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François Fillon contre Le Monde : l’opération Cornecul

François Fillon poursuit le secrétaire général de l’Elysée, Jean-Pierre Jouyet, et deux journalistes du Monde pour diffamation. L’audience s’est tenue hier devant le tribunal correctionnel de Paris.

par Marine Babonneaule 29 mai 2015

Le 24 juin 2014, un ancien Premier ministre de l’opposition déjeune avec le secrétaire général actuel de l’Élysée. Avec eux, un haut fonctionnaire qui les connaît tous les deux. Que se disent-ils ? Tout cela aurait pu rester dans les limbes des affaires politiques ordinaires si deux journalistes, informés par une « première source », n’en avaient eu vent. Or, ces derniers, Gérard Davet et Fabrice Lhomme du quotidien Le Monde – ce n’est pas rien – découvrent que lors de cette rencontre chez Ledoyen, l’ancien Premier ministre, alias François Fillon, aurait demandé à Jean-Pierre Jouyet, nommé secrétaire général quelques mois avant, d’interférer dans le cours de la justice pour « taper fort » sur son ennemi déclaré – et qu’il a servi pendant un quinquennat entier – Nicolas Sarkozy. Une information loin d’être anodine à un moment où le leur parti politique, l’UMP, est à feu et à sang entre le scandale Bygmalion et l’affaire du remboursement par l’UMP des pénalités de campagne du candidat Nicolas Sarkozy. C’est de l’or. Gérard Davet et Fabrice Lhomme vérifient tout de même le précieux tuyau auprès de… Jean-Pierre Jouyet lui-même qui confirme au-delà de l’imaginable puisqu’il en parle pendant dix minutes à ses interlocuteurs. On le sait car il est enregistré par les journalistes. L’histoire sera publiée dans le quotidien et fera l’objet de quelques paragraphes dans leur ouvrage « Sarko s’est tuer ». Le tintamarre médiatique est assourdissant. Jean-Pierre Jouyet dément publiquement. Puis, dément qu’il dément. Forcément, l’enregistrement est là. François Fillon, outragé, attaque les journalistes en diffamation. Il est vrai que tout cela ternit son image, voire le fait passer pour un traître à l’heure où il a des ambitions nationales. C’était l’objet de l’audience qui s’est tenue, hier, pendant dix heures, à la 17e chambre correctionnelle de Paris.

François Fillon a le calme des gens bien élevés. Et la carapace des politiques, certainement. Hier, il se lève et demande, d’abord, à lire un texte qu’il a rédigé. « Madame la présidente, j’aurais pu, comme il arrive souvent sans la vie politique, supporter en silence la manœuvre destinée à salir mon honneur, dont je suis victime et passer à autre chose. Beaucoup me l’ont conseillé en m’assurant que je n’avais rien à gagner à cette procédure. (…) Je n’accepte pas une telle salissure dont je ne conçois que trop les motifs. Je n’accepte pas qu’on me prête des attitudes abjectes que toute ma vie politique vient démentir (…) Mon nom n’a jamais été mêlé à aucune affaire judiciaire »....

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