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« Biens mal acquis » : plainte de l’avocat William Bourdon contre un témoin de la défense

L’avocat William Bourdon, conseil de Transparency International France, partie civile au procès de Teodoro Nguema Obiang Mangue, fils du président de Guinée équatoriale jugé à Paris dans l’affaire des « Biens mal acquis », a annoncé vendredi vouloir porter plainte en diffamation contre le mercenaire qui, lundi, l’a accusé d’avoir participé à un complot contre le père du prévenu.

Depuis le début du procès Mes Emmanuel Marsigny et William Bourdon, respectivement avocats de la défense et de la partie civile, se livrent une bataille sans merci. Aux arguments de droits succèdent les petites phrases assassines et inversement. Les deux avocats, sur la même rangée de chaises, mais assis à chacune des extrémités se livrent à un continuel ballet. Quand l’un s’assoit, l’autre se lève, un peu comme les pistons d’un moteur à explosion. Et ainsi de suite, donnant à cette audience sans prévenu des allures de ballet.

Le paroxysme a été atteint lundi 26 juin, lors de l’audition d’un ex-mercenaire britannique, Simon Mann, cité par la défense. Monsieur Mann a été condamné en 2008 en Guinée équatoriale à 32 ans de prison pour une tentative de coup d’état avorté en 2004. Il a été gracié en 2009. Depuis, il aide le chef de l’État équato-guinéen à confondre devant la justice les hommes qui l’ont payé pour tuer M. Obiang.

Dans un anglais châtié et poli, Simon Mann a expliqué, qu’en 2011 Me Bourdon, le financier Georges Soros, un opposant équato-guinéen et un hommes d’affaires libanais, Ely Calil, projetaient « de renverser le gouvernement » de Teodoro Obiang père.

Me Marsigny a produit à l’audience à la suite de ce témoignage un courriel obtenu dans le cadre d’un procès en diffamation intenté par le président Obiang contre le Comité catholique contre la faim et le développement (CCFD). Daté du 20 juillet 2007, et adressé du bureau d’Ely Calil à William Bourdon, il contient le lien d’un article sur les frasques du fils Obiang.

Ce courriel aurait été adressé quatre mois après la première plainte déposée par l’ONG Sherpa, alors présidée par William Bourdon, dans l’affaire des "biens mal acquis". Simon Mann, à qui cette pièce a été montrée lundi, a cru reconnaître le mail que lui avait montré le président Obiang en 2011.

Ce « prétendu courriel adressé à Me William Bourdon qui ne l’a jamais reçu … apparaît comme un faux grossier pour tenter d’étayer les propos du témoin », affirme vendredi l’avocat dans un communiqué. « Ceci est dans la ligne d’une stratégie poursuivie depuis des années pour discréditer l’action des associations à l’origine de la procédure dite des "BMA", notamment en tentant de salir leur Conseil », poursuit-il.

Me Bourdon indique avoir demandé à son avocate, Me Marie Dosé, de poursuivre en diffamation « les auteurs et complices des affirmations faites à l’audience lui imputant d’avoir participé à un complot », de déposer plainte « à l’encontre des auteurs et complice de l’usage de faux commis à l’appui et au soutien de ces affirmations diffamatoires ».

« Ce sont des gesticulations médiatiques pour éviter de répondre à la question sur le fond : connait-il oui ou non Ely Calil ? Il n’a jamais répondu à cette question », déplore Me Emmanuel Marsigny.

William Bourdon a également demandé à ses conseils « de tirer toutes les conséquences de l’assertion suivante » faite par Me Marsigny lundi à la fin de l’audience : « J’avais demandé une expertise psychiatrique de Me William Bourdon ». Une demande qui, semble-t-il, avait été sollicitéé dans le cadre d’un incident déontologique qui avait opposé Me Bourdon à Mes Marsigny et Metzner, décédé en 2013.

Par ailleurs, Me Bourdon indique avoir saisi le bâtonnier des questions déontologiques à la suite de l’audience de lundi.

Par Pierre-Antoine Souchard