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Interview

Un avocat œuvre pour que la France restitue au Bénin des biens culturels

Il s’agit de milliers de biens culturels pillés par les soldats français en 1894 dans la région Abomey, explique Richard Sédillot. L’avocat évoque le droit applicable en la matière et les actions envisagées.

le 5 mai 2017

La rédaction : Vous intervenez pour le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) Bénin et plusieurs rois traditionnels du Bénin afin que la France restitue à ce pays des biens culturels issus du patrimoine béninois qui se trouvent notamment au musée du quai Branly1. Quelle est la position de la France sur cette question ?

Richard Sédillot : Cela fait assez longtemps que la France tergiverse. Avant que le président de la République béninoise ne demande lui-même, en août 2016, la restitution de ces biens, des demandes avaient déjà été faites par la société civile. Dans une lettre du 12 décembre 2016, le ministre des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a répondu que ces biens sont soumis aux principes d’inaliénabilité, d’insaisissabilité et d’imprescriptibilité. Et que la restitution est donc contraire à la loi française. Jean-Marc Ayrault prend aussi parti du fait que ces biens sont dans les collections nationales depuis longtemps.

La rédaction : De quel type d’œuvres s’agit-il ?

Richard Sédillot : Ce sont des statues, des récades (sceptres royaux), les portes d’un palais et des trônes royaux. Il s’agirait d’environ 5 000 biens culturels. La France avait conquis militairement la région Abomey [située au Bénin, ndlr]. Le roi Béhanzin, vaincu par les armées coloniales, avait été déporté en Martinique. Les trésors de son palais ont été pillés par les soldats français en 1894. Un officier français, le général Dodds, les a ramenés en France et en a fait don à l’État.

La rédaction : Ces biens participent-ils à l’identité culturelle et nationale du Bénin ?

Richard Sédillot : Oui. Le royaume d’Abomey a rayonné avec une culture particulière à...

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Richard Sédillot

Richard Sédillot est avocat au barreau de Rouen depuis 1988. L'avocat plaide très régulièrement à l’étranger, notamment à l’occasion de procès politiques. Il est vice-président de la commission internationale et membre de la commission des droits de l’homme du Conseil national des barreaux.

Richard Sédillot est cofondateur de l’association La voie de la justice et administrateur de la Conférence internationale des barreaux.