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Revue de presse15 janvier 2008

La Cour européenne des droits de l’homme a-t-elle une philosophie morale ?

Les arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme font souvent l’objet - en France en particulier - d’une réception standardisée, voire stéréotypée. Lorsque les uns louent le libéralisme de telle ou telle décision de la Cour, c’est souvent en partant d’une conception naturaliste des énoncés de la Convention, une conception qui les porte à sous-estimer la dimension authentiquement et nécessairement politique du travail de la Cour. Lorsque les autres se formalisent de « l’intégrisme libéral » de la Cour, c’est souvent en surdéterminant cette dimension politique du travail d’une Cour compétente à l’égard d’un continent entier. Ces discours doctrinaux ont néanmoins ceci de commun qu’ils ne rendent pas compte de la dimension aporétique de nombreuses questions soumises à la Cour. A leur corps défendant, ces discours révèlent ainsi l’absence de résonance des controverses contemporaines de philosophie morale dans les nombreux arrêts de la Cour intéressant des questions axiologiques, une absence de résonance qui interroge elle-même la rhétorique et l’argumentation de la Cour.