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Rapport Haeri : un pas vers l’avocat du 21e siècle

Le rapport confié à l’avocat parisien Kami Haeri sur l’avenir de la profession d’avocat a été remis, hier, au garde des Sceaux. 

par Marine Babonneaule 3 février 2017

« Nous ne pouvons continuer à courir éternellement après les constats et les réformes. Il faut prendre de l’avance », conclut la mission chargée du rapport sur « L’avenir de la profession d’avocat ». L’avocat Kami Haeri, appuyé par ses confrères Sophie Challan-Belval, Éléonore Hannezo et Bernard Lamon ont donc rédigé un rapport contenant cinquante propositions1. « Prospectif autant que pragmatique, ce rapport est bâti autour d’objectifs cardinaux : excellence, agilité, innovation, mobilité, symétrie des attentions, bien-être au travail. Faisant fi de certaines idées reçues, il suscite des réflexions », a estimé Jean-Jacques Urvoas, hier en fin de journée.. Assurément.

Femme et diversité

La profession d’avocat – elle n’est pas la seule – est majoritairement composée de femmes (55,1 %). Comme dans d’autres secteurs également, les disparités de revenus entre hommes et femmes sont patentes. Selon le rapport 2015 de la CNBF, cité par la mission, « le revenu moyen des femmes avocates sur toute leur carrière est de 51 % celui des hommes ». Et les inégalités se creusent davantage dès la 4e année d’exercice sans motif puisque 96 % des avocates travaillent à temps plein. Mieux, « 40 % des femmes occupent des spécialités réputées rémunératrices ». La fameux « plafond de verre » est donc bien réel.

Le rapport s’attarde sur un point très peu « officialisé » par les instances nationales : celui des discriminations, actes et propos sexistes. Il n’y a pas, peut-on lire, de données pertinentes. En revanche, plusieurs sondages, dont un de 2013, ont permis aux avocates interrogées de déclarer qu’elles étaient 83 % à voir la maternité comme un frein à leur carrière. Une vision partagée avec les hommes qui, à 90 %, se disaient d’accord. Plus grave, « le sentiment est partagé, au sein de la profession, que les auteurs des actes et propos sexistes bénéficient d’une impunité ».

Autre constat. « La profession ne prend pas en compte la diversité ». Certes, quelques cabinets ont signé une « Charte de la diversité », mis en place des bourses et promu des recrutements plus diversifiés mais ce n’est pas suffisant.

Si les « normes contraignantes » n’ont pas suffi, il est recommandé aux Ordres d’établir un diagnostic « précis » de la situation au sein du barreau français, par le biais d’un institut indépendant.

Par ailleurs, le rapport propose que 50 cabinets des cinq premiers barreaux recrutent...

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