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Au procès du « financement libyen », comptes de campagne et mystérieux informateur

Ces derniers jours, la 32e chambre correctionnelle s’est penchée sur les comptes de la campagne de 2007, sur fond de primes en liquide et de chambre forte. Jusqu’à ce qu’un correspondant anonyme de la défense entreprenne de tenter à son tour de « sauver Sarko »…

par Antoine Bloch, Journalistele 19 février 2025

À en croire les éléments de langage martelés depuis des semaines à la barre en guise de réponse à toutes sortes de questions – même celles qui n’avaient pas grand-chose à voir –, l’ancien président attendait ce volet du dossier – celui du financement de sa campagne présidentielle de 2007 – de pied ferme. C’est Éric Woerth, trésorier à la fois de ladite campagne et du parti – qui s’appelait encore l’UMP – qui ouvre le bal. Il explique que son rôle consistait essentiellement à « centraliser l’ensemble des données, et notamment les dépenses », et surtout à « maîtriser le flux d’initiatives, […] sinon vous n’arrivez pas à maîtriser les plafonds ». Il est également question de la ventilation des frais entre l’association de financement et le parti. Deux sujets – plafond et ventilation – qui renvoient naturellement à la campagne suivante, celle – perdante – de 2012, dont les comptes avaient été rejetés, avant d’atterrir devant le tribunal correctionnel (Dalloz actualité, 1er oct. 2021, obs. P.-A. Souchard). Depuis, ils ont occupé la cour d’appel, qui a condamné Nicolas Sarkozy à une peine mixte – aménagée sous bracelet pour la partie ferme de six mois – puis donné lieu à un pourvoi – suspensif.

Il est établi que Éric Woerth a versé, « en fin de campagne », un peu « comme un pourboire », un certain nombre de primes exceptionnelles aux « petites mains » qui avaient « bien travaillé ». Des primes « sur salaire » pour certaines d’entre elles, mais occultes et en cash pour d’autres, à hauteur, selon l’ordonnance de renvoi (ORTC), d’un peu plus de 11 000 €. En procédure, le trésorier a indiqué avoir dispatché des « dons anonymes » – donc illicites –, pour un montant total de 30 à 35 000 €, mais ses explications sont un peu floues : il est question d’une dizaine de missives au moins, dont « la plupart contenaient bien plus de 3 000 € » – doublement illicite –, même si « celle dans laquelle il y avait le plus d’argent devait contenir 5 000 € ». Toujours est-il qu’une extrapolation d’un assistant spécialisé du TJ, basée sur le postulat selon lequel tous les collaborateurs qui n’ont pas eu de prime sur salaire en ont...

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