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Interview

Contrôle de l’âge des internautes : une « tension entre l’enjeu de protection des mineurs et la protection de la vie privée »

Pour empêcher l’accès des mineurs aux contenus pornographiques et aux jeux d’argent, les pouvoirs publics veulent renforcer les dispositions autour du contrôle de l’âge des internautes. Un casse-tête pour les législateurs du monde entier. Interview de Jessica Galissaire, responsable des études du think-tank Renaissance numérique.

le 17 janvier 2024

Dalloz actualité : Pourquoi le législateur tient-il tant à pouvoir contrôler l’âge des internautes ?

Jessica Galissaire : Sans vérification de l’âge, on ne peut pas vraiment protéger les mineurs en ligne. Or leur fréquentation du web est de plus en plus développée – il y a eu notamment en effet covid – avec des usages divers. Ils l’utilisent par exemple dans le cadre de leur scolarité, ou pour rester en lien avec leurs pairs. Mais on a également vu des contenus préjudiciables pour les mineurs qui ont beaucoup circulé, je pense aux comptes « fisha » (qui divulguent des informations personnelles ou des documents intimes à des fins d’humiliation) ou au revenge porn (la publication non sollicitée de documents à caractère sexuel). Il y a enfin eu des cas de suicides d’adolescents exposés à des contenus sur les réseaux sociaux. Or, une étude de la CNIL a montré que la première inscription à un réseau social se fait aux alentours des huit ans et demi, alors que la plupart de ces plateformes interdisent l’inscription avant treize ans.

Il y a enfin le sujet de l’accès des mineurs aux contenus pornographiques. Selon une étude commandée par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM), plus de la moitié des garçons de douze-treize ans se rendent sur des sites pour adultes chaque mois. Si on peut atterrir sur ces contenus sans le vouloir, la majeure partie de ces visites est volontaire. Ce ne sont donc pas des chiffres...

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Jessica Galissaire

Diplômée de l’Institut d'études politiques de Bordeaux et d’un master en relations internationales, Jessica Galissaire, après des missions pour des organisations non gouvernementales, a rejoint en 2017 le Centre on Regulation in Europe, un think-tank dédié à la régulation du numérique, des médias, de l'énergie et de la mobilité. Elle est devenu ensuite la responsable des études de Renaissance numérique, où elle est chargée de coordonner les travaux de réflexion et de développer le réseau d'experts partenaires.