assez élevé de ce type de programme en dépit de leur caractère contraint (Benda et al., 1996) ; encore qu’une étude également ancienne avait montré une absence de différence entre non-décrocheurs et décrocheurs (Mckenzie et al., 1995), ce qui suggère à tout le moins que les boot camps étudiés n’avaient aucun composant efficace sur la délinquance.

Différents boot camps

Jusqu’ici nous avons traité « des » boot camps, comme s’il s’agissait d’une seule et unique catégorie. En réalité, il existe une variété de boot camps et il est peu raisonnable d’imaginer qu’ils produisent les mêmes résultats.

Il faut tout d’abord avoir égard au fait que certains sont de nature carcérale (le programme militaire est alors interne à une prison), tandis que d’autres sont certes résidentiels, mais en dehors d’un établissement pénitentiaire. S’agissant de la première catégorie, l’effet négatif est très clair (Stinchcomb & Terry, 2001) : il augmente le nombre de fois où les pensionnaires vont être réarrêtés par la police comparé à des populations subissant de l’incarcération classique, de la probation ou rien du tout.

D’autres différences entre programmes sont visibles, y compris aux États-Unis où ils sont nés. Ainsi, par exemple, certains sont-ils avant tout disciplinaires et militaires, alors que d’autres y font travailler un nombre significatif d’éducateurs ; certains sont réellement fermés sur le monde extérieur, tandis que d’autres permettent aux jeunes de se rendre dans la communauté pour diverses activités (Gover, McKenzie et Styve, 2000).

En troisième lieu et surtout, il faut tenir compte de l’évolution de la conceptualisation des boot camps, à travers le temps notamment à la suite des résultats initiaux très négatifs des recherches (Anderson, Dyson & Burns, 1999 ; Anderson et al., 1999). En effet, si les programmes boot camps furent au départ exclusivement de type disciplinaire, sportif et militaire, les programmes des générations suivantes, surtout à partir des années 2000, à mesure aussi que la science criminologique progressait à grands pas, intégrèrent des dimensions de traitement plus ou moins EPB. Dès lors, ces programmes plus intéressants eurent de meilleurs résultats – du moins des résultats non nuisibles (Kempinen & Kurlychek, 2003 ; Kurlychek & Kempinen, 2006) – causés entièrement par la dimension traitement et réinsertion et non par la dimension militaire, totalement superfétatoire. De même, un boot camp qui traite efficacement de l’abus de substance produit moins de récidive chez les auteurs de faits en lien (Benda et al., 1996) avec ce besoin criminogène majeur (Bonta & Andrews, 2017), précisément parce qu’il cible ce besoin et le traite.

Un paramètre majeur est d’ailleurs, nous l’avons vu, de savoir s’il existe un système aftercare ou reentry comportant à la fois du suivi, du soin et une aide au réajustement à la société (Kurlychek, 2010, 122). Si, comme pour les établissements pénitentiaires, les personnes sont relâchées sans suivi et surtout soutien au retour à la vie civile, alors l’impact est soit nul, soit même nocébo. Or le problème est que très peu de boot camps comprennent à la fois du soin et du traitement durant leur déroulement et un tel aftercare (McKenzie et al., 2004).

En somme, les boot camps n’apportent rien de plus qu’une bonne probation EBP ou une bonne Reentry EBP. Ils sont certes moins chers que l’incarcération (Duwe & Kerschner, 2008), mais certainement bien plus coûteux et moins efficaces qu’une probation EBP. Si, comme en matière de bracelet électronique, ils venaient à faire en réalité concurrence au milieu ouvert plutôt qu’à l’incarcération, ils nous coûteraient dès lors bien plus cher sans efficacité supplémentaire aucune.

Une autre considération importante est la nature de l’approche militaire : simplement structurante, cadrante et formatrice, ou humiliante, agressive et en mode dressage ? Comment garantir que seule la première prévaudrait ? Ce que l’on peut affirmer est que la seconde est particulièrement dangereuse et productrice de récidive (Mathias & Mathews, 1990). Hélas, l’expérience en la matière est plutôt mauvaise, avec des constats d’abus chroniques contre les pensionnaires de ces structures ayant choqué même les Américains pourtant partisans de la manière militaire forte (Clines, 1999).

Conclusion : camp militaire + traitement EBP mieux qu’incarcération mais moins bien que traitement EBP seul

Finalement, ce que les boot camps nous auront appris depuis quatre décennies est qu’il est inefficace et qu’il est dangereux de perdre de vue l’éthique du care (au sens à la fois d’attention, d’écoute, mais aussi de traitement) en matière de politiques pénales et criminologiques (Lutze, 2006).

Pour l’heure, le ministre n’a parlé que de formation militaire et d’octroi du permis de conduire. Espérons qu’à tout le moins les concepteurs sauront tirer parti des quarante dernières années de recherche.

En résumé, face à cette proposition tardive de reproduction de l’échec des camps militaires pour jeunes, l’on rappellera deux règles psychocriminologiques simples :

• une méthode, un programme, une probation, un suivi, un traitement, une approche ne peuvent être efficaces que s’ils traitent des besoins criminogènes des personnes en utilisant des méthodes EBP ;

• une méthode, un programme, une probation, un suivi, un traitement, une approche ne peuvent être efficaces que s’ils sont enracinés dans une organisation et mis en œuvre par des personnels qui présentent les atouts humains et institutionnels modélisant et pratique la légitimité et justice procédurale.

Les idées, vieilles comme nouvelles, ne sauraient résoudre une problématique sociale et humaine aussi complexe que celle de la délinquance. Il serait bien plus efficace sur la délinquance des mineurs et des jeunes délinquants, de :

• faciliter une « révolution EBP » dans la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) pour en améliorer l’efficacité criminologique ;

• de la fusionner avec les services de probation pour adultes (afin d’éviter les difficultés liées au passage PJJ/SPIP) ;

• défusionner les SPIP d’avec l’administration pénitentiaire afin de s’assurer de ce que la culture professionnelle du traitement de la délinquance ne soit pas carcérale ;

• de créer les facultés de criminologie qui avaient été imprudemment supprimées en 2012, afin de donner aux futurs praticiens du traitement pénal les bases indispensables en matière de traitement (le drame de Conflans Saint Honorine attire à nouveau l’attention sur la nécessité de travailler selon les données de la science et de former les générations de praticiens futurs sur de telles bases) ;

• de développer une politique ambitieuse de recherche évaluative indépendante des pratiques pénales afin d’apprendre des erreurs et progresser ensemble.

 

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Notes

1. L’auteur remercie Marie Babonneau pour son aide dans la recherche des sources journalistiques et politiques.

2. Latessa et collègues ajoutaient d’ailleurs que la pratique intensive du sport créait par ailleurs un biais de sélection, seules les personnes physiquement solides pouvant y participer.

3. Notre traduction.

4. Notre traduction.