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Libre cours : Je suis président d’un petit tribunal judiciaire et je cherche la sérénité, le courage et la sagesse

Par Un président de tribunal judiciaire le 04 Avril 2020

Samedi, 15 heures, sur la terrasse ensoleillée d’une grande maison en province (oui, j’admets, il y a des confinements plus difficiles à vivre). Après deux semaines à errer mornement dans un palais de justice vide, ça fait du bien.

Parce qu’un tribunal sans justiciables, sans avocats, sans juges, sans greffiers, c’est carrément glauque.

Pas de familles dans la salle d’attente du juge des enfants. Ces familles dont les enfants sont placés et qu’on va peut-être devoir séparer encore plus strictement pendant le confinement pour ne pas mettre en danger les foyers et les familles d’accueil. Ces autres familles dont les enfants vont raser les murs dans un appartement trop petit pour ne pas énerver Papa. Ces parents envahis par d’autres problèmes, enfermés toute la journée avec des petits à qui ils ne parviennent pas à « poser un cadre ». What could possibly go wrong ?

Pas de couples convoqués devant le juge aux affaires familiales. Ces couples qui cohabitent peut-être encore et vont devoir supporter un confinement commun. Ces parents parfois incapables de communiquer qui vont avoir du mal à gérer les droits de visite et d’hébergement dans ce contexte.

Pas de salle des pas perdus grouillante de ceux qui sont convoqués à l’audience de surendettement ou devant le pôle social. Tous ceux qui vont devoir attendre des mois supplémentaires pour voir leur situation traitée.

Pas de ballet de robes noires, d’avocats qui courent du JAF à la correctionnelle, du cabinet du juge des enfants à celui du juge d’instruction, qui attendent leur tour aux référés, qui vont faire un coucou au greffe et en profitent pour vérifier si leur demande de copie va bientôt être traitée. Ceux qui sont déjà sortis exsangues de leur mouvement de grève et s’inquiètent de leur avenir.

Pas de greffiers qui descendent à l’audience, qui remontent de l’audience, qui restent au-delà de leurs heures pour faire tourner leur service en l’absence d’un collègue, qui cherchent frénétiquement le stylo que le juge a embarqué par inadvertance après avoir signé sa pile de jugements. Ceux qui sont maintenant pour la plupart confinés chez eux et se demandent dans quel état ils retrouveront leur service.

Pas d’agitation à la permanence du parquet, où le JLD passe toutes les heures pour « voir s’il y a quelque chose sur le feu ». Pas d’escorte dans le couloir. Sauf pour les violences intrafamiliales qui commencent à flamber partout en France.

Pas de juges qui discutent d’un dossier, préparent un interrogatoire ou remplissent une valise de dossiers à rédiger chez eux le soir ou le week-end. Ils sont tous en télétravail avec ce qu’ils ont pu emporter en catastrophe quand on a senti venir le confinement.

Pas de permanence de l’association d’aide aux victimes, des associations de médiation, du CDAD. Ils poursuivent ce qui peut l’être par téléphone ou par mail. On avait déjà renvoyé chez eux les délégués du procureur, dont beaucoup ont plus de 70 ans.

Bref, c’est calme façon film d’horreur juste avant la mise en route de la tronçonneuse.

Et pourtant, j’ai l’impression de ne pas avoir touché terre depuis quinze jours. C’est que ça a pris du temps tout ça.

Organiser avec le procureur et le directeur de greffe la fermeture du tribunal et le maintien du traitement des urgences. Résoudre les mille et un problèmes pratiques qui se sont posés dès la première minute : le courrier, l’accueil, les boîtes mail et les fax à relever, le message du standard téléphonique à faire changer et tout le reste. Se répartir les rôles. Rester en lien avec les collègues et les greffiers qui ne sont pas au palais.

Échanger avec le JAP qui cherche à libérer au maximum mais sait très bien que, si un condamné libéré récidive, c’est à lui qu’on viendra chercher des poux dans la tête, pas à Coco le virus.

Frémir en pensant aux mesures d’assistance éducative et de tutelle qui arrivent à échéance, aux délais qui courent. Apprendre avec soulagement qu’il va y avoir des ordonnances. Guetter les ordonnances. Lire les ordonnances. Essayer de comprendre les ordonnances. Tirer les conséquences pratiques des ordonnances et des circulaires. Appeler le bâtonnier. Faire un mail aux collègues. Rappeler le bâtonnier.

Pester contre la cour d’appel, la Chancellerie, le monde entier. Se raisonner en se disant qu’ils n’avaient pas plus de moyens d’anticiper que nous et qu’eux aussi ils improvisent. Pester quand même parce que ça soulage.

Penser à l’immédiat. Penser à l’après.

Écumer les pharmacies pour trouver des solutions hydroalcooliques. Rapporter au tribunal tous les désinfectants de la maison. Retrouver le procureur et le directeur de greffe au palais pour la réunion de la cellule de crise. Rappeler le bâtonnier après la cellule de crise.

S’inquiéter en permanence des précautions prises. Se dire qu’on en fait peut-être trop. Se dire tout de suite après qu’on n’en fait peut-être pas assez. Apprendre que des collègues qu’on connaît dans d’autres juridictions sont malades. Racheter du désinfectant. Culpabiliser par ce que le procureur est au palais tous les jours et qu’on est davantage en télétravail. Aller au palais. Se dire qu’au moins au palais on ne dépend pas du VPN qui crashe toutes les trois minutes. Se planquer pour fumer une cigarette sur le toit.

Passer voir les quelques greffiers et juges qui sont là. Sortir un mètre pour leur montrer qu’ils se tiennent trop près les uns des autres. Voir comment organiser le dépôt des dossiers civils par les avocats et leur récupération pour permettre aux juges en télétravail de prérédiger ce qui sera possible pour gagner un peu de temps au retour. Rappeler le bâtonnier. Enlever des sièges dans la salle d’audience pour obliger tout le monde à respecter les distances.

Vérifier que tout le monde va bien dans la famille. Tenter de compenser par FaceTime et WhatsApp le fait qu’on ne se retrouvera pas physiquement avant l’été puisque pour Pâques c’est foutu. Se dépêcher d’aller remplir un caddie au supermarché et acheter les clopes par cartouches.

Appeler les collègues et les greffiers confinés pour prendre des nouvelles. Signaler une situation inquiétante à l’assistante sociale. Rappeler le procureur et le directeur de greffe.

Commencer à faire le compte des audiences annulées et des dossiers qui s’empilent. Arrêter parce que c’est trop déprimant. S’y remettre parce que plus on préparera le retour mieux on limitera les dégâts. Se dire qu’on va retrouver un champ de ruines. Rallumer une cigarette. Recompter. Voir que, évidemment, ça tombe toujours pareil.

Se demander comment annoncer à la juridiction qu’un de ses membres est hospitalisé. Organiser à distance des activités communes. Prendre des nouvelles de tout le monde. Penser à la fête qu’on se promet d’organiser quand on sera tous revenus au palais.

Rassurer. Rassurer. Rassurer.

Flipper. Grave.

Non, on ne peut pas dire que je vis un confinement façon Sylvain Tesson dans une cabane au fond des bois. Le temps de l’introspection, c’est plutôt la nuit quand je cherche le sommeil en me demandant comment on va faire au retour. Je me rêve en insecte pris dans un bocal qui s’agite pour se heurter sans arrêt aux parois.

Je pense régulièrement à la prière de la sérénité, popularisée par ces épisodes marronniers de séries américaines qui mettent en scène une réunion des alcooliques/stupéfiés/joueurs anonymes : Donne-moi la sérénité d’accepter ce qui ne peut être changé, le courage de changer ce qui peut l’être et la sagesse de faire la différence entre les deux.

Bonjour, je suis président d’un petit tribunal judiciaire et je cherche la sérénité, le courage et la sagesse…

Commentaires

Monsieur le Président,
Si j'ai bien lu votre article, vous y mentionnez trois fois au moins que vous appelez ou rappelez le Bâtonnier.
Vous ne pouvez deviner à quel point c'est rassurant.
Oui, en temps de crise, un Bâtonnier peut être utile à des chefs de juridiction; non, ceux-ci n'ont pas à craindre de perdre leurs prérogatives en instaurant un vrai dialogue avec lui;oui, les avocats sont des êtres majeurs et responsables qui aiment la justice et veulent contribuer à son bon fonctionnement;non, les décisions du Bâtonnier, par exemple lorsqu'il limite les désignations d'office parce que la justice et la police ne peuvent offrir des conditions sanitaires satisfaisantes, ont un sens et ne relèvent pas du caprice.
Je suis Bâtonnier de l'Ordre des Avocats de REIMS, vous êtes, pour le moment, un Président anonyme;lorsque ce temps de confinement sera levé, je serais heureux de faire votre connaissance et de poursuivre cet échange.
Nous avons ici des flacons qui enrichissent l'esprit et délilent les langues.
Sincèrement à vous,
Eric RAFFIN
Bâtonnier de l'Ordre des Avocats au Barreau de REIMS

Monsieur le Président,
MERCI car, à mon échelle de petit cabinet d’avocat avec une salariée en chômage partiel, votre texte fait écho bien sûr avec ma situation et celles de nombre de petits cabinets pour lesquels on peut ajouter les formalités complexes et chronophages pour mettre en chômage partiel le personnel, demander les aides de l’état si possible, comprendre les ordonnances sur les délais, et les autres textes, contradictoires parfois! mais d'abord demander un prêt de trésorerie garanti par la BPI mais qu'il faudra bien payer et comment? Gérer l’inquiétude voire l'angoisse des clients dont parfois nous sommes le dernier recours alors que nous sommes nous-mêmes inquiets sur la suite et la pérennité de nos petits cabinets (je ne parle pas de ceux qui ont des responsabilités ordinales Bâtonnier en particulier) et j'en passe....puis avoir un greffier qui répond au téléphone et là c'est le soulagement! ( je n'osais pas téléphoner pour permettre au personnel présent de se consacrer à leurs tâches essentielles!)...mais soulagement de courte durée: Mme X fait ce qu'elle peut en l'absence d'une grande majorité de collègues et c'est bien compréhensible... Avant de raccrocher, on se promet de l'aide mutuelle pendant et après le confinement notamment sur le traitement RPVA des dossiers et.... on se prend à rêver sur l'après confinement...nostalgiquement à plus de chaleurs dans nos relations devenues dématérialisées à outrance.... A condition que le Tribunal survive (déjà menacé par plusieurs tentatives de suppressions....) car c'est notre plus grande crainte! Mais je me demande aussi ce que sera la Justice demain, comment nous allons travailler, faire ce que nous avons choisi de faire souvent par conviction et parce que nous avons des valeurs proches, communes, fortes? Est-ce que cette crise majeure que traverse notre pays va exacerber le besoin de Justice? Et celui d'une institution forte, enfin reconnue comme un pilier de la démocratie qui, à ce titre, doit recevoir les moyens de fonctionner dignement? Est-ce que les mesures de distanciations sociales et de confinement vont exacerber notre besoin de proximité, d'une justice de proximité? Aurons-nous le temps, les moyens et la force de répondre à ces interrogations? Espérons.
Merci pour votre témoignage

Bonjour
Je suis un petit avocat installé dans les Hauts de Seine. S il y a une certitude c est qu il n y a plus besoin d avocat pendant le confinement que je respecte scrupuleusement. On ne peut s empêcher de faire un parallèle avec la détention qui met entre parenthèse l activité et le temps. Le monde ne changera pas pour autant
On se croirait dans Gotham....
Merci de vos propos que j ai lu avec la plus grande attention.
Bonne journée de confinement

Ce cri est nécessaire dans ces conditions. Je compatis pour avoir été avocate puis entrée dans la Magistrature je n'ai jamais cessé de me
sentir investie d'une mission de service public. Aujourd'hui à la retraite
forcée depuis 10 ans pour atteinte à la limite d'âge(!) je conçois la stupidité de notre ancienne société régulée . Courage à tous .
J'ajoute que nous sommes conscients de la stupidité vaniteuse de certaines règles de classe, de degrés de hiérarchie, de courses effrénées vers la reconnaissance officielle etc...
La philosophie du bien être pour tous doit nous guider me semble-t-il
pour l'avenir.
Mireille Perrot Tomsett

joli texte

et surtout bel étude des sentiments contradictoires par lesquels nous passons quotidiennement
courage...

Bonjour,

Lecture rafraîchissante et "on topic" de votre post ((^_*)).
Vous avez bien fait de publier cet article, afin que les citoyens et justiciables puissent se rendre compte de la situation des personnels de l'institution judiciaire et de tous ceux qui concourent à l'exécution de sa mission.
Comme pour le secteur de la Santé publique et de bien d'autres, il vous sera demandé plus que vous ne pouvez, c'est hélas vrai.

Et dieu sait que bien des fois, j'en arrive à être fortement déconcerté de ses dysfonctionnements, qui pour l'essentiel tient plus à l'indigence des moyens qu'aux insuffisances de ses acteurs.

The "serenity prayer" est un leitmotiv de la philosophie du stoicism et si vous parlez ou lisez en Anglais, je vous invite à vous procurer le livre " How to be a stoic" de Massimo Pigliucci que vous pouvez trouver sur Amazon.
Il existe aussi en audiobook (6 heures) et je crois que cela vous plaira.

Ce serait bien de tenir une chronique, un journal ou un blog dans votre cas (comme celui du magistrat Huette).

Bien à vous et à l'institution.

Un magnifique témoignage...puisse-t-il inspirer d'autres Présidents. Sérénité, courage et sagesse vous habitent déjà...n'en doutez pas.

Frédéric Kieffer, avocat au barreau de Grasse

Pourquoi ne pas indiquer le nom dudit tribunal ? Bien cordialement. Claude VOLNY-ANNE.

Cher(e) collègue, vous avez tout dit tout décrit et vous m’avez émue et fait sourire. Je vous envoie sérénité, courage et sagesse dans les proportions que je peux donner en cette période quasi irréelle .Bien à vous

C'est beau, mais dur, lourd, difficile à vivre.
Je vous souhaite beaucoup de courage, de patience, d'abnégation pour supporter, ce silence, ce manque de travail, pour aider à sauver des familles des enfants.
Je vous admire

Bonjour
J apprécie votre article qui démontre une vision des choses cohérentes et humaines

Je suis une mamie de 57 ans, dont les petits
Enfants sont placés. En ce moment je n ai pas de droit officiel pour appeler mes petits Enfants
Pour les rassurer , les écouter ...méme Si le lien d amour est très fort et réciproque
Je ne Suis qu une grand mère !
Je suis aussi assistante sociale ce qui dérange ,je me bats contre les incohérences
Du système ,un peu trop fort ...
J écris, j attends...
Pas de réponse !
Mes petits enfants grandissent....souffrent....

Je trouve votre message hurlant de vérité ! Mais qui est "agreable " à lire , tant on se retrouve ....à la lecture ! Et le sentiment de solitude s évapore.....
Un constat de tous les jours , pour tout inentervenant , à tous niveaux dans le milieu judiciaire !
Tous les jours, à notre degré de responsabilité...on essaie d avancer avec nos moyens ....telephone , 'Whatsapp , réseaux outils précieux a ce jour ....tout en pensant au futur !
Une enquêtricesociale et de personnalité

Pourquoi ne pas indiquer le nom dudit Tribunal . Bien cordialement. Claude VOLNY-ANNE.

Cher Président,
C'est épatant votre description émue du silence qui s'abat sur votre infortuné tribunal, mais on ne peut s'empêcher de penser à cet aphorisme (qui est une sagesse prédigérée) de G. FLAUBERT ;
"grisons nous d'encre puisque le nectar des dieux nous manque" !

Merci beaucoup pour ce témoignage humble et profondément humain de votre souci de chef d'une petite juridiction. Pour prolonger et accompagner votre recherche de sagesse, sérénité et courage, je me permets de vous conseiller la lecture du petit ouvrage de Simone Weil, " Pensées sans ordre concernant l'amour de Dieu ". Il y est question de cette fragile humanité, de cette notion de malheur , que nous côtoyons régulièrement dans ces enceintes juridictionnelles. Il y est question également, à la fin, de la justice, notamment pénale. Lumineuse pensée, qui peut en effet remplir le temps du confinement.
Bonne lecture.
Bien cordialement.

Texte lucide, bienveillant claircotant, responsable, plein d'humanisme.
Merci

Merci de ce partage qui me fait sentir nettement moins seule...je suis directrice de greffe et profite de ce samedi de confinement pour mediter..et tenter de transformer ma colère mon impuissance mon desarroi en la même recherche de sérénité courage et sagesse...avec toute ma gratitude pour me redonner la force d affronter la semaine à venir

Merci de ce partage qui me fait sentir nettement moins seule...je suis directrice de greffe et profite de ce samedi de confinement pour mediter..et tenter de transformer ma colère mon impuissance mon desarroi en la même recherche de sérénité courage et sagesse...avec toute ma gratitude pour me redonner la force d affronter la semaine à venir

Article bouleversant : tout est dit et bien dit avec beaucoup d’humanité...

Témoignage remarquable. A lire absolument. A déguster, même ! Au bonheur de plume il ajoute une ouverture de cœur et une intelligence d'analyse de la situation.

Merci du fond du coeur

Petit ou grand Tribunal Judiciaire.. force et sagesse

Votre respectueusement dévouée

Dominique Beyreuther Minkov
Avocate paris

Merci Monsieur le Président

Grand ou petit Tribunal Judiciaire.. quelle importance au fond

Force et Sagesse

Votre respectueusement dévouée
Dominique Beyreuther Minkov
Avocate , Paris

Votre texte, vos questions, vos doutes, nourrissent une vraie réflexion.

Sans doute n’auriez-vous jamais pensé vivre votre humanité ainsi.

Mais au moins, vous savez, ou devez savoir, que vous êtes profondément utile.

D’autres, avocats, sont confinés avec des dizaines de dossiers qu’ils n’arrivent même pas à traiter correctement, voire tout simplement à faire.

Les avocats travaillent au cabinet, parfois au palais, et occasionnellement à la maison. Ils ne rédigent pas à la maison comme les magistrats.

En général, le travail à la maison le week-end, c’est pour lire certains dossiers, des affaires complexes où il faut prendre des notes que l’on exploitera le lundi en rentrant.

L’équilibre psychologique de l’avocat (dont beaucoup ont un cerveau où des petits vélos volés tournent en rond) s’altèrent par leur disparition sociale et sociétale : l’absence de contact physique avec les justiciables, avec les confrères, avec les magistrats, avec les greffiers, avec les policiers, et avec toute la société civile. L’avocat est une espèce grégaire.

À la maison, les dossiers perdent alors, en apparence ou en réalité, leur intérêt.

La vie voit alors le centre de gravité de son existence se déplacer.

Elle glisse des codes Dalloz aux codes de BFM (je n’ose pas évoquer l’atrocité de ces situations dramatiques où la télécommande reste obstinément bloquée sur les Anges de la téléréalité de NRJ 12). Des téléviseurs ont dû être défénestrés. Mais le nombre est tenu secret par le Gouvernement pour cause de sureté de l’État…

Pour reprendre un propos moins léger, la situation de réclusion actuellement m’a personnellement amené à réfléchir sur l’emprisonnement, son sens, son intérêt, la souffrance qu’il provoque.

Mais peut-on comparer ceux qui payent leur dette à la société (ou tout au moins ceux qui en sont retirés pour éviter les comportements qui portent trop atteintes à la société) avec ceux qui subissent le confinement (ce qui n’a rien à voir) sans être responsable de quoi que ce soit mais qui s’identifient à ces détenus.

De tout ce qui se passe, il se profile déjà des demandes de comptes ultérieures. Juger les coupables de la défaite sanitaire, procéder à une épuration et enfin réconcilier tout le monde au nom de la Concorde, en prenant quelques libertés avec le droit.

Et il ne faudra s’attendre à rien. Nous n’en tirerons rien. Toute notre histoire politique n’a été qu’une succession de non-lieu « techniques » homéopathisés par des dilutions de responsabilité.

De Tchernobyl à la grippe H1N1 (qui ont un point commun avec le Covid-19 : la connaissance de l’existence de l’agent ennemi mais l’invisibilité de l’agent ennemi).

Tout un programme.

On ne peut pas vous laisser comme ça tout de même.

Je vais vous prescrire une petite ordonnance :

Article 1er : invitez votre bâtonnier en exercice à la cellule de crise du tribunal. D’abord ça fait croire qu’on est important. C’est hypocrite mais ça marche. Certes, aucun n’a de pétrole ni de masques FFP2 mais parfois ils ont quelques idées. Savoir et dire à ces Confrères qu’on l’on est dans le cœur du réacteur du tribunal et pas sur les marches du palais pour écouter aux portes apporte aussi du réconfort aux auxiliaires de justice. Cela peut avoir beaucoup de sens et « retisser » (mot inventé par les JE et JAF en panne de vocabulaire) un lien qui a été souvent altéré

Article 2 : La pub pour les cloppes c’est interdit. C’est grave pour un juge. Le CSM vous guette sournoisement

Article 3 : Arrêtez de dire que vous fumez sur la terrasse du palais de justice. Les analyses ADN de la moquette de votre bureau prouveront le contraire.

Article 4 : Veuillez cesser votre futur cancer du poumon. On ne doit plus pouvoir respirer dans les couloirs chez vous. Ce n’est pas des masques FFP2 qu’il faut mais ceux de l’armée.

Article 5 : Il faudra faire des économies et la CPAM ne paiera pas votre chimio. Privilégiez votre futur diabète et mangez du bon chocolat (de préférence). Avec un avocat de bonne foi, vous pourrez accuser la machine à café du palais en lui reprochant d’avoir introduit du sucre dans votre gobelet à l’insu de votre plein gré.

PS : J’aimerais bien être un avocat du cru et vous avoir connu avant la crise. Avant, pendant et après…

PS 2 : en cas de faute d’orthographe, coquille et mots qui manquent : je suis responsable mais pas coupable. Le département d’État niera avoir eu connaissance de mes agissements coupables.

Pourquoi ne pas avoir mentionné le nom de la juridiction concernée ? Bien cordialement. Claude VOLNY-ANNE.

Monsieur le président,
J'ai beaucoup aimé vous lire, beaucoup aimé votre humanité.
Un grand merci de penser à vos fonctionnaires et aux justiciables et pas seulement à vos collègues magistrats. J'espère que chacun mesure la chance de vous avoir à la tête de cette juridiction.
Prenez soin de vous, Monsieur le président !

Mr le President imaginez la détresse d une mère à qui on énlevé son enfant de 4 ans pour placement et internement abusif sans consentement pour avoir devoiler ses abus sexuelles commis en structure par son père reconnu et que nous n arrivons pas à faire reconnaître car beaucoup de conflits d intérêt l enfant voués à la prostitution infantile que personne ne ni justice ni avocat car compromis alors un tribunal fantôme sourd à votre douleur la justice ou est elle

Mr le President imaginez la détresse d une mère à qui on énlevé son enfant de 4 ans pour placement et internement abusif sans consentement pour avoir devoiler ses abus sexuelles commis en structure par son père reconnu et que nous n arrivons pas à faire reconnaître car beaucoup de conflits d intérêt l enfant voués à la prostitution infantile que personne ne ni justice ni avocat car compromis alors un tribunal fantôme sourd à votre douleur la justice ou est elle

Conclusion chômage au tgi . Voyez comment les delinguant et voyous vous font vivre à la sueurs de leurs jugement alors prochaine fois respecter les plus que vous ne le faite. Parceque si vous manger et vivre bien seigneur meprisable que vous etes c est grâce au justifiable et non au sans bleu impuni Chirac balkani mr Renault sarkozi et tout les autre escro colt blanc

Tellement vrai.. Tout est dit..

Bonjour j’ai besoin de votre aide je vis avec ma fille un terrible calvaire, elle est prisonnière d’une injustice provoquée par un médecin chirurgien pédiatre et en proie à des complices corrompus à subir des violences en toute impunité depuis 2 ans , elle endure ce calvaire.
C’est terrible
On a besoin de la sortir de cet enfer , ils mentent ils trichent ils font usage de faux, usurpent des identités, des titres et des fonctions pour arriver à leur fin , cacher les violences de ma fille et la tenir en otage pour me taire sur l’existence d’un réseau pédophiles .

Éloquent...

Éloquent...

Merci pour votre témoignage, et courage.
Et je ne doute pas que vous trouviez.

Je suis un petit avocat de province.
J’ai fait grève huit semaines.
Je suis tombée malade trois semaines.
J’ai eu peur de devoir affronter la mort.
En réalité c’etait Fatiguant mais ce n’etait Pas si grave.
De toute façon rien ńest grave sauf la mort pour ceux qui restent.
Alors un pas après l’autre, un dossier après l’autre, une urgence après l’autre, on y arrivera.
Prenez bien soin de vous.
Emmanuelle Osmont
Avocat

Monsieur le Président,

Nous avons bien les mêmes soucis, vous dans votre "petit" tribunal judiciaire, nous dans notre cabinet d'avocats. Les mêmes craintes pour la sécurité des collègues, pour le sort de toutes nos procédures soudainement figées, les mêmes appréhensions par rapport à ce retour tant attendu, qui peine pourtant à se profiler clairement... La même envie d'aller se griller en douce une petite clope sur le toit comme pour s'aider à prendre de la hauteur sur cette situation aussi inédite que tragique.

Que vous dire, sinon que beaucoup gens comptent sur vous, sur nous, et qu'il nous faut bien garder la tête froide face à cette pandémie qui risque de surcroît de grossir la panière chargée des nouvelles plaintes aux Procureurs pour mise en danger de la vie d'autrui etc...

Quand l'heure du déconfinement sonnera, ce sera plus que jamais un grand plaisir de pouvoir inscrire une audience sur l'agenda hebdomadaire !

En attendant, bon courage à vous, et n'oubliez pas de prendre soin de vous :)

Céline H

Monsieur le Président,

Nous avons bien les mêmes soucis, vous dans votre "petit" tribunal judiciaire, nous dans notre cabinet d'avocats. Les mêmes craintes pour la sécurité des collègues, pour le sort de toutes nos procédures soudainement figées, les mêmes appréhensions par rapport à ce retour tant attendu, qui peine pourtant à se profiler clairement... La même envie d'aller se griller en douce une petite clope sur le toit comme pour s'aider à prendre de la hauteur sur cette situation aussi inédite que tragique.

Que vous dire, sinon que beaucoup gens comptent sur vous, sur nous, et qu'il nous faut bien garder la tête froide face à cette pandémie qui risque de surcroît de grossir la panière chargée des nouvelles plaintes aux Procureurs pour mise en danger de la vie d'autrui etc...

Quand l'heure du déconfinement sonnera, ce sera plus que jamais un grand plaisir de pouvoir inscrire une audience sur l'agenda hebdomadaire !

En attendant, bon courage à vous, et n'oubliez pas de prendre soin de vous :)

Céline H

Suis sincèrement désolée de cette situation et présidente de l’association qui regroupe les médiateurs judiciaires près la cour d’appel d’Aix en Provence, nous mettons une « task force » en place pour aider au mieux les magistrats dès la reprise ! Courage !

Merci de nous faire prendre conscience de ce qu' est la vie d un tribunal et de la justice en temps de guerre mais aussi de paix.
Merci d être la au travail pour nous par tous les temps.

Merci à vous pour votre article sensible et juste. Je suis juge des enfants et m’inquiète pour les familles, nos justiciables et les avocats.
Pour la sagesse, vous l avez déjà.
Reste à nous armer de patience... et a souhaiter que les armes ne prennent pas le relais.

Je suis une « petite » , je ne connais pas ce monde du juridique mais je suis époustouflée De voir Le travail, la souffrance, l abnégation d’un président d un »petit tribunal » pendant ce confinement ou bcp se plaignent. C’est bien d’apprendre toute ces choses et de le faire savoir, nous qui souvent vs critiquons ! Bravo à vous tous, bravo madame monsieur le, la Presidente ! Je vous envoie plein de bonnes ondes et je peux vous assurer que du courage vs n’en avais pas besoin ! vous en avez à revendre ! Je vous dis merci.

tout est dit!

Je ne travaille pas ds un tribunal mais je me rends compte que l'après confinement va être dure et surtout je pense a tte c'est famille en souffrance..quel travail extraordinaire vous fêtes !! Je vous envoie plein de force et de courage .a vous tous et merciii

Merci de partager ce témoignage avec nous. Pour ma part je suis greffière sans télétravail qui s'inquiète pour son retour en se disant que finalement s'il y a un retour c'est que le pire est évité.

merci pour vos paroles simples mais si parlantes pour ceux qui participent à la vie judiciaire ! Tout est dit : de l'inquiétude au questionnement permanent , voire aussi de la culpabilité due à la crainte de ne pas en faire assez , tant pour le travail que pour les autres , de tourner en rond ne sachant par où commencer etc.....!
Bref , rassurant et sympa de constater que ce "coco virus" n'a de bon côté que celui de nous faire réfléchir comme rarement !
Quant à l'équipe de votre Tribunal, elle pourrait être plus malchanceuse ....!

Tout est dit...tout est vrai....et cela fait peur..

Un simple mot, courage, Monsieur le Président. J'en rajoute un autre, merci.

Un simple mot, courage, Monsieur le Président. J'en rajoute un autre, merci.

Bravo pour votre ténacité, votre acharnement à bien faire. J’admire beaucoup les métiers de la Justice.
Moi, je tiens un tout petit restaurant, en Bretagne. Nous sommes passés à la vente à emporter. Une façon de garder le contact avec la clientèle et de maintenir du lien social dans notre rue.
Comme vous, nous sommes toujours là, au quotidien, tentant d’amortir le choc. Mais très flippés par l’après.
Surtout, pourvu que tout ne reparte pas comme avant. Profitons-en pour changer les bases. Merci pour votre billet

Un homme proche du burn-out qui lance une bouée à la mer en somme
Vous devez lâcher prise.... parce qu au fond ce que vous cherchez vous l'avez déjà, il suffit juste d'arrêter de focaliser. Changer vous les idées (surprenez vous) et surtout .... n'oubliez pas de prendre le temps de respirer car tout vient à point à sait qui attendre, observer.

Du vécu, j'ai l'impression que l'on parle de mon petit tribunal de Dordogne. Pour nous l'accueil téléphonique est assuré mais pour le reste c'est exactement ça. Merci pour ce super article

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