« Les blocages ne sont pas circonstanciels, ils sont systémiques », lance Timothée Marteau de l’association PMAnonyme, pointant notamment des problèmes d’effectifs au sein des Cecos, débordés par les demandes de dons depuis la loi bioéthique. « 15 100 demandes de premières consultations pour les couples de femmes et les femmes célibataires » avaient été recensées par le ministère en 2022. Soit « 7,5 fois plus que celles des couples homme-femme qui restent stables, autour de 2 000 », selon un article du Monde du 3 août 2023.

Ce matin-là, quelques heures plus tôt, les membre de la Capadd sont tous assis autour de la table pour la onzième séance. Le secrétaire général, Emmanuel Vernier, anime l’échange aux côtés de la présidente et de son suppléant. Si une partie des membres de la commission s’est déplacée, une autre suit en visioconférence, avec les aléas techniques habituels liés à la connexion Internet.

L’après-midi, consacré à la visite du site, offre son lot de surprises. L’état des lieux d’abord. « Ça nous renseigne sur l’état de paupérisation de l’hôpital », observe l’une des membres de la commission, qui compte quatre représentants du ministre de la justice et des ministres chargés de l’action sociale et de la santé, quatre personnalités qualifiées, six représentants d’associations, et autant de suppléants dont certains sont venus assister à cette journée. De fait, tout se passe au sous-sol dans des salles vétustes et austères, avec des couloirs aux faux-plafonds démontés.

« Regardez, cette femme transporte ses paillettes », lance le Dr Bérengère Ducrocq, la directrice du centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humain (Cecos) de Lille. À peine arrivés sur le site du CHU, nous voilà déjà dans l’ambiance. Une femme sort en effet du centre de dons avec une grosse bonbonne. À l’intérieur se trouvent des tubes conservés dans de l’azote réfrigéré qui contiennent les paillettes (spermatozoïdes, ovocytes ou embryons).