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Le droit en débats

N’ayons pas peur !

Par Olivier Morice le 18 Mai 2020

En ce jour de mon soixantième anniversaire, je me suis réveillé ce matin en souhaitant m’adresser à vous tous, mes chers confrères, pour vous dire ma joie d’être encore parmi vous et d’exercer avec passion cette mission de défense que nous partageons.

Au bout de trente-cinq ans d’exercice, le sentiment qui m’anime avant toute chose est la gratitude pour la chance extraordinaire et le plaisir d’avoir pu vivre cet appel d’être au service de ceux qui en ont besoin, pour les assister, les conseiller, les défendre.

Certes, la situation actuelle que nous vivons tous avec cette crise sanitaire est angoissante. Des proches ont été directement touchés… nous avons tous dans notre entourage des êtres chers qui ont souffert et parfois nous ont quittés.

Je tenais à vous dire dans cette épreuve ma compassion, ma solidarité, ma fraternité dans cette même condition liée à notre grande vulnérabilité.

Il y a plus de dix ans, j’ai été frappé de plein fouet par la maladie, le confinement imposé dans un milieu stérile pendant plusieurs mois.

La prise de conscience que c’était la fin, les soins intensifs… et puis, ce n’était pas encore mon heure.

Les médecins, les infirmières, l’ensemble des soignants ont fait un travail formidable comme aujourd’hui.

Je suis donc encore parmi vous, pour vous dire que bien souvent, au bout du tunnel qui nous apparaît bien sombre, il y a une clarté, une lumière qui nous attend…

Nous sommes tous aujourd’hui anxieux de ce que sera l’avenir, notamment d’un point de vue économique.

Pourtant, certains n’hésitent pas, pendant cette période, à évoquer encore la recherche de la notoriété ou la perspective d’une meilleure rentabilité.

Décidément, ils n’ont rien compris ! Mais cela fait bien longtemps que l’âme de notre profession les a quittés.

Ce qui doit nous animer fondamentalement, ce pour quoi nous sommes faits, c’est d’être au service de la défense en ayant non pas une conception nombriliste de notre exercice, mais en nous souvenant que notre mission est de servir l’autre et de faire respecter la dignité de la personne humaine quoi qu’il en coûte, faisant preuve de courage et de détermination.

C’est dans cet état d’esprit que je me suis battu pendant plus de seize ans jusque devant la grande chambre de la Cour européenne pour faire reconnaître une plus grande liberté d’expression aux avocats, à tous les avocats.

Laissons donc de côté les grincheux donneurs de leçons qui ont oublié que l’avocat, c’est avant tout une certaine manière d’être, et non pas d’avoir…

Alors, je voulais vous dire : n’ayons pas peur !

Restons unis face à cette crise, solidaires, confrontés aux enjeux qui sont les nôtres.

Nous arriverons à les surmonter pour devenir encore et toujours plus des avocats.