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Portrait

Berryer, itinéraire d’un tribun engagé

par Thibault de Ravel d'Esclaponle 19 avril 2013

Dans la famille Berryer, je demande le fils…Pierre-Antoine. Il faut d’emblée le préciser car il y avait déjà le père, Pierre-Nicolas, lequel avait eu son petit succès d’abord au parlement de Paris, puis au Palais. Une telle filiation pourrait d’ailleurs convaincre de la réalité de la génétique, car le talent oratoire de Pierre-Nicolas semblait bien établi et avait assis sa réputation comme avocat. Remarqué par l’illustre Gerbier, il s’était fait une belle clientèle, dont étaient certains ministres versaillais, se spécialisant notamment en matière financière et commerciale. Cependant, même si la figure paternelle n’est pas sans importance, c’est du fils que l’on parlera ici. Car c’est bien de lui dont la postérité se souvient, lui qu’un buste représente encore dans la salle des pas perdus du palais de justice. Et selon une logique toute freudienne, le fils a dépassé le père, Pierre-Antoine a supplanté Pierre-Nicolas. Tentons donc de brosser, à gros traits peut-être, un portrait de Berryer. Un portrait pas forcément approximatif, au sens où l’entend la conférence éponyme, mais susceptible de rendre compte de cette figure majeure du barreau parisien du XIXe siècle, tout autant que de la scène politique française.

L’histoire de Berryer fils ne commence pas en province pour aboutir à Paris, à la faveur d’une habituelle entreprise de délocalisation, celle d’un rejeton souvent soucieux d’échapper à l’emprise familiale. Ça, c’est l’histoire de Berryer père, fraîchement arrivé de Sainte-Ménéhould pour faire carrière dans la capitale. Tout au contraire, Pierre-Nicolas naît à Paris, le 4 janvier 1790, dans le voisinage de l’église Saint-Merri. À l’époque, ce n’est pas encore vraiment le Paris bobo, mais plutôt celui des troubles, le Paris qui s’échauffe. D’ailleurs, Berryer naît au cœur de la tourmente révolutionnaire. À la suppression du barreau, le père choisit de continuer d’exercer et endosse la fonction de défenseur officieux, ce qui l’expose quand même un peu, à une époque où, précisément, il est de meilleur aloi de se faire discret. Et comme il n’est pas forcément dans les petits papiers de Fouquier-Tinville, il risque de près la guillotine. Thermidor passe, Berryer père n’est pas inquiété.

Une fois que les choses se sont calmées, Robespierre bien enterré, le collège des oratoriens de Juilly ouvre de nouveau ses portes et Berryer fils y est inscrit, en 1797. Le futur tribun n’est pas ce que l’on pourrait appeler un bon élève, mais il se fait déjà remarquer pour son ascendant sur petits camarades, dont devait d’ailleurs faire partie Jérôme Bonaparte. Et notamment pour cette raison, le collège reçut à cette époque la visite du jeune général Napoléon, encore...

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Pierre-Antoine Berryer

Pierre-Antoine Berryer (1790-1868) est le modèle de l’avocat dans la cité, alliant avec succès une brillante carrière de plaideur et un engagement politique l’ayant conduit à l’assemblée.