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25 000 € requis contre le notaire qui voulait vendre un manuscrit de Chateaubriand

Hier, devant le tribunal correctionnel de Paris, comparaissait Pascal Dufour pour avoir voulu vendre le seul exemplaire manuscrit des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, dont il se dit propriétaire.

par Marine Babonneaule 11 septembre 2015

Pour comprendre ce qui se jouait, hier, devant la 30e chambre correctionnelle parisienne, il faut quelques instants d’attention et revenir à l’année 1836. Cette année-là, François-René de Chateaubriand est « aux abois ». Il n’a plus un sou et pour pouvoir achever ses mémoires, il en cède la propriété littéraire à ses éditeurs Delloye et Sala. Le contrat est conclu devant Me Cahouet, notaire parisien : une copie du manuscrit de 18 livres – non encore achevé – est déposée dans une caisse qui ne peut être ouverte que par les parties présentes. L’écrivain et l’éditeur ont également une copie de l’ouvrage. Onze ans plus tard, le vicomte de Chateaubriand achève son odyssée littéraire – 42 volumes, tout de même. La version achevée des Mémoires est logiquement enfermée à son tour dans la caisse. C’est le second dépôt. Officiel, donc. L’écrivain, qui en avait marre de ne pas quitter ce monde, finit par mourir. Ainsi que le notaire dont le clerc prend la succession, c’est Me Jean Dufour. Les Mémoires d’outre-tombe sont publiées.

La vie passe jusqu’à ce que M. Sala, l’éditeur, vienne récupérer, en 1850, dans le coffre du notaire, les portefeuilles 39 et 40 de l’ouvrage. Il n’y aura qu’un procès-verbal établi sur lequel l’éditeur note à l’adresse du notaire « Je lui laisse les autres ». La caisse n’est pas refermée. À partir de ce moment, les Dufour, notaires...

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