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Au procès du « financement libyen » : « Le faisceau d’indices est une preuve comme une autre »

Au terme d’une vingtaine d’heures de réquisitoire, le PNF a sollicité des peines de prison en tout ou partie ferme pour chacun des douze « survivants » de ce dossier : jusqu’à sept ans ferme, s’agissant de l’ancien président de la République.

par Antoine Bloch, Journalistele 28 mars 2025

Après avoir raillé les « explications extravagantes » ou « rocambolesques » de certains prévenus, le premier des trois magistrats du PNF précise que ce n’est pas le procès « d’une classe politique qui serait considérée [comme] globalement défaillante en termes de probité, […] mais [bien celui] d’un groupe d’individus ». Il passe en revue les sources qui serviront de fondations à ce réquisitoire fleuve, comme les abondantes archives de l’intermédiaire Ziad Takieddine, « des documents qui ont été élaborés de façon contemporaine aux faits qui nous occupent, et qui n’ont pas été remis à l’autorité judiciaire à son initiative mais à celle de son [ex-]femme [précisément dans le cadre de leur divorce, NDLR] », ou les carnets de Choukri Ghanem, ancien Premier ministre de Mouammar Kadhafi, repêché dans le Danube le lendemain (!) de la publication par Mediapart de la note par laquelle Moussa Koussa aurait ordonné le déblocage de 50 millions à destination de la campagne Sarkozy. À l’inverse, il en écarte d’autres, comme les déclarations particulièrement inconstantes – treize versions successives – du même Takieddine, ou la note en question, dont « l’authenticité nous paraît encore à ce stade incertaine ».

« Il fallait trouver une source de financement autre »

Ceci posé, le PNF se penche sur le pacte de corruption « inconcevable, inouï [et] indécent » qui aurait été noué avec le clan Kadhafi au gré de trois visites successives en Libye fin 2005 : celles de Claude Guéant, de Nicolas Sarkozy et de Brice Hortefeux, dont tous trois ont livré, chacun à sa manière, « un récit dénué de sens, illogique, inconcevable [et] donc mensonger ». Pour mémoire, le premier avait rencontré – dans le cadre de ce qu’il qualifie de « traquenard » – Abdallah Senoussi, beau-frère du « guide », condamné par contumace en France à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’attentat du DC-10 d’UTA (1989). La semaine suivante, le deuxième avait échangé quelques salamalecs sous la tente avec Kadhafi. Et un mois et demi plus tard, le troisième avait à son...

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