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Reportage 

Une journée avec… un assistant parlementaire

La politique restait sans conteste l’un des domaines à aborder dans cette rubrique consacrée aux métiers du droit. Dalloz actualité s’est donc intéressé au pouvoir législatif avant l’heure fatidique des élections législatives des 10 et 17 juin 2012. Notre rédactrice a été reçue par Samuel Le Goff, l’assistant parlementaire de Lionel Tardy, député de Haute-Savoie encarté UMP. Une plongée passionnante dans l’antichambre des lois.

par A. Coignacle 12 février 2012

La journée-type

Un planning soumis au dictat de l’urgence
Les semaines de Samuel Le Goff sont rythmées par les allers-venues de Lionel Tardy, notamment dans son travail parlementaire, depuis son bureau parisien. « En trois minutes un député peut vous remplir une journée de travail », assure l’assistant qui voit ses horaires de travail se densifier et s’allonger du mardi au jeudi, jours de présence habituels du parlementaire. Toute nouvelle demande du parlementaire devient prioritaire dans l’organisation de l’assistant qui gère aussi bien l’intendance, le courrier, le standard, la représentation ponctuelle et les besoins matériels, que le travail de fond avec la veille quasi-permanente et la rédaction d’amendements. « Je suis un filtre à lobby », précise Samuel Le Goff qui reçoit chaque jour des dizaines de courriers et d’appels téléphoniques d’organisations représentatives en tout genre. Par ailleurs, l’assistant est amené à suivre des réunions avec des groupes ou des militants, et des débats dans l’hémicycle jusque tard dans la soirée. Un engagement fort au service du député qu’il assiste depuis le début de son mandat, cinq ans plus tôt.

Des hommes de « l’ombre »
Chaque jour, ils remontent l’avenue de l’université ou la rue Saint-Dominique où leur bureau les attend, au plus près de l’Assemblée nationale. Ils empruntent à l’envi les couloirs de marbre et les escaliers drapés de velours rouge qui mènent à l’hémicycle. Ils croisent des parlementaires de tous bords et des ministres en exercice, assistent parfois aux débats de certaines commissions et quelques uns participent mêmes à l’élaboration de la loi. Leur nom reste pourtant inconnu des médias et des citoyens. Car ces hommes et ces femmes ne sont ni élus ni nommés par décret ministériel, mais recrutés pour les coulisses du pouvoir. Ce sont les petites mains des hommes de lumière : les assistants parlementaires à Paris des 577 députés français. Un poste « dans l’ombre », « un métier de passage » assure Samuel Le Goff. Engagés et salariés par l’élu qu’ils assistent , les assistants parlementaires sont soumis aux mêmes aléas politiques. Aussi, à l’heure du renouvellement législatif quinquennal, leur contrat peut voler en éclat. Si le député n’est pas réélu, s’il devient ministre, ou si l’Assemblée nationale est dissoute, le lien de subordination avec l’assistant disparaît. Certains rejoignent l’équipe du nouveau ministre, d’autres sont appelés par un autre élu de la même couleur, quelques uns profitent des passerelles proposées, mais beaucoup changent de métier. « C’est la règle du jeu », précise Samuel Le Goff, « nous le savons dès le début ». « Au moment des résultats électoraux, on pense à ceux qui restent sur le carreau. Ils n’ont que la fin de semaine pour vider leur bureau et aller s’inscrire à l’ANPE, car il n’existe pas d’allocation de retour à l’emploi pour ces postes. Cela peut être violent ».

De l’importance du « terrain »

Avec ses dix ans d’ancienneté, le breton d’origine est l’un des « plus vieux de la maison ». À Paris depuis 2005 après trois ans d’exercice en circonscription dans les Côtes-d’Armor, il assume un regard critique sur son métier. « Un militant fait un très mauvais assistant parlementaire car il peut manquer de lucidité et de recul. Or, nous jouons un rôle d’alerte très important », précise-t-il. Il appartient aux assistants de pointer les réactions défavorables des administrés, avertir l’élu du caractère risqué d’une mesure, décliner certaines invitations si les conséquences sont jugées néfastes en terme d’image, ou au contraire proposer certains déplacements opportuns, solliciter la presse dans le cadre d’un événement, etc… En somme, un gros travail de communication guidé par l’analyse du « terrain » sur lequel le député est attendu. Si Lionel Tardy a été élu sur ses promesses de non-cumul des mandats et d’active participation au sein de l’hémicycle, la répartition de ses assistants est à l’image de celle de la plupart des élus : deux postes en circonscription où sa visibilité est très forte, pour un à Paris. « Ce n’est...

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