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Procès Ikea : « Sont-ils des menteurs, ou simplement des incompétents ? »

Seize prévenus comparaissent devant le tribunal correctionnel de Versailles, pour une série d’infractions relatives aux données personnelles de collaborateurs et candidats. Contre la filiale française, le parquet a requis mardi deux millions d’euros d’amende. S’agissant des personnes physiques, il a réclamé, outre deux relaxes, des peines d’emprisonnement allant jusqu’à trois ans, intégralement ou partiellement assorties du sursis simple.

par Antoine Blochle 1 avril 2021

Au cinquième jour du procès, plaidoiries des parties civiles. Dont, semble-t-il, une nette majorité de « prud’homalistes » : « Cette pâte humaine que l’on retrouve quasi-exclusivement dans les juridictions pénales, je l’avais un peu oubliée », confesse un avocat. Il est beaucoup question de contexte, de « RSE », pour ainsi dire : « Vous avez été aveuglés par votre haine du syndicalisme ». Et bien sûr, du storytelling de l’enseigne : « Ikea, c’est une promesse de jardin d’Eden, mais c’est le royaume d’Hadès ». Certains en profitent pour tirer une nouvelle fois à boulets rouges sur la décennie de procédure : « Rétrospectivement, le parquet de Versailles n’était peut-être pas calibré pour ce dossier ». Pour resserrer sur les faits, un avocat précise que « ce qui choque, c’est vraiment le déni […] face à une pathologie, une addiction […], qui consiste à collecter des données personnelles ». D’autres insistent sur le caractère exemplaire de ce procès, parfois par des moyens détournés : « On est sur quelque-chose de très banal, un secret de polichinelle. Ce qui se passe chez Ikea se passe aussi dans d’autres grands groupes, […] mais quand on le pratique à une échelle industrielle, c’est […] intolérable ». Un autre avocat demande justement au tribunal de donner un « écho maximal » à sa décision à intervenir, en ordonnant « sa publication dans plusieurs supports de presse ».

Plusieurs tiennent à égrener les noms de leurs clients, « parce que ce n’est pas un dossier, ce sont pas des listes. Ce sont des gens ». En réparation de...

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