Selon les chiffres de l’Observatoire de l’Égalité créé en 2012 sous le mandat de Christiane Féral-Schuhl, l’écart de revenu moyen entre les avocats et avocates s’élève à 42 % à Paris, 40 % des avocates quittent le barreau dans les dix premières années (20% chez les hommes) et le pourcentage d’associées stagne entre 15 et 20 % selon les sources. A cela, le rapport de la caisse nationale des barreaux français de septembre 2015 ajoute que sur toute la France, au bout d’un an d’exercice, le revenu moyen annuel des avocates s’élève à 39 096€ quand il est de 19,7 % plus élevé pour les hommes, soit 46 794€. Il faut rappeler que depuis 1985, les femmes sont plus nombreuses à prêter serment que les hommes, qu’elles étaient en 2015 54,4 % en province et 53 % à Paris contre 48 % partout en 2005 selon l’Observatoire du Conseil national des barreaux (CNB). Toutefois, force est de constater qu’en France, les femmes sont également peu nombreuses à la tête des grandes entreprises. Et que les inégalités de salaires, si elles tendent à se réduire, demeurent dans tous les secteurs de la société. Selon les statistiques réalisées sur l’année 2013 par l’INSEE, les cadres hommes gagnent 20 % mieux leur vie que les femmes.
Preuve d’une prise de conscience générale du manque de parité chez les avocats, la commission Direction juridique au féminin du Cercle Montesquieu présentait avec le magazine Décideurs ses chiffres dans le cadre d’une publication de mars 2014 : « le pourcentage moyen d’associées au sein des cent plus importants cabinets d’affaires dans les Décideurs 100 est seulement de 22,48 % en 2012 ». Et d’épingler en « mauvais élèves en France », les cabinets Freshfields Bruckhaus Deringer avec 3,8 % d’associées pour 60 % de collaboratrices ou Darrois Villey Maillot Brochier avec 1 associée sur 20 pour 38,7 % de collaboratrices. Sans oublier de féliciter « les champions de la mixité » incarnés par le cabinet français Flichy Grangé Avocats (12 sur 20), l’Anglais Bird&Bird (14 sur 24), ou l’Américain Proskauer (5 sur 7).
Membre du conseil de l’Ordre et du conseil d’administration de l’association « Femmes et Droit », Valérie Duez-Ruff a créé Moms à la barre en 2010, une association qui propose des « outils et bons plans » pour aider les avocates à « mieux concilier vie privée et vie professionnelle ». Plus de la moitié d’entre elles à Paris estimaient ne pas parvenir à trouver un équilibre entre les deux selon une étude du barreau de 2009. Par ailleurs, 71 % des avocates déclaraient avoir été confrontées à des difficultés lors de leur grossesse, 25 % ne prenaient pas de congé maternité et 7 % étaient licenciées en fin de grossesse. En 2013, l’avocate réalisait une enquête à laquelle 1 000 consœurs répondaient spontanément en deux semaines. Il en ressortait que la maternité survient en majorité dans les dix premières années d’exercice ce qui correspond par ailleurs à la période d’accession au statut d’associé au sein d’un cabinet. Deux réalités qui semblent ne pas coïncider.