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Portrait

Dominique de La Garanderie : itinéraire d’une femme plurielle

par Denis Mazeaudle 30 juillet 2012

« Je crois que je fais trop de choses » s’interrompt subitement, dans un émouvant élan de sincérité, Dominique de La Garanderie… J’aurais aimé lui répondre, « on en fait jamais assez, si on le fait bien » mais mon interlocutrice aurait certainement pris cette réplique, un brin affectée, pour une marque de flatterie, or il suffit de quelques minutes passées en sa stimulante compagnie pour comprendre qu’elle est parfaitement insensible à tout type d’hypocrisie mondaine. Pourtant, son parcours force vraiment l’admiration, pour ceux du moins que les pionniers impressionnent et qui éprouvent de l’empathie pour le mouvement, la diversité et même une certaine forme de panache que cette juriste au féminin incarne.

  Du panache, de l’audace aussi, il lui en fallut pour partir à l’assaut de son Ordre, réputé misogyne, à l’image d’ailleurs du milieu juridique dans son ensemble, et devenir la première avocate, bâtonnier de l’ordre des avocats à la cour d’appel de Paris. Événement historique dans le landernau judiciaire dont l’héroïne ne tire pourtant, avec le temps, aucune vanité, préférant évoquer, avec une sereine passion, l’intérêt qu’elle a pris à exercer sa prestigieuse et délicate mission dans toute sa diversité, tout en assurant qu’elle n’éprouve aujourd’hui aucun regret quand elle se retourne sur ce passé déjà révolu. Sans doute parce que, comme ceux qui ont une âme de pionnier, elle n’aime guère les rétrospectives, fussent-elles glorieuses, et aime par-dessus tout conjuguer sa vie au futur. Chef d’une entreprise de deux cent cinquante salariés, à la tête d’un budget colossal, elle aime à rappeler qu’elle a géré l’ordre avec des règles de management qu’elle a elle-même mises en place ; déjà cette culture de l’entreprise qu’elle n’a de cesse de cultiver et de développer dans ses multiples activités. Responsable, es qualité de bâtonnier, de l’École de formation du barreau, qui accueille d’imposantes cohortes d’étudiants fraîchement émoulus de l’Université qui rêvent de devenir les ténors du barreau de demain, elle est confrontée dès sa prise de fonction à une perte de près quinze millions d’euros de recettes, à la suite d’une décision de la cour d’appel de Paris qui avait cru légitime de supprimer les droits d’inscription. Elle mène alors avec succès la bataille judiciaire qui permettra à cet établissement de former avec des moyens financiers dignes de ce nom ses futurs confrères. Confrères, futurs et actuels, pour lesquels elle continue d’exprimer son inlassable attachement et son indéfectible intérêt. À ceux qui critiquent leur individualisme forcené, elle répond que l’avocat, créatif et innovant par...

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Dominique de La Garanderie

Avocat depuis 1968, Dominique de La Garanderie s'est, au fil des années, spécialisée en droit social. Première femme bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris, Dominique de La Garanderie participe à différents comités d’éthique du monde économique, ce qui l’a conduite à s’intéresser à la gouvernance d’entreprise et à la responsabilité sociale des entreprises.