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Interview

Archives du procès Barbie : un « point de départ de l’ouverture des autres grands dossiers jugés par la France » ?

Le 3 juillet, les ministres de la justice et de la culture, Mmes Nicole Belloubet et Françoise Nyssen, ont annoncé l’ouverture des archives judiciaires du procès de Klaus Barbie, le chef de la Gestapo lyonnaise. Entretien avec Denis Salas, président de l’Association française pour l’histoire de la justice (AFHJ), sur cette décision.

le 25 juillet 2017

Il est expulsé vers la France le 5 février 1983 de Bolivie, où il coulait des jours paisibles sous l’identité de Klaus Altman après avoir collaboré avec les services secrets du pays. Klaus Barbie, inculpé de crimes contre l’humanité, notamment pour l’arrestation et la déportation de 44 enfants juifs à Izieu (Rhône), sera jugé du 11 mai au 3 juillet 1987 par la cour d’assises du Rhône et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il est mort en détention le 25 septembre 1991 (v. le site du mémorial de la Shoah à Paris, qui consacre une exposition à ce procès).

Ce fut le premier procès pour crime contre l’humanité en France et le premier à être filmé en vertu de la loi du 11 juillet 1985, dite loi Badinter, sur la constitution d’archives audiovisuelles.

Cette décision d’ouverture des archives intervient trente ans, jour pour jour, après la condamnation de Klaus Barbie, surnommé le « boucher de Lyon ».

L’accès aux archives est régi par l’article L. 213-2 du code du patrimoine. Il prévoit que les affaires examinées par les juridictions ne sont pas accessibles avant un délai de soixante-quinze ans ou de vingt-cinq ans à compter du décès de l’intéressé. Notion qui comprend la personne poursuivie, les témoins, les parties civiles, etc.

Les ministres de la justice et de la culture l’ont justifié par la politique d’ouverture des archives de la Seconde Guerre mondiale « dans le but de contribuer sans relâche à lutter contre le révisionnisme et l’oubli » (outil de recherche des archives Barbie). 

 

Pierre-Antoine Souchard : Que peut-on attendre de l’ouverture des archives du procès de Klaus Barbie ?

Denis Salas : Il ne faut pas avoir d’attente excessive. Beaucoup d’avocats ont versé leurs archives au Mémorial de la Shoah ; elles sont visibles dans l’exposition qui se tient actuellement sur le procès Barbie.

S’il faut en attendre quelque chose, c’est plutôt sur le déroulement de l’instruction menée par le juge. Peut-être cela...

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Denis Salas

Denis Salas est magistrat, président de l'Association française pour l'histoire de la justice (AFHJ) et directeur scientifique de la revue Les Cahiers de la Justice (ENM/Dalloz).