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Pauvreté et grande exclusion : d’hier à aujourd’hui
Pauvreté et grande exclusion : d’hier à aujourd’hui
En associant dans une même thématique pauvreté et grande exclusion, il ne saurait être question, bien évidemment, soit d’établir une quelconque équivalence entre celle-ci et celle-là (on peut être considéré statistiquement comme « pauvre » sans pour autant être frappé par la grande exclusion…), soit d’instituer une relation nécessaire de causalité entre la présence de l’une et la survenance de l’autre (tous ceux qui sont affectés par la pauvreté ne tombent pas inéluctablement - heureusement ! - dans la grande exclusion)…
Le propos est autre. Il vise d’abord à suggérer qu’à défaut d’être automatiques et réciproques, les liens existant - ou susceptibles d’exister - entre ces deux situations sont à tout le moins fort étroits. Car s’il est exact que la première n’est pas forcément l’antichambre de la seconde, force est de souligner d’une part, que l’inverse n’est pas vrai : l’individu qui se trouve confronté à la grande exclusion a quasiment toujours été confronté, au préalable, à une situation de pauvreté ; d’autre part, que le passage de l’une à l’autre situation (en l’occurrence, de la pauvreté à la grande exclusion) n’est pas si rare et n’a donc rien d’une hypothèse d’école : ce dont beaucoup, au demeurant, semblent aujourd’hui avoir conscience, à en juger en tout cas par un sondage d’opinion récent faisant ressortir que près d’un Français sur deux (47% exactement) croient « possible » de devenir un jour sans-abri… De là aussi, d’ailleurs, les multiples dispositifs mis en place non seulement pour circonscrire la pauvreté et empêcher - via notamment l’attribution de ressources monétaires tantôt universelles, tantôt ciblées - une chute éventuelle dans la spirale de l’exclusion (prestations familiales, minima sociaux) mais aussi - via diverses incitations à la reprise d’une activité - pour réduire les « trappes à pauvreté » et favoriser un processus plus ou moins rapide et durable d’insertion (ou de réinsertion) sociale et/ou professionnelle (mesures d’intéressement, institution, à titre expérimental pour l’instant, du déjà fameux « revenu de solidarité active »).
Et il vise ensuite à rappeler, en privilégiant une approche non pas statique mais dynamique du problème, que celui-ci n’est pas nouveau et puise ses racines assez loin dans l’Histoire : les sans-abri et SDF d’aujourd’hui pouvant sans aucun doute être considérés comme les successeurs (pour ne pas dire les « héritiers »…) des vagabonds, mendiants et « gens sans aveu » d’hier…
De fait, l’analyse rétrospective de la manière dont a été appréhendé et traité, au fil du temps, le couple « pauvreté/(grande) exclusion » fait ressortir d’évidentes permanences tant dans les politiques publiques que dans les pratiques sociales. On songe en particulier aux préoccupations de police ou de sécurité qui, à travers la notion centrale d’ordre public, n’ont cessé d’inspirer et de façonner tant l’élaboration que la mise en oeuvre de ces politiques : que ce soit dans le passé, avec la promotion d’un arsenal pénal et répressif redoutable (enfermement, mise au travail, bannissement…) et la confection d’outils juridiques destinés, à l’instar du concept de « domicile de secours », à apporter une aide et une assistance (ledit domicile étant défini comme « le lieu où l’homme nécessiteux a droit aux secours publics ») dans un but… de police (contrôler les pauvres et indigents en les rattachant à un lieu précis) ou que ce soit dans le présent, avec le déploiement des arrêtés anti-mendicité ou le développement de mesures plus ou moins directes ou insidieuses d’éloignement des sans-abri et autres « mendiants ». On songe également aux clivages - formels ou implicites, revendiqués ou inavoués - instaurés entre les populations destinataires des politiques publiques : clivages qui, allant de la distinction ancienne établie entre les « bons pauvres » (les malchanceux de la vie méritant d’être secourus) et les « mauvais pauvres » (les paresseux, prodigues, intempérants, etc. justifiant d’être « corrigés », à défaut d’être abandonnés à leur sort) à la distinction actuelle instaurée entre les populations jugées « insérables » parce que capables de suivre les parcours proposés (logement, insertion par l’économique) et les populations qui, ne l’étant que plus difficilement, ne peuvent faire l’objet que d’un traitement en « urgence », ne manquent pas d’influer sur la nature - et donc l’efficacité - des dispositifs d’aide et de soutien. On songe encore, pour ne s’en tenir ici qu’à ces quelques exemples, aux pratiques actuellement en vigueur dans certaines structures d’accueil : pratiques qui, sans être véritablement comparables à celles prévalant il y a seulement un demi-siècle ou un siècle, n’en continuent pas moins d’être marquées, de temps à autre, au coin de l’arbitraire.
Autant de constats qui tendent finalement à montrer que si, dans la manière d’aborder et de traiter le problème de la grande exclusion, il y a sans doute, entre hier et aujourd’hui, une réelle solution de continuité, il y a peut-être aussi, mutatis mutandis, une relative continuité des solutions…