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Le quotidien du droit en ligne

La sœur de

Une dernière audience attend la 16e chambre correctionnelle cette semaine. Un dossier à forte valeur symbolique va être jugé. Ce vendredi 2 décembre, Maya, la sœur d’un des membres du commando de la tuerie du Bataclan, Samy Amimour, est poursuivie pour avoir facilité une tentative de départ et un départ vers la Syrie. En mars 2015, elle a été mise en examen pour avoir aidé au départ de deux jeunes femmes promises à son frère. La première, Marion, n’a pas pu franchir la frontière suite à l’intervention de ses parents. Mais la seconde, Kahina est arrivée à destination.

« On sait tous que l’institution judiciaire fait comme elle peut »

Au tour de l’avocate d’Amel de plaider. Safya Akorri commence par revenir sur l’aveu du parquet d’une prise en charge judiciaire tardive. « C’est plutôt un fiasco judiciaire », corrige-t-elle. Et la juriste de rappeler la chronologie des poursuites contre Amel. Trois ans après son interception par les autorités bulgares à la frontière turque, « on se réveille et on se demande, et si on judiciarisait ? », s’étonne l’avocate. Même si, admet-elle, « on sait tous que l’institution judiciaire fait comme elle peut ». La robe noire reconnaît d’ailleurs l’importance de la procédure.

Pas d’incarcération demandée

Mercredi soir, les réquisitions du parquet national antiterroriste tombent. Contre Amel, le parquet demande cinq ans d’emprisonnement, dont trois avec sursis probatoire et un aménagement des deux ans ferme avec une détention à domicile. Contre Karim, le parquet requiert quatre ans, une peine là aussi assortie en partie d’un sursis et d’une détention à domicile, sans incarcération. Si pour le ministère public, l’association de malfaiteurs terroriste est constituée, il n’a pas jugé opportun de demander d’incarcération dans une affaire marquée par une judiciarisation tardive.

Radicalisations

L’objectif est, explique le père de famille à l’audience, de ramener ses enfants en France. Mona, très proche d’Amel, s’est radicalisée au début des années 2010 dans son foyer du 18e arrondissement de Paris en commençant par « s’intéresser aux Illuminatis et aux juifs ». Son frère, chassé par sa mère et récupéré par son père en moto par une nuit glaciale – l’épisode sera raconté plusieurs fois à la barre –, se radicalise également.

L’ultradroite

Le lendemain, avant de reprendre les débats, la 16e chambre examine la demande de remise en liberté d’un détenu. Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’un dossier de terrorisme d’inspiration djihadiste. Si une grande partie du contentieux relève de cette thématique, la juridiction commence à voir de plus en plus d’affaires relatives à l’ultradroite. C’est le cas de Mickaël, poursuivi dans le cadre du dossier des « Barjols », ce groupuscule d’extrême droite identitaire suspecté d’avoir préparé une attaque contre Emmanuel Macron.

« Qu’est-ce qu’elle vous a dit, sur la sortie exécution ? »

Un peu plus tard, Amel précise un autre ressort de ses pulsions morbides. Elle culpabilise d’avoir abusé sexuellement son petit frère. « Grâce au contrôle judiciaire, j’ai pu ouvrir ces vieux dossiers poussiéreux », dit-elle à l’audience. « Mais à l’époque, je me disais que si je mourais rapidement, ce serait plus rapide ». En janvier 2015, la jeune femme se rend au centre commercial et achète un billet pour Istanbul, payé par sa cousine Mona, la fille de Karim. Avant de prendre son avion, elle lui laisse sa carte bancaire pour qu’elle se rembourse sur son RSA.

Entrée en matière

Amel s’avance devant les trois magistrats. L’élégante jeune femme de 38 ans est rejointe à la barre par Karim, un quinquagénaire vêtu d’un sweat à capuche, avec une genouillère sur un genou que l’on devine fragile. Il est 13 h 50, ce mardi 29 novembre, et la présidente du tribunal correctionnel ouvre les débats. Tout commence dans ce dossier en décembre 2014, avec le signalement du départ d’une jeune femme pour la Syrie, pour « mieux vivre sa religion ».

Entrée en matière

Amel s’avance devant les trois magistrats. L’élégante jeune femme de 38 ans est rejointe à la barre par Karim, un quinquagénaire vêtu d’un sweat à capuche, avec une genouillère sur un genou que l’on devine fragile. Il est 13 h 50, ce mardi 29 novembre, et la présidente du tribunal correctionnel ouvre les débats. Tout commence dans ce dossier en décembre 2014, avec le signalement du départ d’une jeune femme pour la Syrie, pour « mieux vivre sa religion ».

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