François Asselineau : augmentation des effectifs de magistrats et de greffiers, abrogation de la loi Macron pour garantir le statut des professions réglementées, séparation des budgets judiciaires/pénitentiaires, autonomisation budgétaire des juridictions.
Jacques Cheminade : « Je propose un milliard de plus tout de suite » pour le budget de la justice, écrit-il. Il coupera « les cordons ombilicaux » entre parquet et siège, réformera le Conseil supérieur de la magistrature et remettra à plat l’enseignement de l’École nationale de la magistrature, rebaptisée « École de la Justice ». Les juges d’instruction auront, par exemple, obligatoirement dix ans d’expérience. À noter : la fusion entre ordres juridictionnels et sanction accrue contre les magistrats.
Nicolas Dupont-Aignan : Le candidat de Debout la France souhaite séparer fonctionnellement les juges et les magistrats du parquet (seuls les magistrats du siège bénéficieront de l’inamovibilité. Les magistrats du parquet agiront sous la direction d’un procureur départemental et défendront directement leurs dossiers en appel). D’après lui, il faudrait instituer un pouvoir de surveillance démocratique sur l’action conduite par les procureurs de la République et entamer une réflexion sur l’élection des procureurs.
Nicolas Dupont-Aignan veut faire revenir la majorité des magistrats actuellement en administration centrale dans les cours et tribunaux. Autre souhait : « interdire la politisation des syndicats dans la magistrature ». Pour « éviter que perdurent des pratiques locales nuisibles », il est favorable à la création de comités d’usagers dans chaque cour d’appel où les hommes de loi (présidents et conseils des Ordres) se rencontreraient à huis clos pour se prononcer sur la qualité de la justice rendue.
Concernant la profession d’avocat, Nicolas Dupont-Aignan aimerait que le réseau privé virtuel des avocats (RPVA) soit repensé, en concertation avec les Ordres. Il propose une suppression de la TVA des honoraires pour « les dossiers non professionnels » (droits des personnes, des salariés, du logement, des consommateurs).
François Fillon : « Les moyens de la justice sont très insuffisants. Avec 8 milliards d’euros, dont plus de la moitié dédiée aux services pénitentiaires, le budget de la justice se situe dans la moyenne basse des pays européens », a écrit François Fillon dans son programme. Lors de la présentation du « cadrage financier » de son projet présidentiel, le 14 septembre dernier, le candidat avait évoqué une augmentation de 12 milliards d’euros pour la défense, la justice et la police d’ici à 2022. Depuis, il a précisé ce chiffre : 1,5 milliard d’euros pour « le budget de fonctionnement de la justice ».
François Fillon veut 300 postes de plus et « recentrer la justice sur ses missions essentielles » (développement de corps intermédiaires tels que les assistants de justice, par exemple). Il souhaite également diversifier l’origine et le profil des magistrats « en augmentant de manière significative le nombre de magistrats recrutés hors école de la magistrature ». Pour rappel, les magistrats « intégrés » représentent 26 % du corps (v. Dalloz actualité, 4 janv. 2016, art. M. Babonneau isset(node/176458) ? node/176458 : NULL, 'fragment' => isset() ? : NULL, 'absolute' => )) .'"'>176458).
Sur l’épineux sujet de l’indépendance du parquet – promesse non tenue de François Hollande –, le candidat de droite a-t-il changé d’avis ? En 2015, c’était, selon lui, au garde des Sceaux de définir la politique pénale et l’indépendance du parquet devait être « renforcée à l’égard du pouvoir » (François Fillon, « Faire », sept. 2015). Il plaidait pour une nomination des magistrats du parquet sur proposition du gouvernement avec avis conforme – et non plus favorable – du CSM. Ce qui aurait nécessité, en principe, une réforme constitutionnelle1. Sur le site de campagne, la proposition a disparu ainsi que le terme « indépendant » un temps accolé à « Une justice simple et efficace ». La question du syndicalisme au sein de la magistrature ne figure plus sur le site de campagne.
Benoît Hamon : « Pour assurer la protection des citoyens avec plus d’efficacité et de rapidité », le candidat du Parti socialiste indique que les moyens de la justice – civile, sociale, pénale – seront augmentés. « Je poursuivrai sa modernisation et sa simplification afin qu’elle soit plus accessible et plus proche, pour les petites comme pour les grandes affaires », promet-il.
Jean Lassalle : « Je veux enfin que les Français retrouvent confiance dans leurs services publics de santé et de justice. Outre leur refinancement, je souhaite que ces deux services publics en crise profonde soient rebâtis en lien direct avec nos compatriotes. », écrit-il. Sur son site de campagne, le député des Pyrénées-Atlantique parle davantage d’un projet global. Nous n’avons donc pas trouvé de propositions spécifiquement axées sur la justice et la sécurité.
Marine Le Pen : Pour la candidate du Front national, il faut augmenter le nombre de postes de magistrats, notamment par un recrutement au tour extérieur. « Afin de rompre avec la culture du laxisme », elle opte pour la suppression de l’École nationale de la magistrature et la création d’une filière de formation commune aux carrières judiciaires (avec des écoles d’application).
Emmanuel Macron : Le candidat d’En marche ! veut faire adopter la révision constitutionnelle relative au Conseil supérieur de la magistrature (CSM rénové, présidé par un non-magistrat ; nominations des membres du parquet alignées sur celles des magistrats du siège par généralisation de l’avis conforme). Il souhaite consolider l’interdiction faite au ministre de la justice de donner des instructions dans les affaires individuelles.
Jean-Luc Mélenchon : Le programme du candidat de La France insoumise évoque une loi de programmation pluriannuelle fixant l’objectif d’une « nette » augmentation du budget en cinq ans (+ 2,5 milliards d’euros ajoutés aux 6,9 milliards du budget prévu en 2017). Il prévoit une « augmentation de moitié des effectifs des services judiciaires », « en recrutant 18 000 magistrats, greffiers et personnels administratifs ». Autre engagement : la rénovation et construction de nouveaux locaux pour les tribunaux.
Selon Jean-Luc Mélenchon, il faut supprimer la possibilité pour les magistrats de passer du parquet au « siège ». Il veut un renforcement de l’indépendance des juges d’instruction par la collégialité et le détachement d’officiers de police judiciaire auprès des juridictions « afin d’éviter l’intrusion de la hiérarchie du ministère de l’intérieur au cœur des enquêtes sensibles ». Il opte pour le remplacement du CSM par un Conseil supérieur de la justice désigné pour partie par les magistrats et le Parlement, devant lequel il sera responsable.
1. Pour rappel, depuis la loi organique n° 2016-1090 du 8 août 2016 relative aux garanties statutaires, aux obligations déontologiques et au recrutement des magistrats ainsi qu’au Conseil supérieur de la magistrature, les procureurs généraux près la Cour de cassation et les cours d’appel ne sont plus nommés en conseil des ministres afin de favoriser leur indépendance du pouvoir exécutif.