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Le quotidien du droit en ligne

Homicide et violences conjugales

Au CHU de Poitiers, la médecin psychiatre et légiste Alexia Delbreil s’est spécialisée dans ce qu’elle appelle les « homicides conjugaux ». « On s’intéresse beaucoup aux violences conjugales dans le milieu scientifique et personne ne travaillait sur les homicides conjugaux », dit celle qui refuse l’usage du terme « crime passionnel » qu’elle perçoit comme « un terme médiatique gênant parce que, pour la plupart des gens, cela renvoie à l’amour ». « Cela n’existe pas dans le langage scientifique, précise-t-elle.

Le crime passionnel, un crime d’amour-propre

« Tout allait si bien », « je l’aimais tellement », « j’ai tout fait pour elle ». Ces phrases, les experts-psychiatres et avocats les entendent de la bouche des conjoints meurtriers, presque à chaque fois qu’ils ont à les rencontrer. Ils évoquent généralement une rupture ou une dispute qui a conduit au passage à l’acte. Dans son livre La barbarie des hommes ordinaires, Daniel Zagury explique : « ils sont incapables de se regarder de l’extérieur en se décentrant de leur posture narcissique.

Une évolution des mœurs

En France, la première campagne nationale d’information contre les violences conjugales remonte à 1989 avec la création de commissions départementales d’action. C’est la première fois que les pouvoirs publics manifestent leur volonté de lutter contre ce qui deviendra en 1994 un délit.

Une sémantique décriée

« “Crime passionnel”, “drame de la séparation”, “drame familial” ne sont pas des expressions journalistiques correctes pour qualifier des meurtres. Et pourtant, les médias en abusent et contribuent à minimiser d’emblée la responsabilité du meurtrier présumé, voire à l’effacer. » Ces mots sont ceux de femmes journalistes réunies au sein du collectif Prenons la Une, créé en janvier 2014, pour défendre « une juste représentation des femmes dans les médias et l’égalité professionnelle dans les rédactions ».