Sébastien Mabile, avocat aligné

Spécialiste du droit de l’environnement, Sébastien Mabile porte ses engagements tant dans vie professionnelle que personnelle, quitte à rendre la frontière un peu floue. Les grands gagnants ? Ses dossiers et clients, qu’il défend bec et ongles grâce à des convictions bien ancrées.

« On n’a pas besoin de gens comme vous dans le domaine juridique. » C’est par ces mots que le président du tribunal correctionnel s’était adressé à Sébastien Mabile, alors jeune étudiant en droit, lorsque ce dernier s’était mobilisé en 1992, aux côtés d’autres militants écologistes, contre le chantier de construction du tunnel routier du Somport, dans la vallée d’Aspe qui abritait une population d’ours. « J’avais été arrêté dans le cadre d’une manifestation pour outrage et rébellion, ce qui m’avait valu un casier judiciaire et plusieurs dizaines d’heures de travaux d’intérêt général », se souvient l’avocat. « Mais au lieu de m’abattre, cela m’a donné une certaine forme de motivation pour continuer le combat au niveau professionnel… » S’il hésitait à l’époque entre une carrière d’avocat et de diplomate, le film Erin Brockovich, seule contre tous achève de le convaincre de se diriger vers la robe. « Cela m’a prouvé que l’on pouvait faire du droit tout en étant utile à l’environnement » affirme ce natif de Versailles qui, après une jeunesse passée entre l’Île-de-France et la région PACA, a nourri un lien particulier avec la mer. Quitte, un temps, à se rêver marin. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’il finisse par décrocher un DESS de droit des transports maritimes à l’université d’Aix-Marseille, et obtienne une bourse de la région PACA pour une thèse portant sur les aires marines protégées en Méditerranée.

Acteur du changement

Une fois soutenue, cette thèse lui ouvre à la fois les portes de l’EFB et, en 2008, celles du cabinet de Jean-Pierre Mignard, Lysias Partners. L’un de ses premiers dossiers ? Celui de la marée noire de l’Erika, aux côtés des principales collectivités et face à la crème des avocats parisiens. « Cela m’a permis de mettre le droit en application dans un combat qui me tenait à cœur, à savoir celui de la reconnaissance du préjudice écologique, et de plonger très tôt dans l’arène du procès pénal avec l’un des dossiers les plus emblématiques en la matière », rapporte Sébastien Mabile. Un baptême du feu qui nourrit son envie de développer une activité davantage axée sur le judiciaire et l’amène peu de temps après à représenter l’Agence des aires marines protégées, tout juste créée, qui fait aujourd’hui partie de l’Office français pour la biodiversité (OFB). Rapidement, une clientèle institutionnelle dans le milieu de la protection du milieu marin se développe, et l’avocat se voit nommé associé de Lysias Partners à Paris en 2010.

En parallèle débute son engagement associatif au sein de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dont il devient le président de la commission droit et politiques environnementales de 2013 à 2020, puis vice-président du comité français depuis 2020. « Je reste très attaché à cette association qui est l’une des premières à m’avoir fait confiance pour occuper ce type de poste et qui m’a apporté, en tant que jeune avocat, une forme de crédibilité », affirme celui qui salue une organisation « à la frontière de tous les mondes », regroupant parmi ses...