L’illectronisme et l’accompagnement des usagers, les grands enjeux du numérique

La rédaction : Votre première ambition était d’identifier les freins et difficultés rencontrés par les usagers dans leurs parcours numériques d’accès au droit. Vous préconisez notamment de lutter contre vulnérabilité. À quoi faites-vous référence ?

Audrey Damiens et Stéphanie Mauclair : Le rapport a été réalisé par des juristes, mais aussi par un psychologue social et des linguistes. Dans tous ces domaines, la notion de vulnérabilité existe et c’était vraiment un point commun de départ. Les usagers et usagères nous disaient se sentir vulnérables par rapport au droit et au numérique, soit deux problématiques qui se superposent. À cela s’ajoute la démarche de justice en elle-même, difficile à vivre, qui fragilise la personne, et rend l’outil encore plus difficile à pénétrer. Tous ces éléments font de l’accès numérique au droit un défi.

Nous avons constaté une vulnérabilité intrinsèque, celle que l’on porte en raison de son âge par exemple. À cet égard, nous avons pu mettre en avant, et en cela nous confirmons les observations du Défenseur des droits, la vulnérabilité des plus jeunes. Ils sont à l’aise sur leurs jeux ou réseaux sociaux, mais pas nécessairement sur les outils numériques dont ils ont besoin pour accéder au droit et à la justice. Il existe aussi une vulnérabilité extrinsèque, factorielle, comme le fait d’être situé dans une zone géographique dépourvue d’accès au droit ou d’accompagnement. Le Loiret est un terrain d’accompagnement fort mais l’offre y est devenue trop importante, fractionnée, non concertée. Même nous, juristes, étions un peu perdus face aux parcours existants.

La rédaction : Vous parlez aussi d’illectronisme, de quoi s’agit-il ? En quoi cela se distingue de la fracture numérique ?

Audrey Damiens et Stéphanie Mauclair : L’illectronisme c’est la difficulté pour une personne à utiliser les appareils numériques, les outils informatiques, parce qu’elle ne dispose pas...